• Comment la Finlande fait valoir ses intérêts en Europe

    Comment la Finlande fait valoir ses intérêts en Europe

    Créé le 02-10-2012 à 15h46 - Mis à jour à 17h27 
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    Le bon élève de l'Union européenne joue sur tous les tableaux : déclarations à l’emporte-pièce, tractations en coulisse et ballet diplomatique, comme ce mardi avec François Hollande.

     

    Jyrky Katainen, le Premier ministre finlandais (SIPA)

    Jyrky Katainen, le Premier ministre finlandais (SIPA)
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    Discrète pendant des années, la Finlande donne de la voix. Surtout depuis l’aggravation de la crise, où elle milite pour une Europe vertueuse sur les dépenses. C’est la raison de la visite cet après-midi, 2 octobre, de Jyrki Katainen, Premier ministre finlandais, au Président de la République, François Hollande. A la sortie de l’Elysée, les deux hommes ont souligné à l’unisson : "Sur les dossiers de l'Espagne et de la Grèce, nous avons souhaité qu'il puisse y avoir des décisions qui pourraient être prises dans les prochaines semaines".

    Discrète pendant des années, la Finlande donne de la voix. Surtout depuis l’aggravation de la crise, où elle milite pour une Europe vertueuse sur les dépenses. C’est la raison de la visite cet après-midi, 2 octobre, de Jyrki Katainen, Premier ministre finlandais, à l’Elysée.

    Membre de l’Eurozone de la première heure, la Finlande en est aussi un des meilleurs élèves, même si son excellente santé s’est un peu altérée au cours des derniers mois, avec une croissance qui s’essouffle et un fleuron national – Nokia - qui souffre. Mais la petite République des bords de la Baltique continue d’avoir des finances publiques solides. Car, après la grave récession du début des années 1990, elle s’est imposé une cure de cheval. Résultat, elle emprunte à 10 ans à 1,5%, affiche un taux d’endettement de 50% (en 2008, il était même de 35%) et fait partie du Club très fermé des Triple A.

    Helsinki a d'abord imposé ses vues à Athènes

    Soucieuse ne pas dilapider le fruit de ces efforts, Helsinki milite pour une ferme surveillance des pays membres de la zone euro qui dérapent. En s’exprimant depuis un an de plus en plus fort. Et de plus en plus clair. D’autant que le parti xénophobe des Vrais Finlandais (droite nationaliste) ne perd jamais une occasion d’étaler son euroscepticisme.

    La première fois qu’Helsinki a surpris tout le monde, c’était à l’automne 2011. Alors qu’une aide internationale à la Grèce avait été péniblement négociée, La Finlande faisait bande à part et exigeait des garanties particulière pour accorder son soutien. En décembre dernier, lors d’un énième conseil européen crucial et délicat, Helsinki affichait ouvertement son désaccord avec les propositions franco-allemandes et soulignait combien le processus de décision à l'unanimité était essentiel à ses yeux, pour déclencher le mécanisme européen de stabilité (MES).

    "La possibilité d'un éclatement de la zone euro"

    "On doit rester très prudent lorsqu’on utilise l’argent du contribuable !", justifiait à l’époque un diplomate. Même état d’esprit au conseil européen suivant, celui de fin juin, où, rebelote, la Finlande exigeait des garanties de l’Espagne, si le pays devait recevoir une aide européenne.

    Quelques semaines plus tard, au cœur de l’été, c’est carrément le ministre des Affaires étrangères finlandais qui faisait monter les enchères, par une déclaration fracassante. S’exprimant le 17 août dans la presse britannique, Erkki Tuomioja, lâchait : "Nous devons nous préparer ouvertement à la possibilité d'un éclatement de la zone euro. C'est quelque chose que personne ne préconise en Finlande, pas même le parti des Vrais Finlandais, sans parler du gouvernement. Mais nous devons nous tenir prêts." Et d’enfoncer le clou : les dirigeants finlandais ont préparé des "plans pratiques pour faire face à toute éventualité".

    Mais Helsinki, et notamment son Premier ministre, ont aussi à cœur de souligner que la Finlande "fait partie de la famille européenne". Et c’est le message qu’il a fait passer à l’Elysée. Il n’empêche, en parallèle de ce ballet diplomatique et des discours tantôt offensifs, tantôt rassurants, un actif lobbying se poursuit en coulisse. Bien que pragmatique et assez modéré, et bien qu’il ait voté en faveur du dernier plan Draghi, le gouverneur de la banque de Finlande, Erkki Liikanen, fait partie du groupe dit "d’Eltville", ce groupe informel des Triple A, monté par Jens Weidmann, l’ultra-orthodoxe président de la Bundesbank, la banque centrale allemande.

    Une Union européenne basée sur la « méritocratie économique"

    Il y a aussi ces pourparlers avec Berlin. Le week-end dernier, par exemple, le ministre allemand des finances cosignait avec son homologue néerlandais et sa collègue finlandaise une déclaration tenant du rétropédalage. Contrairement à ce que beaucoup d’experts avaient compris lors du Conseil européen fin juin, le texte précisait que le MES ne doit pas prendre en charge les dettes contractées dans le passé. Entendez, l’Espagne doit se débrouiller avec ses banques…

    De passage à Paris en mai dernier, Alexander Stubb, ministre finlandais des affaires européennes, europhile militant et parfaitement francophone (Il a fait une partie de ses études à la Sorbonne), défendait une idée iconoclaste : celle d’une Union européenne basée sur la « méritocratie économique". A savoir "un noyau dur formé par les marchés et non par les institutions". Pas sûr que la France en fasse partie.


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