L a réserve africaine de Sigean dans l'Aude, une des premières de France avec 330 000 visiteurs par an, envisage une délocalisation en Espagne après avoir été durement touchée par les inondations, pour la septième fois depuis 1999.
"C'était apocalyptique" : Gabriel de Jésus, chargé de communication de la réserve, se souvient encore avec horreur du "torrent de boue qui s'est abattu" sur le parc dans la nuit de samedi à dimanche. "Toutes les parties basses, soit les trois-quarts du parc, ont été inondées, en particulier la "plaine africaine" qui a été recouverte d'1,5 mètre d'eau au moins", explique Gabriel de Jésus, qui vit sur site
Bilan macabre
Cette plaine fait 18 hectares, sur les 350 que compte la réserve de 3 800 animaux. "J'ai vu des zèbres nager avec de l'eau jusqu'au cou pour tenter de se mettre sur un point haut". Lundi, l'heure était au bilan macabre. Deux crocodiles nains femelles ont été retrouvées noyées. C'est une "perte inestimable" car un mâle venait d'arriver la semaine dernière dans la réserve pour tenter une reproduction de cette espèce, a expliqué de son côté M. de Jésus. "Les pompiers nous ont aidés, et là, dans leur bassin, on a découvert les deux crocodiles femelles naines, mortes. Elles étaient parmi nos animaux les plus précieux. (...) à présent, cette espèce est éteinte en Europe, il n'y en n'a plus. C'est le stress thermique qui les a tué" explique Gabriel de Jésus dans Paris Match. Un impala (sorte d'antilope) a également été retrouvé noyé et deux autres animaux, une grue et un gnou sont disparus et "probablement noyés".
Le reportage de France 3 à la réserve de Sigean (Emilien Jubineau et Juliette Morch) :
"Mais nous avons peur pour des dizaines et des dizaines d'animaux qui sont restés plusieurs heures dans l'eau. Il fait dorénavant 6 degrés et, avec le facteur vent, la température peut descendre entre zéro et -20. J'ai peur qu'il y ait des morts", notamment deux lionnes nées en février et qui ont eu "de l'eau jusqu'au cou" dans la fauverie inondée. Les bâtiments administratifs et le vivarium ont été submergés et de nombreuses clôtures arrachées. "L'ensemble du personnel" s'affairait lundi à réparer les dégâts pour une réouverture prévue "dès mercredi (3 décembre)", selon le chargé de communication.
La colère face à un problème récurrent
Mais Gabriel de Jésus ne peut retenir sa colère face à un "problème récurrent", dit-il. "Depuis 1999 et la crue centennale (qui avait fait 35 morts et un disparu dans la région, ndlr), l'enrochement qui protège la réserve a été reconstruit, mais 1,3 m plus bas. De ce fait, accuse M. de Jésus, "nous sommes inondés dès qu'il pleut un peu trop fort". La réserve a ainsi été sous les eaux en 2003, 2005, 2006, 2011 (deux fois) et 2013. La réserve réclame depuis des années que la digue de rochers soit rehaussée, offrant même de le faire à son compte, mais elle s'est toujours vu opposer une fin de non recevoir des autorités.
Délocalisation envisagée
"La politique est maintenant de laisser l'eau divaguer où elle veut. Nous servons donc de déversoir", enrage-t-il. Face à cette frustration, la réserve "envisage" de se délocaliser en Espagne. "Je suis sûr que là-bas, on nous accueillera à bras ouverts".