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    Crise à Chypre : Moscou menace l'Europe

    Par Jean Michel Gradt | 21/03 | 08:46 | mis à jour le 22/03 à 08:38

    Le Premier ministre russe Dimitri Medvedev a menacé de revoir la part de l'euro dans les réserves russes si le règlement de la crise financière à Chypre lèse les intérêts de son pays.

    le Premier minsitre russe, Dimitri Medvedev - Reuters
    le Premier minsitre russe, Dimitri Medvedev - Reuters

    La crise financière à Chypre vire au bras de fer entre la Russie et l'Europe. Alors que les autorités chypriotes et l'Union européenne tentent de trouver un « plan B » pour sortir l'île de l'impasse, la Russie vient compliquer la donne. Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a en effet menacé de revoir la part de l'euro dans les réserves russes si le règlement de la crise financière à Chypre lésait les intérêts russes.

     

    La perspective d'une taxe exceptionnelle imposée par l'UE sur les dépôts bancaires à Chypre, dont une grande partie sont des fonds russes, « est une raison pour réfléchir » sur l'euro, a déclaré Dimitri Medvedev dans une interview aux médias européens publiée jeudi sur le site du gouvernement ( voir la vidéo ). « Si cela est possible à Chypre, pourquoi ne serait-ce pas possible en Espagne, en Italie ou dans d'autres pays qui souffrent de problèmes financiers? Demain c'est là-bas qu'on va confisquer les économies », a-t-il lancé. « Entre 41% et 42% de nos réserves sont en euros et la proposition (européenne à Chypre) était non seulement imprévisible, mais elle est inadéquate », a-t-il poursuivi en paraphrasant une déclaration faite lundi par le président russe, Vladimir Poutine, qui avait jugé la proposition de l'Eurogroupe de taxer les comptes bancaires chypriotes «  injuste, dangereuse et non professionnelle ».

    Torpiller la confiance

    « Je vais dire tout cela à mon vieil ami José Manuel Barroso », a conclu Dimitri Medvedev qui doit rencontrer jeudi matin le chef de la commission européenne à Moscou. Selon le chef du gouvernement russe, les autorités européennes et chypriotes « ont commis toutes les erreurs possibles que l'on pouvait commettre dans cette situation ». Il s'agit en premier lieu des démarches qui ont fini par « torpiller la confiance accordée à l'ensemble des institutions financières et pas seulement à celles qui se trouvent à Chypre ».

    Alors que la situation entre les parties prenantes (Chypre, Europe, Russie, BCE ...) est de plus tendue (voir encadré), le chef du gouvernement russe a également déploré le fait que les comptes de plusieurs groupes publics russes soient bloqués à Chypre au moment où Nicosie cherche à obtenir, sans grand succès jusqu'ici, une aide financière supplémentaire de Moscou . « Un grand nombre de nos structures publiques travaillent via Chypre et actuellement leurs comptes sont bloqués pour des raisons incompréhensibles (....) La provenance de cet argent est évidente, il s'agit de structures étatiques . C'est pour cela que nous avons une position ferme à l'égard de Chypre et du règlement de la dette chypriote », a-t-il souligné.

    A l'attention de ceux qui jugerait disproportionnée sa menace sur les réserves de changes, le Premier ministre russe a une réponse toute trouvée. Il estime que « les démarches entreprises par l'Union européenne, la Commission européenne et le gouvernement chypriote pour régler les dettes de cet Etat insulaire font penser au comportement d'un éléphant dans un magasin de porcelaine ».


    La BCE met Nicosie au pied du mur
    Au bord de la faillite, Chypre attendait jeudi le « plan B » des autorités pour sortir l'île d'une crise qui provoque une forte tension entre Moscou et l'Union européenne, alors que la BCE mettait Nicosie au pied du mur. La Banque centrale européenne a en effet indiqué qu'elle maintenait la fourniture de liquidités d'urgence pour Chypre jusqu'à lundi. Mais cette bouée s'accompagne d'un ultimatum car, après cette date, ces liquidités d'urgence « ne pourront être envisagées que si un programme UE/FMI est en place qui assure la solvabilité des banques concernées ».
    La crise à Chypre constitue « un risque systémique », a prévenu de son côté le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, en insistant jeudi devant le Parlement européen sur la nécessité de « protéger l'intégrité de la zone euro ». Une taxe sur les dépôts bancaires, dans le cadre d'un plan de sauvetage de Chypre, augmenterait le risque de contagion à la zone euro, a pointé de sonc ôté l'agence de notation Fitch mettant en garde contre ce « précédent ». Seule concession faite à Moscou, M. Dijsselbloem a fait son mea culpa sur la manière dont l'Eurogroupe a communiqué sur sa proposition de taxe sur les comptes bancaires chypriotes : « Nous aurions dû prendre plus de temps pour expliquer la différence entre une taxe exceptionnelle et le système de garantie des dépôts » jusqu'à 100.000 euros. Mais « il est probablement inévitable qu'il y ait une forme de contribution directe dans le prochain paquet » de mesures, a -t-il cependant averti. Alors que les banques de Chypre fermées depuis le week-end dernier, le resteront encore au cours des cinq prochains jours, le président de l'île, Nicos Anastasiades, a réclamé qu'une décision soit prise « jeudi au plus tard » par les élus sur une version amendée du plan de sauvetage (le « plan B » qu'il présenté jeudi matin aux chefs de file parlementaires. ce plan pourrait être soumis au vote du Parlement dès cet après-midi, selon des sources gouvernementales.

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