• Combien va coûter la fermeture de Fessenheim?

    Combien va coûter la fermeture de Fessenheim?

     Par Julie de la Brosse - publié le 04/10/2012 à 18:00  
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    En plus du coût social et du démantèlement, l'Etat pourrait avoir à indemniser EDF pour le manque à gagner lié à la fermeture de Fessenheim.

    EDF réclame une indemnisation pour la fermeture de Fessenheim.
    EDF réclame une indemnisation pour la fermeture de Fessenheim.
    REUTERS/Vincent Kessler

    La fermeture de Fessenheim n'est pas qu'un gros imbroglio politique, elle risque aussi de se transformer en véritable gouffre financier pour l'Etat. Après avoir démenti sèchement l'information du JDD selon laquelle EDF aurait réclamé 2 milliards d'euros à l'Etat, Henri Proglio a admis ce jeudi que l'opérateur public allait engager des discussions avec le gouvernement pour demander réparation.

    Pour EDF, il s'agit de récupérer une partie des investissements réalisés pour Fessenheim. Ainsi, depuis 2002 environ 600 millions d'euros ont été injectés dans la doyenne des centrales. Et d'ici à fin 2013, des dizaines de millions supplémentaires vont être déboursés pour les travaux d'amélioration de la sécurité. En effet, malgré la fermeture prévue fin 2016, la direction d'EDF a prévenu qu'elle poursuivrait les travaux recommandés par l'Autorité de sûreté nucléaire, et notamment l'épaississement du radier du réacteur 1. En fonction du prochain avis de l'ASN sur le réacteur 2, qui doit être rendu début 2013, la facture totale pourrait s'élever à 40 millions d'euros, selon une porte-parole.

    Un arrêt qui va coûter cher

    Outre le dédommagement des investissements, la fermeture de la centrale va surtout constituer un manque à gagner de taille pour l'électricien. Construite au début des années 1970, EDF avait prévu de faire fonctionner cette centrale pendant 50 voire 60 ans. Au lieu de quoi, il va devoir se contenter de 38 ans d'âge de vie. C'est 10 ans de moins que les autorisations fournies par l'ASN en 2011.

    "Avec l'arrêt de Fessenheim, EDF va devoir se passer d'une partie de sa production (1800 Mgw/h) et sera aussi obligé de produire de l'électricité ailleurs, à un prix élevé", explique Jacques Percebois du Creden. Dans son rapport Energie 2025 remis en février dernier au gouvernement Fillon, l'économiste estimait d'ailleurs que la fermeture de Fessenheim constituerait un manque à gagner de 190 millions d'euros par an pour son exploitant. Ce qui correspond sur 10 ans à environ 2 milliards d'euros!

    Pour RTE, qui vient de rendre son rapport sur la sécurité de l'approvisionnement électrique français, la situation du pays pourrait d'ailleurs être délicate à partir de 2016. Mais ce serait surtout en raison de la nouvelle réglementation européenne environnementale qui va obliger le pays à fermer des centrales au fioul et à charbon. Selon la filiale d'EDF, chargée du réseau, la fermeture de Fessenheim, elle, devrait être en partie compensée par l'arrivée de 1650 Mgw/h de Flamanville.

    L'Etat tout puissant?

    Quoi qu'il en soit, la pilule sera difficile à avaler pour les actionnaires et notamment l'allemand EnBW et les suisses Alpiq, Axpo et BKW, qui détiennent à eux quatre 32,5% du capital de la centrale. "Je suis responsable d'une entreprise et par conséquent responsable vis à vis de mes actionnaires et de mes salariés, de défendre les intérêts de l'entreprise. C'est assez légitime, c'est la mission qui est la mienne. Je discuterai avec l'Etat de ces conséquences", s'est d'ailleurs justifié ce jeudi Henri Proglio.

    Reste à savoir ce qu'en pensera le gouvernement, qui, il ne faut pas l'oublier, détient 85% d'EDF. Pour certains, cette demande serait d'ailleurs tout à fait injustifiée "Depuis quand M. Proglio a le pouvoir de dicter à l'Etat sa conduite? Si un immeuble est jugé insalubre, un maire peut décider de sa démolition sans indemnisation", souligne ainsi Benjamin Sassus, économiste et fondateur de l'association Global Chance, selon qui les actionnaires ont déjà la chance d'avoir un outil industriel financièrement amorti.

    Facture incertaine du démantèlement

    Une fois les réacteurs mis à l'arrêt, deux questions centrales resteront à résoudre. La facture sociale déjà, puisque Fessenheim emploie 750 salariés et 200 prestataires permanents que François Hollande s'est engagé à préserver, et celle encore plus délicate du démantèlement.

    Au total, EDF évalue à 18,4 milliards d'euros le démantèlement de ses 58 réacteurs, soit environ 317 millions d'euros par réacteur. Mais récemment la Cour des comptes s'est montrée sceptique quant à cette estimation, qui serait très en deça des devis réalisés dans les autres pays. En Grande Bretagne par exemple, le demantèlement des onze premières centrales est évalué à 60 milliards d'euros...


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