• Crise des éleveurs : Hollande annonce des « mesures structurelles », les barrages s?étendent

    Crise des éleveurs : Hollande annonce

    des « mesures structurelles »,

    les barrages s’étendent


    Hollande demande des comptes à la distribution... par lemondefr

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-07-23T05:08:04+02:00" itemprop="datePublished">23.07.2015 à 05h08</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-07-23T14:48:53+02:00" itemprop="dateModified">23.07.2015 à 14h48  lien </time>

     

    François Hollande était attendu de pied ferme jeudi 23 juillet à Dijon, où il défend face à des responsables agricoles un plan d’urgence d’aide aux éleveurs qui peine à convaincre. Alors que des éleveurs continuent à mener des actions de protestation, le chef de l’Etat a à nouveau tenté, à l’issue d’une rencontre avec les organisations professionnelles agricoles, de les rassurer.

    Après les mesures d’urgence, affirme-t-il, viendront des décisions politiques pour agir « dans la durée, pour que l’agriculture puisse être valorisée et que les agriculteurs soient valorisés pour ce qu’ils sont : de grands entrepreneurs ».

    « Il faut prendre des décisions, elles sont prises, et d’autres vont l’être dans les jours qui viennent. »

    François Hollande a ainsi détaillé quelques actions qui seront menées pour venir en aide aux éleveurs sur le long terme. Sur les prix, François Hollande a mis la pression sur les distributeurs, qui doivent faire « l’effort indispensable pour rémunérer les producteurs », et sur les abatteurs et les transformateurs, qui devront rendre « des comptes sur ce qui est en cause dans la filière », afin qu’« il puisse y avoir des prix qui puissent rémunérer » les agriculteurs.

    De la même façon, Manuel Valls avait lancé, jeudi matin sur RTL, un « appel » à la « responsabilité » des « abatteurs » et des « industriels ». « C’est essentiel que les prix augmentent dans les filières du bœuf », a-t-il répété, dans la droite ligne des conclusions du rapport du médiateur des relations sociales agricoles remis mercredi soir au ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll.

    Lire aussi : Prix de la viande : les abattoirs pointés du doigt

    Allégement des « contraintes administratives »

    Dans le but de favoriser la compétitivité des exploitations agricoles, François Hollande a annoncé des « mesures structurelles », qui viendront en plus de « mesures conjoncturelles », citant notamment la « contractualisation » des négociations et un allégement des « contraintes administratives, qui sont trop lourdes et qui deviennent même insupportables ».

    Pour mener son action, le chef de l’Etat compte sur le concours de plusieurs membres du gouvernement. Le premier ministre va ainsi prendre en charge la question de la restauration collective :

    « Il faut faire en sorte qu’il y ait des approvisionnements qui puissent soutenir les agriculteurs de France dans toutes les cantines relevant de l’Etat, des actions vont être immédiatement engagées. »

    Manuel Valls avait annoncé dans la matinée la « généralisation » de « l’approvisionnement local » en viande dans les restaurations collectives d’Etat.

    Au niveau des débouchés à l’étranger, le président de la République veut faire la promotion de l’agriculture « made in France » dans le monde. Des ministres vont mener des actions « auprès d’autres pays pour que nos produits soient davantage valorisés ». Ils vont discuter avec des partenaires commerciaux, a-t-il expliqué, et lui-même va en discuter avec la Chine.

    Même la loi de transition énergétique adoptée définitivement mercredi soir, pourra être « utile » aux agriculteurs, a-t-il expliqué, et devenir « une source de revenus pour les agriculteurs ». Ségolène Royal va « dès aujourd’hui prendre un certain nombre d’arrêtés pour permettre que cette transition écologique soit utile et profitable aux agriculteurs », a-t-il expliqué, évoquant la méthanisation et l’énergie photovoltaïque.

