• Convention démocrate : Obama à la reconquête d'un électorat désenchanté

    Dernière modification : 04/09/2012 

    Convention démocrate : Obama à la reconquête d'un électorat désenchanté

     

    La convention du parti démocrate s'ouvre ce mardi à Charlotte, en Caroline du Nord. Durant trois jours, Obama et ses alliés s'efforceront de rallier leur base et tenteront de convaincre les indépendants et les indécis, à deux mois des élections.

    Par Laure MANENT (vidéo) lien
    Jon FROSCH (texte)
     

    La semaine dernière, le républicain Mitt Romney acceptait officiellement de représenter son parti dans la course à la Maison Blanche, sous le ciel tourmenté de Tampa en Floride, et à l’issue du discours pour le moins original de Clint Eastwood, partageant la scène avec une chaise vide.

    C’est aujourd’hui le tour de Barack Obama.

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    Pendant trois jours, le gratin démocrate se réunit à Charlotte, en Caroline du Nord, autour du président sortant. Quelque 35 000 personnes – dont 6 000 délégués démocrates – ont afflué dans la capitale de cet État de la côte est. À deux mois de l’élection, c’est pour Obama l’occasion rêvée de rallier sa base (femmes, minorités, syndicats de travailleurs, jeunes et diplômés) et de convaincre les indépendants et les indécis de voter pour lui.
    Plombé par une économie en berne, le président ne parvient pas à décoller dans les sondages. Il va devoir à la fois s’attacher à défendre un bilan controversé et parvenir à insuffler dans ses rangs un peu de l’enthousiasme qui avait tant marqué la convention du parti en 2008 et l’avait porté à la victoire.

    Stars et grandes figures démocrates

    Pour animer ce grand show démocrate – et réveiller la passion quelque peu tarie des électeurs pour le parti –, les intervenants ont été triés sur le volet. Outre l’actrice Eva Longoria et Caroline Kennedy, la fille de John F. Kennedy, plusieurs poids lourds du parti se succèderont à la tribune. La première dame Michelle Obama, l’une des figures les plus populaires du camp démocrate (elle jouit d’une cote de popularité vacillant entre 65 % et 70 %), devrait être l’une des premières à montrer sur la scène mardi. L’ancien président Bill Clinton, lui aussi très apprécié des Américains, devrait lui succéder le jour suivant.

    Le discours d’ouverture a été confié à Julian Castro, le maire latino-américain de la ville texane de San Antonio, pour qui cette mission sonne comme une consécration : Obama lui-même avait ouvert la convention démocrate en 2004. Et de fait, l’homme de 37 ans, surnommé le "Obama latino" par la presse, est considéré comme l’étoile montante du parti. Il illustre, en outre, à la perfection la volonté du clan démocrate de promouvoir de nouveaux visages issus de la diversité. De nombreux jeunes politiciens ont ainsi obtenu leur tribune à la convention : c’est le cas, entre autre, de Cory Booker, maire de Newark, dans le New Jersey, et d’Anthony Foxx, maire de Charlotte.

    Le clou du spectacle arrivera jeudi soir avec le discours de Barack Obama devant 75 000 personnes – juste après celui du vice-président Joe Biden – dans le gigantesque stade de foot de la ville. En 2008, lors de la convention de Denver, le discours du candidat Obama avait déchaîné les foules. À l’époque, les organisateurs n’avaient pas lésiné sur les effets visuels, à coups de fausses colonnes grecques et de feux d’artifices. Cette année, la mise en scène a été pensée de façon un peu plus modeste… malgré la présence d’une sculpture de sable haute de près de huit mètres, à l’effigie du président, trônant à l’entrée du site de la convention.

    L'économie : un sujet délicat

    Au-delà des allures de grand show du raout démocrate, les discours seront passés au crible. Obama est particulièrement attendu au tournant sur la question économique. Au cours des 18 derniers mois de son mandat, 2,8 millions d’emplois ont été créés en grande partie grâce à son plan de relance. Mais dans les faits, le contexte économique américain reste très morose. Le marché du travail est saturé et le taux de chômage dépasse les 8 %, seuil au-delà duquel jamais un président n’a été réélu.

    "Obama doit reconnaître que l’économie est faible, mais il doit défendre sa politique en disant qu’elle est meilleure pour la classe moyenne que celle de Romney", explique à FRANCE 24 Darrell West, analyste pour le think-tank de centre-gauche The Brookings institution. "La grande force du président, c’est que les électeurs estiment qu’il se préoccupe plus d’eux que ne le fait Romney".

    Le président devrait défendre son bilan en arguant du fait qu’il a hérité d’une situation catastrophique, que sa politique économique est parvenue à remettre le pays sur la voie du redressement, et qu’il a besoin de plus de temps pour poursuivre son travail.

    Dent pour dent

    Obama et Romney, au coude à coude dans les sondages

    Après les salves de critiques du camp républicain contre Obama la semaine dernière, l’heure est à la contre-attaque chez les démocrates.

    Depuis quelques mois déjà, le camp du président Obama s’attache à dépeindre Romney comme un homme déconnecté de la réalité, se remplissant les poches au détriment des travailleurs américains. Selon toute probabilité, ils devraient, au cours de la convention, continuer à cultiver cette image de leur richissime adversaire.

    Les démocrates devraient également rappeler les discours anti-avortement de Mitt Romney, sa farouche opposition au mariage gay, sa politique en matière d’immigration et sa volonté de réviser la réforme du système de santé, mesure phare du mandat d’Obama. En résumé, le président sortant et ses alliés devraient insister sur le penchant dangereusement conservateur de Romney sur des questions fondamentales touchant au droit des femmes, des jeunes, des homosexuels, des plus pauvres et des minorités. En bref, l’ensemble de la mosaïque composant l’électorat d’Obama.

    Ce faisant, le président va devoir jongler entre les attaques contre son adversaire et son image d’homme bienveillant. "Il doit insister sur les différences fondamentales qui le distingue de Romney, mais il ne devra pas le faire de manière mesquine", estime Darrell West. "Il ne doit rien faire qui puisse entamer son capital sympathie, un avantage considérable qu’il a sur Romney".

    À deux mois du scrutin, les sondages donnent les deux candidats au coude à coude. Une convention réussie pourrait propulser le président sortant en tête des intentions de vote, mais la plupart des experts s’attendent à une campagne pleine de suspens. "La course reste serrée, il me semble qu’elle le restera tout au long de l’automne", commente Darrell West.

     

     


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