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Cory Booker, le sénateur du New Jersey sur les traces d'Obama
Dernière modification : 17/10/2013lien
Cory Booker, le sénateur du New Jersey
sur les traces d'Obama
© AFPLe maire de Newark, Cory Booker, a été élu sénateur du New Jersey jeudi. Star des médias et des réseaux sociaux, cette figure montante du parti démocrate est souvent présenté comme un potentiel successeur de l’actuel président des États-Unis.
Par Assiya HAMZA (texte)Le sourire est franc, le regard pétillant. Cory Booker, l’actuel maire de Newark dans la banlieue de New York, a arraché jeudi le siège de sénateur du New Jersey lors d’une élection sénatoriale partielle, organisée après le décès, en juin dernier, du démocrate Frank Lautenberg. Étoile montante du parti démocrate, il devient ainsi le premier sénateur noir de cet État et le neuvième Afro-Américain à intégrer la chambre haute du Parlement. Une assise nationale qui pourrait d’ailleurs le conduire dans le sillage de Barack Obama.
"Merci beaucoup, le New Jersey ! Je suis fier d'être votre futur sénateur", a écrit Cory Booker sur son compte Twitter qui enregistre déjà 1,4 million de followers (soit 5 fois la population de Newark). Il a obtenu 55 % des suffrages contre 44 % pour son adversaire, le conservateur républicain Steve Lonegan.
Âgé de 44 ans, Cory Booker est une personnalité politique peu conventionnelle. Fervent démocrate, il a su, au fil des années, soigner son image et sa personnalité. Issu d’un milieu favorisé, ce fils de deux cadres d’IBM – parmi les premiers dirigeants Afro-Américains de la compagnie – a gravi tous les échelons pour bâtir cette prometteuse carrière politique. Diplômé en Sciences politiques à l’université Stanford en 1991, d’un master en sociologie en 1992, il intègre ensuite la faculté de droit de l'Université d’Oxford puis de la prestigieuse Yale. Dès lors, il s’engage dans la vie associative et politique.
En 1998, il remporte un siège de conseiller municipal à Newark. Pour attirer l’attention sur les problèmes de drogue et de violence, le jeune politicien est prêt à tout. En 1999, il entame alors une grève de la faim dans un quartier sensible de la ville, réputé pour ses trafics. Cory Booker s’installe dans une tente, puis dans un camping car. Le premier coup d’éclats d’une longue série. L'élu s’engage pour réformer l’école et propose même de créer une commission de transparence au sein de la mairie.
En 2002, le conseiller municipal part à la conquête de la mairie de Newark. En vain. Cory Booker ne fait pas le poids face à Sharpe James, Afro-Américain lui aussi, aux commandes de la ville depuis plus de quinze ans. Malgré sa défaite, Cory Booker ne baisse pas les bras et s’investit encore davantage sur le terrain. Il n’hésite pas à lancer des ONG dont "Newark Now", Newark maintenant, pour aider les habitants de la ville.
Le "super héros" ou "super maire" Booker
Quatre ans plus tard, il finit par remporter l’élection municipale avant de rempiler en 2010. La méthode Cory Booker est loin d’être conventionnelle mais elle marche. Pour éviter de creuser le déficit budgétaire de la ville, il n’hésite pas à faire appel aux financements privés (environ 100 millions de dollars donnés par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook) pour maintenir les programmes sociaux, il réduit le salaire des plus hauts fonctionnaires de la ville en commençant par le sien. La criminalité galopante, lorsqu’il prend les commandes de la ville, chute de 8 %.
Le jeune maire s’implique sur le terrain : il patrouille avec la police jusqu’à 4 h du matin. Au lendemain d’une tempête de neige, il va lui-même déblayer l’allée d’une personne âgée à la demande d’un de ses followers sur Twitter. Cory Booker ne recule devant rien. En avril 2012, il sauve même une voisine de sa maison en flammes. Il en sort avec une brûlure de la main au second degré et une légère intoxication due à la fumée. "Je ne pouvais plus respirer. C’est à ce moment-là que je me suis dit que si je ne trouvais pas cette femme rapidement, nous allions mourir tous les deux ", avait il ensuite déclaré lors d’une conférence de presse.
Cette action lui vaudra les surnoms de "super maire" et "super héros". Sa légende est née. Cory Booker devient le chouchou des médias. Jon Stewart, Ellen DeGeneres, Oprah Winfrey…Cory Booker arpente les plateaux de télévision au point d’agacer ses principaux détracteurs.
"À chaque fois qu’il y a un véritable problème à régler en ville, le maire est introuvable, ironisait le conseiller municipal Ras Baraka, en novembre 2012. Le seul moyen de le trouver, c’est d’allumer la télé sur l’émission Meet the press (rencontre avec la presse).
Homme politique dévoré par l’ambition ou personnage extra-ordinaire Cory Booker ? "Il est indéniablement ambitieux", analyse pour le site National Public Radio (NPR) Andra Gillespie, professeur de Sciences politiques à l’université d’Emory. Mais je pense qu’il veut faire le bien, donc je ne remets pas en doute la sincérité de sa volonté d’aider la ville de Newark".
Dans les pas de Barack Obama ?
Malgré les critiques, Cory Booker semble bel et bien promis à une belle carrière. Souvent présenté comme le potentiel successeur de Barack Obama à la Maison blanche, il a d’ailleurs été adoubé par le premier président Afro-Américain des États-Unis, son ami depuis 2005. "Que ce soit comme étudiant travaillant à East Palo Alto ou en tant que maire de la plus grande ville du New Jersey, Cory a maintes fois relevé des défis difficiles, s’est battu pour la classe moyenne et ceux qui travaillent à le rejoindre, et a forgé des coalitions qui œuvrent pour le progrès - et c'est l'esprit qu'il va apporter avec lui à Washington", a déclaré en août dernier le locataire de la Maison Blanche.
D’après le New York Times, il pourrait faire partie du ticket présidentiel en 2016, première étape vers la fonction suprême.
Reste que Cory Booker semble avoir un léger désavantage dans cette hypothétique course à la présidence : sa sexualité. Bien qu’il s’affiche ouvertement avec ses conquêtes féminines, d’aucuns affirment que l’étoile montante démocrate, en faveur du mariage gay, cache uniquement son homosexualité. Ses récents échanges sur Twitter avec une stripteaseuse n’ont pas réussi à faire taire les rumeurs. Les Américains qui ont élu un président noir, restent sans doute frileux à l'idée d'avoir un chef d’État homosexuel.
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