• Blasphème et sexe en une : l'esprit Charlie Hebdo est toujours là !

    Blasphème et sexe en une : l'esprit Charlie Hebdo

    est toujours là !

    <figure class="fig-photo"> Les sémiologues et spécialistes des médias, Dominique Wolton et Jean-Didier Urbain, ont analysé pour <i>Le Figaro </i>la couverture de <i>Charlie Hebdo</i> sorti ce matin <i></i>. Pour eux, elle ne déroge pas à la ligne éditoriale. <i/> <figcaption class="fig-media-legende" itemprop="description">

     

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    Les sémiologues et spécialistes des médias, Dominique Wolton et Jean-Didier Urbain, ont analysé pour Le Figaro la couverture du journal satirique sorti ce matin. Pour eux, elle ne déroge pas à la ligne éditoriale de son titre.

     

    «Un numéro normal», voilà ce que souhaitait Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo pour le «journal des survivants». La couverture est une représentation de Mahomet. Selon Dominique Wolton, sociologue des médias, trois buts s'en dégagent. Le premier vise à «montrer l'attachement et la fidélité aux valeurs qui ont fait Charlie Hebdo, notamment le droit à la caricature des prophètes».

    Le second vise à décrédibiliser les auteurs des massacres perpétrés disaient-ils, au nom de l'islam. En représentant Mahomet comme défenseur de la liberté de la presse et de la liberté d'expression grâce au panneau qu'il tient dans ses mains, «les fanatiques et les terroristes sont désavoués». Enfin, le dernier élément majeur de la caricature est un «clin d'œil fait aux trois religions monothéistes» (Christianisme, Islam, Judaïsme) en utilisant l'expression «Tout est pardonné». Une des valeurs communes de ces trois religions, le pardon, est détourné et intégré dans un contexte laïc.

    Malgré la caricature de Mahomet qui divise habituellement les Français, tous ont fait la queue dans l'espoir d'obtenir l'un des précieux exemplaires. Et pourtant. «Plus de Charlie Hebdo». Le panneau a envahi peu à peu les points presse et les kiosques à journaux. Si cette nouvelle n'est pas surprenante, la vitesse avec laquelle tous les numéros se sont écoulés l'est. À 10h04, l'information tombait. «Tous les Charlie Hebdo distribués ont été vendus». La représentation du prophète qui divisait hier, est aujourd'hui majoritairement défendue parce qu'elle s'inscrit dans le symbole qu'est devenu Charlie: celui de la liberté d'expression.

    C'est ce qu'explique le sociologue: «Le message délivré est propre à Charlie Hebdo. Empreint de convictions et de l'esprit voltairien défendu lors des récentes manifestations ce dimanche, qui dit halte à la religion, qui dicte sa loi dans le contexte politique, qui soutient l'école laïque, qui revendique la liberté d'expression et qui dit non à la censure. Je pense que la caricature sera bien reçue.»

    Pour Dominique Wolton, Charlie divise par ses propos, mais rassemble dans ses engagements: «Même si tout le monde ne partage pas les valeurs de Charlie Hebdo, le magazine représente le droit à la liberté d'expression dans son ensemble». Il développe cette idée en racontant sa véritable histoire: «Charlie Hebdo n'a jamais été un journal très apprécié, il a toujours divisé, ce n'était pas un journal très populaire. Malgré cela il y a eu 4 millions de personnes dans la rue. Un mouvement de solidarité que n'aurait jamais soulevé un autre journal. Le journal appartenait certes à une opinion minoritaire mais ce qu'il y a de plus marginal devient symbolique pour toute la liberté d'expression. Il n'y a pas de hiérarchie dans la liberté d'expression.»

    Cette liberté va également être protégée par les imams. «J'ai aussi entendu plusieurs imams qui disent qu'en tant qu'hommes religieux, ils interdisent à leurs fidèles de représenter Mahomet, mais ils ne veulent pas l'interdire aux personnes qui n'appartiennent pas à leur confession». Et ce, au nom de la liberté d'expression. Dans le domaine religieux, le blasphème est interdit, mais dans le contexte laïc et de défense de la liberté d'expression, il n'a pas à être interdit à leurs yeux.

    <figure class="fig-photo fig-media-full" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Un imam australien pose avec la couverture de <i>Charlie Hebdo</i>. Il défend la liberté d'expression.<figcaption class="fig-media-legende">

     

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    Pour le sémiologue Jean-Didier Urbain, l'esprit Charlie n'est pas mort, bien au contraire. En témoigne, le phallus caché en une. «On connaît depuis longtemps les astuces des caricaturistes et des peintres qui produisent une image dans l'image, cette seconde image ne se lit qu'au prix d'une certaine manœuvre ou manipulation. Par exemple le fait de retourner l'image. Ici ce n'est plus la tête du prophète qui apparaît à l'envers mais un phallus, le turban étant l'équivalent des testicules et le visage allongé du poète devient une verge.» Coïncidence? Maladresse? Il en doute.

    «C'est une sorte de pied-de-nez caché, cela peut être involontaire mais ici cela m'étonnerait, c'est tellement l'esprit de Charlie! Ça fait partie de son message profond: dénoncer des interdits, ce qui a rapport à la sexualité par exemple. Le rôle de Charlie étant un rôle iconoclaste: représenter des choses interdites en plus de casser des images. Montrer qu'une image en cache une autre, faire une critique, une satire…»

    La caricature étant déjà provoquante par rapport à certaines représentations religieuses, le lecteur non aguerri n'y a pas cherché pas une seconde lecture. Voilà de quoi l'initier à Charlie! Malgré tout, la couverture affiche également un message de paix en utilisant massivement la couleur verte. «Si c'est la couleur de l'identité arabe, c'est aussi celle de la nature, de la fertilité, de l'espérance. Cela participe à la volonté consensuelle de l'image: nous sommes tous unis sur le même front d'espérance».


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