• Coup d'État au Mali : le pays sous la menace d'un embargo dans les 72 heures

    Dernière modification : 30/03/2012 

    Coup d'État au Mali : le pays sous la menace d'un embargo dans les 72 heures

     

    Huit jours après le putsch militaire à Bamako, la junte, qui semble bénéficier d'un certain soutien au sein de la population malienne, est sous la menace d'un embargo par la Cédéao faute d'un retour à l'ordre constitutionnel avant lundi.

    Par FRANCE 24 (texte)

    À Bamako, plusieurs centaines de Maliens sont mobilisés pour ce qu’ils appellent "leur printemps malien". Ils manifestent depuis plusieurs jours dans la capitale pour afficher leur soutien aux putschistes, qui ont renversé le 21 mars le président Amadou Toumani Touré, accusé de laxisme envers la rébellion touareg dans le nord du pays.

    De nombreux Maliens estiment, selon l'envoyée spéciale de FRANCE 24 à Bamako Melissa Bell, que le gouvernement n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. La liste des griefs est longue : absence de justice sociale, inexistence des services publics mais aussi corruption et clientélisme. "Ici, les jeunes diplômés ne trouvent pas d'emploi", dénonce un Malien vivant dans la capitale. Dans le pays, 70 % de la population vit avec moins de un dollar par jour, et un Malien sur trois n’a pas accès à l’eau potable.

    De ce fait, les putschistes représentent l’espoir pour une grande majorité. "Aujourd’hui, les Maliens estiment que la justice sociale est plus importante que la démocratie en place depuis 21 ans", commente Melissa Bell. Et de préciser toutefois que la propagande des putschistes, qui contrôlent la télévision nationale, est très forte dans le pays.

    Menace d’embargo diplomatique et financier

    Pour l’heure, la tension reste très vive dans le pays. En raison de manifestations à Bamako (pro-junte) et de troubles à l'aéroport le jeudi 29 mars, la délégation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a été contrainte d’annuler sa visite et de se retrouver à l'aéroport d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, pour une réunion d’urgence à huis clos. À l’issue de la rencontre, le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, a lancé un ultimatum de 72 heures, soit lundi "au plus tard", à la junte au pouvoir, brandissant la menace d'"un embargo diplomatique et financier" faute d'un retour à l'ordre constitutionnel.

    Les sanctions incluent une interdiction de voyager et un gel des avoirs dans la région pour les membres de la junte. Elles prévoient également la fermeture des frontières, la fermeture de l'accès aux ports des pays côtiers de la zone et un gel des comptes du Mali à la banque centrale ouest-africaine (BCEAO). Le pays est suspendu de l’organisation régionale depuis mardi.

    Selon Djibrill Bassolé, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, la Cédéao travaille sur un compromis consistant en une "transition" dirigée par Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale dissoute par la junte.

    Ingérence

    À Bamako, les partisans de la junte ont dénoncé les pressions internationales qui visent à contraindre les militaires à abandonner le pouvoir. "Ils accusent la Cédéao et la communauté internationale d’ingérence car ils estiment qu’ils ont trop vite condamné la junte", précise Melissa Bell.

    Par ailleurs, des incidents ont éclaté entre partisans et adversaires de la junte au quartier général du front anti-putschistes dans la capitale malienne. Il y aurait trois blessés graves.

    Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État (CNRDRE, mouvement de la junte) a accéléré la consolidation de son pouvoir, en adoptant mercredi une nouvelle Constitution qui consacre la prééminence des militaires jusqu'aux élections présidentielle et législatives qui clôtureront la transition et dont la date n'est pas déterminée. Aucun membre de la junte n'est autorisé à se présenter à ces scrutins.

    Le président Amadou Toumani Touré semble pour l'heure hors jeu. Mercredi, sortant de son silence, il a déclaré à FRANCE 24 qu'il se trouvait "à Bamako" et qu'il n'était "pas prisonnier", mais sans préciser sa localisation exacte.

    La crise politique se double d'une crise militaire. Une nouvelle rébellion touareg a lancé une attaque sur la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du Mali, région où elle a déjà pris plusieurs localités depuis la mi-janvier.

     

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