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    Dernière modification : 29/07/2011 
    - Censure - Liban - Musique

    La brève arrestation du chanteur Zeid Hamdan provoque un tollé au Liban
     
     La brève arrestation du chanteur Zeid Hamdan provoque un tollé au Liban 
    Nom : Zeid Hamdan. Profession : chanteur et compositeur libanais. Signe particulier : figure de la scène musicale underground. Chef d'accusation : avoir "diffamé" le président Michel Sleiman. Sentence : une journée de détention.
    Par Marc DAOU (texte)
     

    "Je suis libre maintenant, merci pour votre aide". C’est par ce court message rédigé sur son profil Facebook que le chanteur et compositeur libanais Zeid Hamdan a annoncé sa libération à ses fans. Et ce quelques heures après avoir été arrêté, mercredi, par la police judiciaire.

    C'est avec une chanson intitulée "General Suleiman" que cette figure emblématique de la scène underground libanaise, âgée de 35 ans, s’est attirée les foudres des autorités au point de risquer jusqu’à deux ans de prison. Selon ces dernières, le titre du groupe Zeid and the Wings aurait "porté atteinte à la personne et à l’honneur du président de la République", le général Michel Sleimane.

     
     
     
    "Si je dois aller en prison pour cela, j’assume"
     
    Une nouvelle surprenante sachant que "General Suleiman" a été écrite en 2008, soit peu après l’élection de Michel Sleimane, alors à la tête de l’armée libanaise, et que le clip vidéo est posté sur YouTube depuis près d’un an.
     
    Chantée en anglais, elle dénonce sur un rythme reggae aussi bien le militarisme, la corruption, les milices que l’ingérence des pays étrangers et des services de renseignement voisins. Enfin, elle se termine par "General Go Home!" ("Général, rentre chez toi !"). C’est cette ultime phrase "diffamante" qui a valu à Zeid Hamdan son arrestation après avoir été convoqué trois fois au cours du mois de juillet par le procureur de la République libanaise.
     
    "Après avoir écrit cette chanson, certains membres de mon groupe ont eu peur des conséquences de cette phrase. Mais j’ai pris le risque de l’écrire car je ne m’imaginais pas finir en prison pour une raison aussi légère", explique à France24.com Zeid Hamdan, joint par téléphone à Beyrouth.
     
    Étonné par la réaction tardive des autorités, il affirme néanmoins que son intention n’était "ni d’insulter ni de provoquer" qui que ce soit. "Cette dernière phrase est innocente et universelle. Ma chanson est pacifiste et appelle à mettre un terme au rôle politique des militaires. Il y a encore beaucoup trop de généraux au pouvoir, notamment en Égypte et en Libye. Si je dois aller en prison pour cela, j’assume plutôt que de céder à l'autocensure."
     
    "Libérez Zeid Hamdan"
     
    Le chanteur ne dormira toutefois pas en prison puisque les autorités ont fini par le relâcher dans la soirée de mercredi. "Peut-être ont-ils été influencés par la forte mobilisation en ma faveur sur Internet et la médiatisation de mon arrestation. Ils n’ont peut-être pas voulu faire de mauvaise publicité au président Michel Sleimane pour une raison aussi futile", note le compositeur.
     
    Peu après sa mise aux arrêts, Zeid Hamdan avait appelé, via Facebook, ses fans à se mobiliser. Sans s’attendre à l’ampleur de la vague de soutien qui a alors déferlé en quelques heures sur la Toile. Les messages de soutien ont afflué sur Twitter, Facebook, où une page intitulée "Libérez Zeid Hamdan" a été rapidement créée, et sur la page YouTube du clip de la chanson incriminée. "Cette mobilisation et tout ce bruit m’ont beaucoup touché. Et dire que seule une vingtaine de personnes sont venues assister au lancement du nouvel album de mon groupe, "Aasfeh", quelques jours plutôt", ironise Zeid Hamdan.
     
    "Si j’avais été arrêté en Syrie, vous n’auriez plus de mes nouvelles"
     
    L’arrestation d’un artiste a en tout cas provoqué un tollé au Liban, où la presse dénonce fréquemment un climat de censure. "Les atteintes à la liberté d’expression se répètent dangereusement", titrait, jeudi, le quotidien francophone L’Orient-Le Jour. "Le pays a récemment changé d’orientation politique, le gouvernement actuel soutient une dictature voisine sanguinaire [la Syrie, ndlr], les armes circulent dans tout le pays et les atteintes aux libertés sont flagrantes", déplore Zeid Hamdan.
     
    Et le chanteur d'ajouter : "le Liban doit rester un exemple en matière de combat pour la liberté et le précurseur des soulèvements démocratiques arabes. Ce dont je suis fier. Si j’avais été arrêté en Syrie, vous n’auriez plus de mes nouvelles".

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