• Bras de fer à l'ONU : condamner Damas sans contrarier Moscou

    Bras de fer à l'ONU : condamner Damas sans contrarier Moscou

    LEMONDE.FR avec AFP | 04.02.12 | 13h45   •  Mis à jour le 04.02.12 | 17h47

     

     

    Hillary Clinton et Sergueï Lavrov, samedi 4 février à Munich.

    Hillary Clinton et Sergueï Lavrov, samedi 4 février à Munich.REUTERS/MICHAELA REHLE

    Alors que l'ONU doit examiner une nouvelle résolution concernant la situation dramatique en Syrie, samedi 4 février, plusieurs pays occidentaux ont eu des mots très durs contre le régime de Bachar Al-Assad, au lendemain d'une attaque militaire sur la ville de Homs où plus de 200 personnes, dont une centaine de femmes et d'enfants, ont été tuées.

    La France a  accusé Damas d'avoir "franchi un pas supplémentaire dans la sauvagerie", la Grande-Bretagne a fustigé "le cynisme sans pitié du président Assad" alors que le président américain Barack Obama a accusé Damas d'avoir "assassiné" des civils, évoquant des "attaques abominables" et exigeant le départ de Bachar Al-Assad. "Ceux qui freineraient l'adoption d'une telle résolution prendraient une lourde responsabilité devant l'histoire", a prévenu le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, jugeant que "le massacre de Homs est un crime contre l'humanité" et que "ses auteurs devront en répondre".

    Paris, Londres et Washington plaident pour un vote dès samedi sur cette résolution, calquée sur les décisions prises par la Ligue arabe, demandant notamment le départ immédiat de Bachar Al-Assad. La dernière version du texte contient plusieurs concessions à la Russie, qui menace de bloquer le vote avec son veto de membre permanent du Conseil de sécurité : il n'évoque pas des sanctions économiques ni les ventes d'armes russes à Damas et souligne qu'il faut résoudre la crise en Syrie "de manière pacifique", afin de dissiper toute analogie avec l'affaire libyenne.

    >> Lire notre éclairage Le Conseil de sécurité votera samedi un nouveau projet de résolution

    LA RUSSIE VEUT "TROUVER UNE ISSUE POLITIQUE

    Moscou, qui s'oppose à toute résolution de l'ONU demandant le départ préalable de Bachar Al-Assad, semble miser sur un report du vote. Son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre, mardi en Syrie, pour rencontrer le président syrien afin de "trouver une issue politique au conflit".

    Selon des diplomates cités par l'AFP, la Russie a tenté dans les dernières heures d'affaiblir encore la portée du texte examiné à l'ONU par des modifications de vocabulaire, en minimisant les exactions du régime syrien ou le soutien du Conseil aux décisions de la Ligue arabe. Des demandes "inacceptables" pour les Etats-Unis.

    M. Lavrov a rappelé dans la matinée que le projet de résolution ne convenait "absolument pas" à la Russie dans un entretien à la télévision russe Rossia. "Si (les Etats-Unis) veulent encore un scandale au Conseil de sécurité, on ne peut pas les arrêter", a-t-il ajouté, interrogé sur l'éventualité d'un vote sur la situation en Syrie. M. Lavrov, qui s'est entretenu, samedi, avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, "ne conteste pas l'urgence de la situation", a précisé la responsable américaine.

    Pour M. Lavrov, il est essentiel que la résolution "fasse pression non seulement sur le gouvernement syrien... mais aussi sur les groupes armés", qui "créent le désordre". "Il ne faudra pas fixer des conditions préalables et des objectifs en amont", a-t-il précisé

    LA TUNISIE VA EXPULSER L'AMBASSADEUR SYRIEN

    "Nous attendons que le Conseil de sécurité [de l'ONU] adopte une position claire et nette au sujet des pertes civils" en Syrie, a déclaré de son côté le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu à des journalistes turcs en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, rapporte l'agence Anatolie.

    Les incidents survenus à Homs "sont une grande source d'inquiètude pour nous (...) d'autant plus que ces événements sont devenus une routine" en Syrie, a indiqué le ministre turc dont le pays a rompu avec son ancien allié syrien. M. Davutoglu a estimé que si le Conseil de sécurité échouait de nouveau à adopter une résolution sur la Syrie, cette situation pouvait "donner à la Syrie le message erroné que les violences peuvent perdurer".

    La Tunisie a également pris position, samedi, annonçant qu'elle ne reconnaissait plus le gouvernement du président Bachar Al-Assad comme l'autorité légitime en Syrie. Dans la foulée, les autorités tunisiennes a annoncé l'expulsion de l'ambassadeur syrien à Tunis.

     

    La contestation en Syrie

    Devant l'ambassade syrienne à Tunis, samedi 4 février. Les faits En Libye, l'opposition syrienne prend le contrôle de l'ambassade


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