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Congrès du PS : Harlem Désir a pris les clés
Congrès du PS : Harlem Désir a pris les clés
Créé le 28-10-2012 à 12h34 - Mis à jour à 20h45 lienPar Nicolas ChapuisLe nouveau premier secrétaire du Parti socialiste a prononcé son discours d'intronisation, dimanche à Toulouse.
Harlem Désir lors de son discours au congrès PS de Toulouse, dimanche 28 octobre. (CHAMUSSY/LANCELOT/SIPA)
12h30, l'heure de la photo de famille. Harlem Désir achève son discours au congrès de Toulouse dimanche, et aussitôt les dirigeants socialistes montent sur scène. Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault encadrent le nouveau premier secrétaire du PS. Les autres jouent des coudes pour se placer. Olivier Faure et David Assouline, rivaux pour le porte-parolat - qu'ils devraient se partager bien malgré eux -, se marquent à la culotte. De leur côté Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj, les tenants de la motion de l'aile gauche, se faufilent sur scène à l'appel de Désir. Tout le monde est là, souriez, c'est dans la boîte !
Harlem Désir, le premier, affiche sa mine réjouie. La tension du discours retombe. Avec elle, c'est trois jours de congrès qui se dissipent. Trois jours pour rien, ou presque. Toutes les questions de postes avaient été discutées en amont et les détails ont été réglés dans les coursives du palais des expositions. Pas de "nuit des résolutions", ces veillées nocturnes dans lesquels les courants se partagent au couteau, voire à la machette, les places au Conseil national. Les discours ont rythmé les jours, Ségolène Royal le vendredi, dans un exercice de style indéchiffrable, Martine Aubry libérée samedi, suivie d'un Jean-Marc Ayrault en quête de réconfort. Et donc "Harlem" ce dimanche.
Des fulgurances
On attendait de savoir qui de de l'apparatchik grisonnant ou de l'ancienne bête médiatique de SOS racisme allait l'emporter chez Désir. On a eu les deux. Le nouveau premier secrétaire a franchi l'étape obligée du grand discours sans la flamboyance d'autrefois mais avec quelques fulgurances. Comme cette pique qui fait mouche dans la salle sur le mariage homosexuel : "Ce n'est pas parce que M. Copé et M. Fillon ne s'aiment pas qu'ils doivent empêcher ceux qui s'aiment de se marier."
C'est d'ailleurs sur la droite que Désir s'en sort le mieux. Bonne nouvelle pour les socialistes, car c'est en bastonneur anti-UMP que le gouvernement conçoit le parti. "A chaque fois que M. Fillon fait une proposition, il déchire une page du code du travail", lance-t-il à l'adresse de l'ancien Premier ministre. "Quant à M. Copé, il est peut-être sur le point de se faire voler son pain au chocolat par M. Fillon, mais ce n'est pas une raison pour empoisonner la France en jouant sur les peurs, les préjugés et les amalgames." Avec la crédibilité du militant antiraciste, il attaque l'extrême droitisation de l'UMP : "ils courent se réfugier dans les jupes de Marine Le Pen."
Occupy Solférino !
Pour son premier discours, Désir respecte scrupuleusement les codes socialistes. Une louche d'histoire, de Jaurès à Mitterrand, quelques citations bien senties de René Char et d'Aimé Césaire, une touche d'Europe sauce Delors... Il surprend son monde tout de même en lançant dans un style à la Hessel : "Socialistes ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino, et invitez-y les Français." La Puerta del Sol à Solférino !
Sur le rôle du parti, Désir prévient : "A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis : Vous allez être surpris !" Il rappelle les engagements sociétaux du parti, le mariage homosexuel, le droit de vote des étrangers aux élections locales et le non cumul des mandats. Le triptyque magique qui garantit à l'orateur une standing ovation.
Le discours touche à sa fin, Martine Aubry apparaît sur le grand écran. Elle glisse un mot à l'oreille d'Ayrault avec un air de passeuse de témoin convaincue. Celui qu'elle n'a pas choisi a bien pris le relais.
Tags : gauche, congrès de Toulouse, Harlem Désir
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