Quelque 500 personnes ont été secourues vendredi par hélicoptères et véhicules tout terrain du village brésilien englouti la veille par une gigantesque coulée de déchets miniers, tandis que des familles cherchaient désespérément des proches disparus.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a annoncé l’état d’urgence dans la région de Bento Rodrigues (sud-est), un village de 620 habitants totalement ravagé par la coulée de déchets libérée dans la vallée après la rupture d’un barrage minier de la compagnie Samarco.

Transmettant sa solidarité avec les familles des victimes, Mme Rousseff a exigé une «enquête rigoureuse sur les causes et responsabilités» de cet accident qui a fait au moins 17 morts, selon un commandant local des pompiers.

Dévasté par une gigantesque coulée de boue de 60 millions de tonnes de déchets de minerai de fer, Bento Rodrigues ressemblait à une ville fantôme immergée dans une boue ocre, selon les images prises d’hélicoptère par l’AFP.

La coulée a emporté sur son passage des maisons entières, des camions. Une voiture reposait en équilibre sur le reste d’un toit.

Les 500 personnes secourues dans la journée ont été décontaminées avec des bains d’eau et de savon ont expliqué les pompiers.

L’accident s’est produit jeudi après-midi dans l’Etat de Minas Gérais (sud-est), à une vingtaine de kilomètres de la ville coloniale de Mariana fondée en 1696 par les Portugais.

 

- «Un bruit horrible» -

«On a entendu un bruit horrible et on a vu la boue qui s’approchait. Nous sommes sortis en courant. C’est un miracle que nous soyons en vie», a déclaré à l’AFP, les larmes aux yeux, Valeria de Souza, 20 ans, en descendant du bus au gymnase de Mariana où sont réfugiés plus de 150 sinistrés de Bento Rodrigues.

«Nous avons vécu un vrai film d’horreur. Les gens ont commencé à courir, criaient que c’était la fin du monde et l’eau arrivait de tous les côtés», a raconté un survivant au site d’information G1.

«Il y avait 17 morts jeudi soir mais d’autres corps ont été trouvés vendredi. A cause des familles, qui ne sont pas toutes au courant, nous ne donnons pas encore le nouveau bilan. Il faut attendre», a assuré à l’AFP Adao Severino Junior, commandant des pompiers de Mariana.

Officiellement, les autorités locales font été d’un bilan bien moindre. Le maire de Mariana, Duarte Junior a parlé à l’AFP d'«un mort qui a eu une crise cardiaque». Et «14 personnes qui travaillaient sur les lieux de l’accident sont portées disparues», a -t-il ajouté.

La coulée de boue s’est propagée jusqu’à 60 kilomètres du barrage effondré, frappant à son tour la localité de Barra Longa.

- «Dégats environnementaux énormes» -

«La place principale est submergée par la boue. De nombreux habitants ont dû abandonner leur maison mais il n’y a pas eu de morts. Les seuls dommages sont matériels et écologiques», a déclaré à l’AFP Greison Anderson Souza, un employé municipal de Barra Longa.

La catastrophe a provoqué «des dégâts environnementaux énormes», selon Carlos Ferreira Pinto, du parquet de l’État Minas Gérais.

La coulée de boue s’est jetée dans plusieurs rivières et cours d’eau, a ravagé des zones de préservation de forêt atlantique. Elle continue d’avancer et a atteint le bassin de rivière Rio Doce, où sont située une dizaine de petites villes, a-t-il expliqué.

La société minière Samarco a assuré que les boues déversées ne sont «pas toxiques», alors que le syndicat des mineurs affirme le contraire.

Germano Silvo Lopes, un responsable de cette compagnie détenue à part égales par les groupes brésilien Vale et australien BHP Billiton, a affirmé qu'«aucune anomalie n’avait été détectée une heure avant le drame. Il a expliqué qu’une équipe d’inspection s’était rendu sur place après avoir ressenti un «tremblement».

Quatre secousses sismiques de faibles intensité ont été enregistrées jeudi dans la région avant l’accident, selon l’Observatoire sismologique de Brasilia. Mais rien ne permet d’affirmer à ce stade qu’elles auraient provoqué la rupture du barrage, qui faisait par ailleurs l’objet de travaux d’agrandissement et avait été inspecté en juillet dernier.

AFP