• Cannes, ses 4 000 journalistes et ses "50 millions de films français"

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    L'actu du Festival de Cannes 2013
     
     

    Cannes, ses 4 000 journalistes et

    ses "50 millions de films français"

    À la veille du coup d’envoi du 66e Festival de Cannes, le tapis rouge qui habille les célèbres marches pendant la quinzaine n’a toujours pas été déroulé. En cette journée ensoleillée, qui, dit-on sur la Croisette, sera la dernière de la semaine, l’agitation est de toute façon ailleurs.

     

    En attendant le défilé de stars qui débutera mercredi soir avec "Gatsby le magnifique" de Baz Luhrmann, présenté hors compétition, tout ce que l’international du cinéma compte de critiques, chroniqueurs, reporters et photographes se pressent au sous-sol du Palais des Festivals afin d’y récupérer leur accréditation, précieux sésame qu’ils arboreront autour du cou 12 jours durant.

     

     

     

    Dans ce Babylone du journalisme cinématographique se côtoient de vieilles connaissances claquant la bise, des blogueurs cinéphages piaffant d’impatience et des VIP de la critique internationale toisant leur monde, telle cette sommité du "New York Times", toute de lunettes noires chaussée, qui semble surjouer sa lassitude.

     

    Heureusement, tout le monde n’est pas aussi blasé. Avant de distribuer leurs bons et leurs mauvais points, certains critiques nous disent ce qu’ils attendent tout particulièrement de cette édition 2013 du festival des festivals de cinéma. "Tout", à en croire Mehdi Omaïs (photo ci-contre), critique sénégalais qui officie dans les éditions françaises de Metro et de MSN. "Je fais partie de ceux qui sont emballés par la compétition, assure-t-il. Il y a beaucoup de noms : James Gray, Roman Polanski , Nicolas Winding Refn , Abdellatif Kechiche... En fait, j’ai envie de voir tous les films en lice pour la Palme."

     

    "Un festival de seconde zone !"

     

    À l’autre extrémité de l’enthousiastomètre se trouve Helen Barlow, critique pour le site Internet de la chaîne d’information australienne SBS. "Je ne m’attends à rien d’exceptionnel parce que la sélection me paraît horrible. Cette année, Cannes a l’air d’un festival de seconde zone !, tranche-t-elle. Une mauvaise humeur que l’on imputera aux quelque 24 heures de vol séparant Sydney de la Côte d’Azur. Mais pas seulement…  "J’ai eu de très mauvais échos de ‘Only God forgives’ de Winding Refn [voir bande-annonce ci-dessous], et on m’a dit que ‘Inside Llewyn Davis’ était un film mineur des frères Coen." Et de conclure, chauvine : "Je trouve qu’il y a trop de films français alors qu’en ce moment le cinéma hexagonal est plutôt moribond. Je suis choquée par le fait qu’il n’y ait aucun film australien. Ils auraient pu en choisir au moins un plutôt que de sélectionner 50 millions de films français."

     

     

     

     

    Plus exactement six et non pas 50 millions, pour être précis. Il n’empêche, jamais depuis les années 1980 le cinéma français n’avait été aussi bien représenté en compétition. Aurait-on voulu chez les organisateurs donner un petit coup de pouce à un cinéma qui, depuis la furieuse tribune du producteur Vincent Maraval sur le salaire des acteurs français, enchaîne les polémiques ? Thierry Frémaux s’en défend.

     

    Pour le délégué général du Festival, la sélection cannoise n’est en fait que le reflet de la vitalité du septième art hexagonal. "Il est vrai que le cinéma français est très présent cette année, et si on regarde en détail, il l’est encore plus qu’on l’imagine, soutient-il à FRANCE 24. Notre pays compte de bons metteurs en scène et produit de beaux films qui sont de nature à être mis en valeur ici à Cannes, mais il possède aussi des professionnels et des producteurs qui aident le cinéma à l’étranger. Un nombre fou de films présents en sélection et au marché du film sont des co-productions françaises. Et les autres pays européens seraient bien inspirés d’en faire autant car quand on prend soin de son cinéma, comme aux États-Unis ou en Inde, dont on fête les 100 ans du cinéma, on en est récompensé. Il ne fait plus bon être cinéaste en Europe de l’Est, en Espagne ou en Italie car ce sont des pays en crise qui n’ont pas assez veillé sur leur cinéma. La France jouit d’un système qui permet de dire que le cinéma ne disparaîtra jamais."

     

    Pour le reste du monde

     

    Aux États-Unis non plus, pays dont les cinq longs métrages en lice cette année pour succéder à "Amour" de Michael Haneke figurent parmi les œuvres les plus attendues par la corporation. "Contrairement à l’an passé, les Américains en course sont des réalisateurs majeurs, se réjouit Glen Heather Jr. (photo ci-contre), critique de San Diego travaillant pour l’influent site Indiewire. Alexander Payne, James Gray, Jim Jarmusch, Steven Soderbergh et les frères Coen sont quand même quelques-uns des plus grands auteurs américains."

     

    Autre motif de satisfaction pour certains journalistes étrangers : l’inscription en compétition de "Grigris", dernier film du Tchadien Mahamat Saleh Haroun. "Le cinéma africain a du mal à se frayer un chemin vers les salles, il est donc important qu’une porte lui soit ouverte", se félicite Mehdi Omaïs, qui déplore toutefois certaines absences parmi les 20 films concourant pour la Palme d’or. "Dommage que ‘Le Congrès’ de l’Israélien Ari Folman, dont la ‘Valse avec Bachir’ avait été boudé par le jury en 2008, ne soit pas en compétition. Mais la grosse déception, cette année, c’est que ‘Nymphomaniac’ de Lars von Trier ne soit même pas présenté sur la Croisette. C’eut été tellement excitant qu’il soit au moins projeté en séance de minuit."

     

    Difficile donc de contenter tout le monde. Thierry Frémaux le sait qui assure pourtant vouloir parler au plus grand nombre. "Je peux aimer un film que je ne retiendrais pas pour Cannes et être mitigé pour l’un d’eux que je penserais cependant avoir sa place en compétition. Cela fait partie de Cannes. Nous n’établissons pas une sélection pour nous-mêmes mais pour le reste du monde."


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