• Cholestérol : "7 millions de Français prennent un traitement pour rien !"

    Le Point.fr - Publié le <time datetime="2013-02-16T14:33" itemprop="datePublished" pubdate=""> 16/02/2013 à 14:33</time> - Modifié le <time datetime="2013-02-16T16:27" itemprop="dateModified"> 16/02/2013 à 16:27  </time>
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    Le Dr Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur, alerte depuis plus de dix ans sur le mauvais procès fait au cholestérol et les dangers des médicaments anti-cholestérol.

    Cholestérol : "7 millions de Français prennent un traitement pour rien !"

    © AFP

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    Cardiologue et chercheur au département des sciences de la vie du CNRS et à la faculté de médecine de Grenoble, le Dr Michel de Lorgeril est le promoteur de la diète méditerranéenne et l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Cholestérol, mensonges et propagande ou Prévenir l'infarctus et l'AVC (Éd. Thierry Souccar).

     

    Le Point.fr : Le cholestérol ne serait donc pas dangereux ?

    Dr Michel de Lorgeril : Au contraire ! Il est à l'origine d'un nombre incalculable de fonctions. Il est indispensable au bon fonctionnement des cellules, des muscles, des neurones, du coeur, du cerveau et de la digestion. Sans lui, aucune communication entre les cellules ne serait possible, et il est à l'origine des hormones sexuelles, de celles du stress, de la reproduction, ainsi que de la très précieuse vitamine D. Le perturber avec des médicaments, c'est vraiment jouer à l'apprenti sorcier.

    Pourtant, on parle du mauvais cholestérol...

    Il n'y a pas de cholestérol bon ou mauvais, c'est un mythe. Ce qui est mesuré, ce n'est pas le cholestérol mais ses transporteurs : les lipoprotéines ou LDL (qu'on désigne comme mauvais cholestérol) transportent le cholestérol du foie, où il est fabriqué, vers les tissus qui en ont besoin, et les HDL transportent les excédents des tissus vers le foie. C'est tout.

    Il ne serait pas responsable des accidents cardiovasculaires, comme on le dit ?

    Il peut être seulement un médiocre marqueur de risques, d'un mode de vie néfaste. Pour connaître les risques cardiovasculaires, il vaudrait mieux interroger les gens pour savoir comment ils vivent vraiment et, entre autres gestes de médecine générale, examiner consciencieusement chaque artère par la palpation et le stéthoscope.

    D'après, vous le cholestérol ne bouche pas les artères...

    Tous les cardiologues savent qu'un infarctus du myocarde est dû à une occlusion artérielle aiguë, elle-même toujours causée par la formation d'un caillot de sang. Or, on connaît bien le processus biologique qui conduit à ce phénomène : plaquettes sanguines, fibrinolyse, coagulation du sang... Cela n'a rien à voir avec le cholestérol ! On a aussi accusé le cholestérol d'être responsable de l'altération lente et progressive de l'artère (athérosclérose). Cela est faux, car, dans ce dernier cas, le cholestérol est présent au maximum à 10 %.

    Donc, prendre des anti-cholestérol ne servirait à rien ?

    Prendre une statine, la principale classe d'anti-cholestérol, n'améliore l'espérance de vie de personne. Aujourd'hui, les recommandations officielles sont dépassées car fondées sur des études très anciennes. Le discours classique incite toujours à prescrire des statines après un infarctus du myocarde. Pourtant, toutes les études scientifiques récentes (et donc soumises à des critères plus exigeants), depuis 2005-2008, n'ont jamais pu vérifier cette hypothèse. Il serait urgent de rediscuter de toutes ces recommandations officielles. Malheureusement, ces dernières sont écrites lors de réunions de consensus, majoritairement financées par l'industrie pharmaceutique, comme d'habitude. Personne n'a donc intérêt à revenir sur des recommandations qui datent de plus de 15 ans. Enfin, plus grave, 90 % des prescriptions sont destinées à des personnes qui n'ont jamais eu d'infarctus et donc à des bien-portants ! On imagine le marché....

    Combien de personnes sont concernées par les traitements ?

    En France, environ 7 millions de personnes consomment plus ou moins régulièrement des statines, soit 1,5 milliard d'euros de dépenses pour l'Assurance maladie ! Avec les effets secondaires que l'on connaît. Les patients peinent à faire entendre leurs plaintes de douleurs musculaires ou de problèmes de mémoire, et les médecins les encouragent à reprendre le traitement pour "sauver leur vie" ! Pourtant, les douleurs musculaires sont un effet bien connu des statines : 15 à 50 % des patients seraient concernés. Les médecins n'osent pas arrêter le traitement, de crainte d'être poursuivis car cela ne rentre pas dans la ligne des recommandations officielles.

    Outre qu'elles sont inutiles, vous dites des statines qu'elles sont dangereuses...

    Absolument. Malgré les arguments du marketing, les statines n'ont aucun bon effet, à part celui de baisser le taux de cholestérol, ce qui, en réalité, ne protège nullement le coeur. Elles pourraient être éventuellement utiles pour certaines pathologies extrêmement rarissimes, et encore... En revanche, à forte ou à moyenne dose, on augmente les risques de cancer, de troubles sexuels, de diabètes, des risques également oculaires, cognitifs, voire psychiatriques, et on empoisonne les muscles. Concernant les cancers, les données scientifiques commencent à devenir solides et inquiétantes.

    Quelle est la solution?

    Il faudrait revoir toutes les recommandations officielles, mais, évidemment, on essaie de résoudre ce problème tout en préservant le business. Les États et les autorités sanitaires ne veulent surtout pas un mouvement de panique. Les statines sont le plus gros marché du médicament mondial. Imaginez 30 millions d'Américains qui ont pris des statines pendant X années, à qui on annonce un beau matin qu'on a augmenté de 50 % leur risque d'avoir un cancer, alors que les données existent depuis 10 ans... Le genre de scandale qu'on essaie d'éviter.

    Que conseillez-vous donc aux gens qui ont du cholestérol ?
    Il peut être un marqueur, même très peu fiable, d'un risque cardiovasculaire, mais ce sont surtout nos habitudes de vie qui sont en cause : comme le tabac, la sédentarité, une mauvaise gestion du stress et l'alimentation. Ces quatre facteurs sont extrêmement importants, surtout l'alimentation. Il faut tout simplement privilégier une diète méditerranéenne, c'est-à-dire avec peu de crème, de viande, de beurre et en privilégiant des aliments de qualité, sans pesticides, de l'huile d'olive, des poissons, des céréales complètes, des fruits et légumes... et parfois un bon verre de vin !

    Et à ceux qui ont déjà fait un infarctus?

    On leur raconte des mensonges ! Personne n'est condamné parce qu'il a déjà fait un infarctus ! On peut sauver son coeur et retrouver un risque comparable à ceux qui n'ont jamais eu d'infarctus par une réforme de son mode de vie, et cela sans statines. L'effort doit porter là-dessus.


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