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L'organisation ultra-radicale Etat islamique (EI) a revendiqué l'exécution par décapitation de l'otage américain Peter Kassig, en représailles à l'envoi de conseillers militaires américains en Irak, dans une vidéo mise en ligne dimanche 16 novembre dont l'authenticité a été confirmée par la Maison Blanche.
Sur ces images, on aperçoit parmi les bourreaux un homme à la barbe fournie, au bonnet noir et au treillis beige. Il pousse devant lui un otage et saisit un couteau. Cet homme pourrait être un jeune de 22 ans originaire de Normandie converti à l’islam. Que sait-on de lui ?
# Est-on sûr qu'il y a un Français parmi les bourreaux ?
Selon "Le Figaro", les services des renseignements français procéderaient depuis dimanche soir à des vérifications pour confirmer ou non la présence d'un Français parmi les combattants djihadistes présents sur la vidéo. La place Beauvau n'a ni confirmé, ni écarté cette hypothèse :
Des vérifications sont en cours, cela pourrait prendre plusieurs jours", indique-t-on.
# Qui pourrait être ce Français ?
Jean-Charles Brisard, spécialiste des questions de terrorisme, affirme au "Figaro" avoir reconnu "au moins" un Français sur la vidéo.
Il s'agit d'un jeune homme de 22-23 ans, originaire de Normandie, qui est parti en Syrie en août 2013", avance ce consultant international.
Ce combattant djihadiste avait témoigné sur BFMTV en juillet dernier. Son vrai prénom serait Maxime mais il se ferait appeler "Abou Abdallah Al Faransi", Al Faransi voulant dire "le Français" en arabe.
Sur BFMTV, le journaliste Julien Martin, qui a enquêté sur le jeune homme, est lui aussi catégorique, rapporte "Le Parisien". "Je l'ai reconnu, je suis quasiment certain qu'il s'agit de la même personne. J'ai également recueilli les témoignages de deux proches, sûrs eux-aussi qu'il s'agit de la même personne", précise-t-il.
Même son de cloche chez David Thomson, reporter à RFI et auteur du livre "Les Français jihadistes", qui assure sur Twitter qu'il s'agit bien d'Abou Abdallah Al Faransi sur la vidéo.
Il s'agit de Abu Abdallah al Faransi, Maxime de son vrai prénom, converti, originaire de Normandie
# Comment est-il devenu combattant de l'EI ?
Pour RTL, le jeune homme avait créé en 2010 une petite société de vente de pièces détachées sur internet. C’est justement sur le web qu’il aurait "découvert et appris [l’islam] grâce à des vidéos", comme il le raconte dans l’interview donnée à BFMTV via Skype.
Dans ce reportage, il explique s’être converti à l’islam à 17 ans, puis serait parti seul en Syrie, via la Turquie, avant d’être pris en charge à Raqqa, le fief de l’Etat islamique. Là, il aurait été en camp d'entraînement et aurait participé à des "opérations".
Les gens pensent tous qu'il y a une sorte de gourou qui met des choses dans la tête, en fait non, j'ai rencontré personne", explique-t-il à visage découvert face à la webcam.
Au moment de l’entretien, il confiait à BFMTV qu'il allait participer à une mission "spectaculaire" et qu'il était prêt à mourir en martyr. Car la mort, il "l'attend avec joie". "Quand on me dit 'untel est parti', ça fait plaisir, c'est l'objectif de chacun [...] C'est la plus grande récompense, c'est le martyr", livrait-il.
# Comment réagissent ses proches ?
RTL a interrogé plusieurs de ses proches dans la petite ville de Bosc-Roger-en-Roumois, à une demi-heure de Rouen. "Je suis très choqué. Je me demande comment on peut en arriver là, à cet âge-là", raconte Hugo, l’un de ses amis, après avoir visionné la vidéo.
"C'était quelqu'un de très gentil, de très joyeux. Quelqu'un qui était derrière ses copains", se souvient Geoffrey, un autre de ses amis qui l'a vu changer de religion sans penser qu'il s'était radicalisé.
Il a arrêté les cours au bout d'un moment. Il s'est converti petit à petit. Il allait à la mosquée, il faisait ses prières."
Une autre proche de Maxime, rencontrée par BFMTV après son départ pour la Syrie, se lamentait : "Il s'est laissé pousser la barbe, il a arrêté de boire de l'alcool, et tolérait moins ceux qui en buvaient à côté de lui, ce qui l'a isolé un peu, que ce soit dans sa famille, ou avec ses amis. Il a arrêté de faire la bise aux femmes, aussi. Pourquoi est-il parti là-bas ?"
# Y a-t-il un second Français parmi les bourreaux ?
Des doutes subsistent quant à la présence d'un deuxième Français parmi les bourreaux. "On évoque deux Français. Mais le second, je ne le connaissais pas personnellement", explique le spécialiste des questions islamistes Romain Caillet sur France Info. "Il y a une très forte présomption qu'il y a un, voire deux Français", a noté pour sa part auprès de BFMTV Jean-Charles Brisard.
# Combien de Français ont rejoint les rangs de l'EI ?
Fort de dizaines de milliers d'hommes dont un grand nombre d'Occidentaux, l'EI sème la terreur dans le "califat" qu'il a proclamé en juin sur les régions sous son contrôle. 368 Français combattraient en ce moment en Syrie ou en Irak, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur. Quelque 45 d'entre eux sont morts sur le terrain.
A.S.