• CGT-CFDT : fritures sur la ligne unitaire

    CGT-CFDT : fritures sur la ligne unitaire

    La fâcherie continue entre la CGT et la CFDT : pour la première fois depuis 2006, les deux confédérations ne défileront pas ensemble le 1er Mai pour célébrer la journée de solidarité internationale des travailleurs. Lors du congrès de la CGT, du 18 au 22 mars à Toulouse, la CFDT a été la cible privilégiée des congressistes.

    Eberlué, le secrétaire confédéral de la CFDT dépêché sur place en l'absence de tout responsable politique de sa centrale, François Branchu, a encaissé pendant cinq jours de violents discours contre son organisation accusée de tous les maux, de la compromission à  la trahison, pour avoir signé, le 11 janvier, avec le Medef, la CFTC et la CFE-CGC, un accord sur la sécurisation de l'emploi que la CGT combat pour empêcher sa transposition dans la loi.

    Après une première journée d'action contre cette transposition, le 5 mars avec Force ouvrière, qui est loin d'avoir été un succès, la CGT a programmé une nouvelle mobilisation le 9 avril. FO, qui entretemps a signé un accord de compétitivité chez Renault et le compromis sur les retraites complémentaires, a choisi la même date mais a appelé séparément à manifester.

    Une "mini-fracture" selon M. Lepaon

    La tonalité très anticédétiste du congrès de Toulouse n'a pas pour autant dissuadé le nouveau secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, de répéter qu'il n'y avait pas de "rupture" avec la CFDT mais seulement une "mini-fracture" à propos de l'accord sur l'emploi. Le 20 mars, lors d'un point de presse, avant même son élection, M. Lepaon, dont les propos apaisants sur sa partenaire syndicale n'avait suscité, lors de son discours, aucune réaction de la salle, ne cachait pas son optimisme unitaire. "Un 1er Mai unitaire est possible", assurait-il notant, à rebours de la tonalité des interventions, qu'"il y a une volonté d'unité qui s'exprime".  Les votes des congressistes lui ont donné raison : le rapport d'orientation pour les trois ans à venir, qui prône toujours le "syndicalisme rassemblé" et la recherche de l'unité avec la CFDT, a été approuvé à 85,1%.

    Vendredi 18 mars, en clôturant le congrès de la CGT, M. Lepaon a assuré que le chemin du syndicalisme rassemblé "a toujours été difficile, mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il nous faut y renoncer". Il était ainsi au diapason avec un de ses prédécesseurs, Louis Viannet, le "père" du syndicalisme rassemblé, qui confiait que "ce n'est pas parce qu'il y a une difficulté qu'il faut renoncer". Sans susciter de réactions dans l'assistance, M. Lepaon a donc de nouveau plaidé contre la division syndicale : "La recherche de l'unité des salariés et de leurs syndicats doit être permanente. L'unité n'est pas un détour tactique, elle est la condition irremplaçable pour que les salariés affirment toute leur place dans la société."

    La CFDT refuse la main tendue

    Des propos qui ont laissé de marbre Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT a refusé la main tendue par son homologue. "Nos militants, a-t-il déclaré mardi 26 mars sur RTL, ne veulent pas se faire insulter une semaine et aller manifester avec la CGT  une autre semaine. Quand on se fait traiter de ''traître'', de ''collabo'', de ''renégat'', je considère que ce sont des insultes." En conséquence, "la CFDT n'ira pas manifester avec la CGT".

    Pour autant le leader de la CFDT n'entend pas jouer la carte de la rupture durable. "Nous vivons une période de tension, a-t-il ajouté, mais je ne souhaite pas qu'elle dure. Je souhaite qu'on s'explique avec Thierry Lepaon." La rencontre, non programmée,  s'annonce houleuse. Mais le climat devrait se détendre après le débat, en avril, sur le projet de loi visant à transposer l'accord sur l'emploi. Les deux confédérations, qui se disputent la première place, ont trop besoin l'une de l'autre pour rester durablement fâchées.


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