• Charte de la laïcité de Vincent Peillon

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    Charte de la laïcité de Vincent Peillon : merci à la gauche de prendre ses responsabilités

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    <time class="date-post" datetime="2013-09-09T20:19:56" itemprop="dateModified">Publié le 09-09-2013 à 16h26 - Modifié le 09-09-2013 à 20h19</time>   lien

    Avatar de Yves Delahaie

    Par 
    Ex-MoDem, prof, auteur

    LE PLUS. Vincent Peillon a dévoilé sa "charte de la laïcité". À partir de ce lundi, ce texte va rappeler dans chaque établissement scolaire public les règles de laïcité à respecter. Si cette démarche voulue par le ministre de l'Éducation laisse de côté des sujets controversés, comme les menus dans les cantines, elle a le mérite de clarifier la situation, explique Yves Delahaie, professeur de Lettres Modernes dans un collège.

    Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par Maxime Bellec

    Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, à Paris, le 6/09/13 (BISSON/SIPA) 

     

    Une semaine après une rentrée davantage placée par sous le signe d’une photo malheureuse que sous celui pourtant espéré de la clarté d’une réforme spectrale, Vincent Peillon tente de revenir sous les feux des projecteurs en proposant la charte de la laïcité pour les établissements scolaires publics.

     

    Composée de 15 points, elle vise à rappeler la loi dans les écoles, collèges et lycées dits publics, régis sous les principes laïques. Si la charte ne réinvente, ni n’amende ces dits principes, elle a au moins l’avantage d’expliquer, de la décliner et surtout dans l’inscrire dans le quotidien des élèves.

     

    Une loi qui clarifie les choses 

     

    Ainsi, l’article 6 rappelle que la laïcité protège les élèves "de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix". Le neuvième insiste quant à lui sur l’égalité, pilier central de notre République qui répond à la portion congrue réservée notamment à la femme uniformément dans les trois religions monothéistes, en autres :

     

    "La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l'égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l'autre."

     

    Rappelant également la neutralité inhérente aux personnels des établissements, tant religieuse que politique d’ailleurs (de quoi, a priori, faire taire certains à droite, convaincus que le corps enseignant serait rouge vif…), elle évoque clairement l’impossibilité de refuser un enseignement en prenant la religion comme prétexte :

     

    "Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l'ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu'à l'étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n'est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme."

     

    Enfin, la charte rappelle la loi de 2004, selon laquelle "le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit."

     

    Rien de nouveau en République se lamenteront certains. À tort.

     

    Car si l’on peut reprocher quantité de choses à Vincent Peillon, ou plus exactement si on peut lui reprocher l’absence de choses, force est de constater que cette loi apporte un peu de clair dans l’obscur. Et ce à plus d’un titre.

     

    Les cas de non respect de la laïcité existent

     

    Tout d’abord, rappeler la charte de la laïcité et surtout la décliner afin d’en faire la pédagogie aux élèves n’est jamais vain. S’il ne faut absolument pas fantasmer le nombre de port de voile dans les établissements scolaires, les polémiques au sujet des viandes non (con)sacrées à l’une ou l’autre religion ou encore les refus de certains enseignements comme l’EPS ou la théorie de Darwin en SVT, ces cas existent. Et leur seule présence suffit à montrer que certains, avec le temps, n’ont pas compris qu’à l’école de la République, gratuite et laïque, certains principes n’étaient pas négociables.

     

    Le rapport Obin, datant de 2004, listait déjà quelques cas pratiques en prenant bien le soin de rappeler qu’ils étaient ultra minoritaires et qu’ils n’avaient pas vocation à montrer une réalité représentative (ce que certains n’ont pas compris, à l’image de l’auto-proclamé Sage de la laïcité, Jean Baubérot). On y voyait ainsi des familles évangélistes refuser l’enseignement de la théorie de l’évolution, des juifs orthodoxes refuser le sapin de noël, ou encore des familles musulmanes refuser la séance piscine pour leurs jeunes filles.

