Le mot d’ordre lancé par son parti – ni alliance avec le FN, ni désistement au profit du PS – lui importe peu. Céleste Lett, le député-maire (UMP) de Sarreguemines soutient, pour le second tour à Forbach (Moselle), le candidat PS, Laurent Kalinowski. Il se rendra même, ce jeudi soir, à son meeting. A Forbach, à une quinzaine de kilomètres de sa commune – qui a réélu Céleste Lett dimanche –, Florian Philippot, vice-président du Front national, est arrivé en tête au premier tour, avec 35,74% des voix. Il devance le maire sortant, le socialiste Kalinowski, à 33%. Deux autres listes étaient en mesure de se maintenir: celles du divers droite, Eric Diligent, et de l’UMP Alexandre Cassaro. Faute d’accord, l’élection se jouera dimanche dans le cadre d’une quadrangulaire, au risque de faciliter la victoire de Florian Philippot.

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Pour «faire barrage au Front national», Céleste Lett préfère donc appeler à voter pour le socialiste, second du premier tour, plutôt que de soutenir le candidat UMP, qui ne pourra guère rattraper son retard. Marine Le Pen, la patronne du FN, a cité cet exemple pour décréter «le ni-ni de l’UMP un peu bancal». Le député (UMP) répond qu’il ne partage pas la ligne fixée par le parti de Jean-François Copé, «qui revient à dire que le FN et le PS se valent : non, le FN n’est pas un parti comme les autres.»

A Forbach, un candidat UMP et un DVD sont toujours en lice pour le second tour. Pourquoi soutenir le maire qui est socialiste?

Le candidat (UMP) Alexandre Cassaro – dont j’aurais aimé qu’il arrive en tête au premier tour – n’a fait qu’un score limité, qui ne lui donne pas d’espoir de gagner dimanche prochain. Il ne sert à rien de le soutenir. Il vaut mieux appeler à un front «républicain» ou «citoyen», appelez-le comme vous voudrez, pour faire barrage au FN. Même si je ne suis pas du même parti que Laurent Kalinowski, il y a un intérêt supérieur qui est celui du territoire. Ce soir je serai à son meeting. Je suis peut-être atypique dans ma démarche mais je pense que c’est mon devoir.

Votre parti prône pourtant le «ni-ni» face au FN et à l’UMP…

Le «ni-ni» revient à dire que le FN et le PS se valent, je ne partage pas cette ligne: le FN n’est pas un parti comme les autres. Les consignes données à Paris ne viennent pas régler nos problèmes ici. Je n’ai pas de leçons à recevoir. Je m’en affranchis car dans les territoires, nous travaillons main dans la main avec d’autres maires.

Que représenterait une commune comme Forbach gagnée par le FN?

Nous parlons d’une ville dans un territoire fracassé par la fermeture des mines, qui souffre économiquement. Or le FN surfe sur ces difficultés, il trompe les électeurs. Entre nos deux villes, nous avons noué des partenariats culturels, une communauté hospitalière, etc. Il y a aussi une collaboration transfrontalière avec l’Allemagne: je crains que les idées antieuropéennes du Front national mettent à mal tout ce travail, si Florian Philippot l’emportait. A Sarreguemines, j’ai été élu au premier tour mais le Front national a recueilli 20% des voiX. J’ai peur que le FN gangrène la région, nous devons être vigilants.

Florian Philippot voit dans votre soutien la preuve d’un «système UMPS»…

L’UMP et le PS ont des valeurs communes que le FN ne partage pas: des valeurs européennes, qui sont importantes pour nous qui sommes à la frontière franco-allemande. Nous sommes sur un territoire qui, du fait du bassin houiller, a accueilli des populations italiennes, maghrébines, polonaises, qui se sont bien intégrées. Le FN, lui, est un parti qui affirme que les problèmes sont liés à l’étranger. Nous devons tous nous interroger sur la manière de ramener de notre côté cet électorat trompé par le Front national.

Recueilli par Laure Equy