• Birmanie: Cameron et Suu Kyi préconisent de suspendre les sanctions

     

    La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi y a remporté 43 sièges sur les 44 qu'elle briguait, devenant la première force d'opposition du pays avec quelque 10% des députés. Un an et demi auparavant, elle avait boycotté les élections controversées de novembre 2010.

    La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi y a remporté 43 sièges sur les 44 qu'elle briguait, devenant la première force d'opposition du pays avec quelque 10% des députés. Un an et demi auparavant, elle avait boycotté les élections controversées de novembre 2010.

    Le Premier ministre britannique David Cameron, en visite en Birmanie, a proposé vendredi de suspendre les sanctions contre le régime pour soutenir ses réformes, recevant le soutien en ce sens, pour la première fois, de la chef de file de l'opposition Aung San Suu Kyi.

    M. Cameron, premier chef de gouvernement occidental à se rendre dans le pays asiatique depuis le coup d'Etat militaire de 1962, a rencontré le président Thein Sein à Naypyidaw, puis la lauréate du prix Nobel de la paix à Rangoun.

    Et il a apporté un soutien fort mais calculé aux réformateurs birmans.

    "Il est bon de suspendre les sanctions contre la Birmanie, de les suspendre, pas de les lever", a-t-il déclaré, soulignant que l'embargo sur les armes ne devait pas être concerné.

    "Il est important d'envoyer un signal que nous voulons aider les changements qui peuvent apporter un accroissement de la liberté, des droits de l'Homme et de la démocratie dans votre pays".

    "Evidemment, nous devons répondre avec prudence, avec attention. Nous devons toujours rester sceptiques (...) parce que nous voulons savoir que ces changements sont irréversibles".

    "Pour le bien d'un pays qui a réclamé la liberté après des décennies de dictature, et qui réclame une économie plus forte après tant de pauvreté, cela vaut la peine de prendre ce risque", a encore déclaré M. Cameron.

    Le Premier ministre britannique a loué l'action de Mme Suu Kyi, qui selon lui est une "inspiration", et l'a invitée à se rendre en visite en Grande-Bretagne en juin. L'opposante a répondu qu'elle pourrait "peut-être" prendre en considération cette invitation à présent que les craintes qu'elle soit ensuite empêchée par les autorités de rentrer en Birmanie se sont atténuées.

    Debout à ses côtés sur le perron de sa maison familiale, Mme Suu Kyi, dont les analystes estiment qu'elle conserve une immense influence en Occident, a appuyé la méthode de son interlocuteur, après avoir jusqu'à présent plaidé pour le maintien des sanctions.

    "Je soutiens l'idée de la suspension des sanctions plutôt que leur levée", a-t-elle expliqué, en se déclarant "par nature, une optimiste prudente".

    "Nous avons encore un long chemin à parcourir mais nous pensons que nous y parviendrons", a-t-elle dit.

    La suspension des mesures restrictives, en place depuis la fin des années 90, permettra selon elle d'envoyer aux conservateurs le message clair "que s'ils se mettent en travers des réformateurs, les sanctions pourraient revenir".

    Quelques heures auparavant, David Cameron avait rencontré le président et ancien général Thein Sein, crédité dans le monde entier de l'impulsion réformatrice qui a saisi le pays depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, après l'auto-dissolution de la junte.

    "Nous sommes encouragés et heureux de la reconnaissance que vous avez faite des efforts pour promouvoir la démocratie et les droits de l'Homme en Birmanie", a déclaré Thein Sein en accueillant son visiteur, représentant de l'ancienne puissance coloniale.

    De nombreuses personnalités occidentales se sont récemment succédé en Birmanie, notamment la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en décembre. Mais M. Cameron est le premier responsable de ce niveau à y venir depuis le putsch qui avait plongé le pays dans la dictature pour un demi-siècle.

    Depuis un an, le régime dit "civil" n'a cessé de surprendre: il a libéré de nombreux prisonniers politiques, ouvert des négociations avec les groupes ethniques rebelles puis organisé les élections partielles du 1er avril.

    La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi y a remporté 43 sièges sur les 44 qu'elle briguait, devenant la première force d'opposition du pays avec quelque 10% des députés. Un an et demi auparavant, elle avait boycotté les élections controversées de novembre 2010.

    Le processus a été unanimement salué par la communauté internationale.

    Mais M. Cameron a appelé à la poursuite des efforts, réclamant une "solution politique" aux conflits ethniques dans les mois et années à venir, et portant déjà son regard vers les "élections législatives de 2015", le prochain grand rendez-vous de la démocratie birmane.

    Les Etats-Unis se sont déjà engagés à "alléger" les restrictions sur les investissements et à nommer rapidement un ambassadeur. Un geste réclamé jeudi par les ministres des Affaires étrangères du G8, "afin d'aider à ancrer les réformes de ce pays et à faire en sorte qu'il s'intègre dans les processus politiques régionaux et internationaux".

    Quant à l'Union européenne, une décision formelle est attendue le 23 avril à Luxembourg, au terme d'une réunion des ministres des Affaires étrangères. Le jour même où Mme Suu Kyi siégera au parlement pour la première fois.


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