     

    Certains le font par pure provocation. D’autres sans réellement savoir qu’ils ne sont pas en droit de le faire. Encore plus marginaux et infinitésimaux sont ceux qui veulent défier la République.

     

    Qu’importe en réalité le nombre qu’ils représentent, même s’il ne fait aucun doute qu’ils représentent une minorité à peine quantifiable en pourcentage. Ce n’est pas le nombre qui aggrave l’infraction à un principe ou qui lui accorde son importance. Surtout dans un pays où les familles sont parfaitement libres, si elles le souhaitent, de faire prévaloir leur croyance et leur religion pour inscrire leur progéniture dans un établissement confessionnel.

     

    Non, la laïcité n'est pas un principe négociable

     

    La laïcité n’est pas une obligation pour apprendre dans une école : elle ne l’est que dans celle qui est publique. Il n’y a donc aucune entrave à la liberté, n’en déplaise à ceux qui le prétendent, notamment le CCIF, le Collectif contre l’islamophobie en France qui ne cesse de répéter à grands coups de rapport que la loi de 2004 est contraire aux droits de l’Homme et la liberté de pratiquer, évoquant même une loi aux "effets pervers".

     

    Mais il est une autre obscurité qui vient de s’estomper pour laisser place à davantage de clarté. Car cette charte sur la laïcité n’est pas une charte comme les autres quand elle émane d’un ministre de gauche, elle que l’on a souvent accusée de reculer sur ce chapitre, redoutant d’être accusé de jouer la partition du Front national ou encore de charrier les sillons de la droite. Et c’est avec les deux mains qu’il faut applaudir quand cette gauche, explique avec fermeté mais pédagogie, que la laïcité n’est pas un principe négociable, que l’on adapte en fonction des origines ou des convictions de chacun.

     

    Contrairement aux légendes et fables prodiguées par ceux qui la travestissent pour mieux la subvertir, le principe de la laïcité n’a rien d’une ouverture, d’une générosité. Il est historiquement une page tournée, la fin de la domination de l’église sur nos terres et l’affirmation de la suprématie de la République. La foi qui s’incline devant la loi, et César qui reprend son droit. Avec la contrepartie naturelle et fidèle au premier pilier de notre République, de pouvoir librement pratiquer sans que cette dernière n’ait un droit de regard sur ces convictions.

     

    Une étape importante pour la gauche

     

    François Hollande avait promis d’inscrire dans la Constitution la loi de 1905 sur la laïcité. Il ne semble pas particulièrement pressé de le faire, surtout maintenant que douze mois de débat tumultueux sur le mariage pour tous, avec un acharnement démesuré des opposants, en grande partie instrumentalisés et organisés par les réseaux de l’église ou de la pensée catholique, ont secoué notre pays.

     

    Aussi cette charte de la laïcité, loin de montrer un renoncement sur la question, marque une étape importante alors que c’est à chaque fois la droite qui avait marqué des points sur cette épineuse question, Bayrou, alors ministre du gouvernement Juppé ayant signé en 1995 une circulaire pour clore définitivement les polémiques nées de l’affaire du tchador de Creil, et Jacques Chirac faisant voter la loi de 2004 sur les signes ostentatoires dans les établissement scolaires.

     

    Voir la gauche prendre ses responsabilités sur la question de la laïcité est donc une réponse ferme et définitive à ceux qui pouvaient douter de son bon jugement sur la question.

     

    Malheureusement, la clarté de cette charte n’éclairera pas davantage l’autre obscurité qui assombrit notre école républicaine. Tout aussi nécessaire et pertinente qu’elle soit, elle n’efface pas les manquements considérables d’une réforme, "ni fait ni à faire", qui a vendu la création de postes et un retour en arrière sur les rythmes scolaires pour une solution à nos carences récurrentes. Et en la matière un peu de clarté n'y suffira pas, quand les lumières, nos Lumières, s’éteignent jour après jour...

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