• Coline Serreau, verte de colère


    La réalisatrice de Trois Hommes et un couffin signe un documentaire sur les remèdes possibles à l’agriculture intensive, qu’elle considère comme malsaine et destructrice.

    En 2007, Coline Serreau prend une année sabbatique et décide de tourner des images pour ses archives personnelles. Elevée à l’homéopathie et à la naturopathie, elle est écolo depuis toujours et commence naturellement à mener des entretiens avec des agriculteurs bio, des ingénieurs agronomes, des spécialistes des sols…

    Plutôt que s’attarder sur les causes des dérives de l’agriculture, ses témoins se concentrent sur les remèdes concrets et réalistes à ces problèmes. Touchée par ce discours positif, la réalisatrice envisage un long-métrage et trouve des producteurs sensibles à l’optimisme de son documentaire baptisé Solutions locales pour un désordre global. « Je ne voulais pas donner d’exemples négatifs qui culpabilisent et démoralisent le public. J’en ai ras le bol qu’on nous dise que tout est fichu d’avance. Le système actuel a été monté par les politiques et les industriels pour leur propre compte et nous sommes tout à fait capables de faire changer les choses. Il faut refaire le lien avec nos traditions. Nos grands-parents savaient cultiver autre chose que des cochonneries. »

    Seule avec sa caméra HD, la cinéaste tourne 170 heures de rushes à travers le monde et dégage « la » solution à la mauvaise alimentation et à la destruction de nos terres : le retour à une autonomie alimentaire à travers des structures locales. Les pionniers dans le domaine expliquent comment y parvenir : en créant son compost, en utilisant des semences anciennes, en bannissant les produits chimiques et, surtout, en s’unissant… Les témoignages sont pertinents et souvent drôles. « Je ne voulais pas que mes intervenants se placent au-dessus des gens. Quand on a plein de pognon comme Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand, c’est facile de donner des leçons, mais de quel droit ces grands bourgeois nous jugent-ils ? Pour les trois quarts des gens, l’important, c’est de payer le loyer, d'avoir du boulot et d’éduquer les enfants. Moi, je ne veux effrayer ou engueuler personne. Juste donner le plaisir et l’envie de faire des choses ensemble. »


    Et ça marche. Impossible, en effet, de rester insensible aux anecdotes cocasses de Claude Bourguignon, microbiologiste des sols, ou aux paroles sages de Pierre Rabhi, le président du mouvement Colibris, plus percutant que n’importe quel homme politique. Aucun parti n’a d’ailleurs ici voix au chapitre : « Pour quoi faire ? S’ils avaient des solutions, ça se saurait, depuis le temps ! »

    Loin des films culpabilisants et alarmistes de Nicolas Hulot et de Yann Arthus-Bertrand, ce documentaire écolo est la plus intelligente des productions du genre sorties récemment. Pédagogique, accessible et éveilleur de conscience, le film de Coline Serreau remplit aisément sa mission documentaire mais se regarde aussi comme une véritable œuvre de cinéma, palpitante, drôle et sensible.





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