    Suivez le déplacement de François Hollande en Bourgogne sur le compte de l’envoyé spécial du « Monde »

    Lire le détail : Crise de l’élevage : le médiateur note une hausse insuffisante des prix du bœuf

    Le mouvement se propage

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    Les éleveurs français protestent depuis le 19 juillet. <figcaption class="legende" data-caption="Les éleveurs français protestent depuis le 19 juillet.">Les éleveurs français protestent depuis le 19 juillet. JACKY NAEGELEN / REUTERS</figcaption> </figure>

    Le plan gouvernemental a suscité des réactions pour le moins mitigées. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA, premier syndicat agricole), a jugé les mesures gouvernementales « insuffisantes » sur le long terme, même si elles « peuvent répondre sur le court terme à quelques urgences ». Son président, Xavier Beulin, a annoncé, jeudi, que les éleveurs préparaient de « nouveaux mouvements dans les deux ou trois jours qui viennent ». La colère doit « pouvoir s’exprimer », a-t-il dit, tout en appelant à la « pondération sur le terrain ».

    Depuis Dijon, après s’être entretenu avec M. Hollande, le président de la Fédération nationale des éleveurs bovins (FNB), Jean-Pierre Fleury, a estimé que « les conditions [n’étaient] pas remplies pour lever les blocages » .

    Lire aussi les explications des Décodeurs : Comprendre la fixation des prix, des marges et des subventions dans l’agriculture

    Sur le terrain, les barrages installés par des éleveurs autour de Caen depuis lundi matin et où avait débuté le mouvement de colère, ont commencé à être levés mercredi, mais le mouvement s’est propagé à d’autres régions et les actions coup de poing se multiplient.

    Lire aussi : Eleveurs : à Caen, avec la « suspension » des blocages, « on prend acte et on prend date »

     

    La situation semblait s’apaiser en Bretagne et dans le nord du pays, même si plusieurs ponts routiers étaient encore bloqués. C’est dans le centre-est du pays que la tension reste vive. Les trois principaux accès à Lyon étaient bloqués jeudi matin par environ 300 tracteurs. Les exploitants attendent « des réponses concrètes sur la revalorisation des prix à la production », qui ne figurent pas, selon eux, dans le plan d’aide annoncé mercredi par le gouvernement. La FNSEA a cependant annoncé dans l’après-midi que les agriculteurs devraient lever ces blocages vers 16 heures pour assister à un meeting de Xavier Beulin dans le centre-ville.

    Lire aussi : Blocages à Lyon, où les éleveurs ne « veulent pas des miettes »

    L’ensemble de l’exécutif est désormais mobilisé, soucieux d’éviter que cette crise ne s’éternise au cœur de l’été, avec ses implications politiques éventuelles à quelques mois des élections régionales. Manuel Valls, le premier ministre, lui aussi mobilisé, a déclaré jeudi matin sur RTL qu’il était « essentiel que les prix augmentent dans la filière du bœuf », et a appelé à la « responsabilité » des abatteurs et des industriels.

    « Mascarade »

    La tension gagne également le monde politique. Lors d’une séance agitée de questions au gouvernement, Manuel Valls s’en est vivement pris au président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, dénonçant ses prises de position sur le mouvement des éleveurs qui ne sont ni « dignes » ni « à la hauteur de la situation » et soutiennent « le populisme » et le « poujadisme ».

    Dans son interpellation du gouvernement, M. Jacob, ancien syndicaliste agricole, avait qualifié le plan d’urgence pour les éleveurs d’« opération de com », de « mascarade », de « mensonge » ou encore de « fumisterie ».

    Lire aussi : Protestation des éleveurs : l’opposition demande de « repenser le système »

    Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains et ancien chef de l’Etat, a considéré pour sa part que le plan d’urgence gouvernemental n’était « pas à la hauteur de la crise de l’agriculture française ». Ce plan « ne répond pas au déficit de compétitivité à relever. Le catalogue de 24 mesures ne porte pas cette ambition » , a assuré M. Sarkozy dans une déclaration à l’AFP. Le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux, a répliqué en dénonçant l’opposition « maximaliste et outrancière » de Nicolas Sarkozy, qui est « la caricature de lui-même ».

     

    Le ministre de l’agriculture poursuit son travail. Il rencontrera jeudi à 18 heures le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Thierry Roquefeuil, avant le grand rendez-vous de filière (producteurs, industriels et distributeurs) qui aura lieu vendredi matin à 10 heures. De la même façon que pour la filière bovine, le 17 juin, il s’agira d’examiner « la situation des marchés et le prix du lait ».


     

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