• D'où vient l'Etat islamique en Irak et au Levant ?

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    D'où vient l'Etat islamique en Irak et au Levant ?

    JEAN-PIERRE PERRIN<time datetime="2014-06-12T14:53:11" itemprop="datePublished"> 12 JUIN 2014 À 14:53</time>
    <aside> </aside><figure itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject">Des membres de l'EIIL avec à la frontière irako-syrienne. La photo a été diffusée le 11 juin par un compte twitter jihadiste.<figcaption itemprop="description">

    Des membres de l'EIIL avec à la frontière irako-syrienne. La photo a été diffusée le 11 juin par un

    compte twitter jihadiste. (AFP)

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    DÉCRYPTAGE

    En prenant le contrôle de villes irakiennes, le groupe armé jihadiste sunnite poursuit son ascension éclair. Qui est-il, qui le dirige?

     
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    L’Etat islamique en Irak et au Levant s’est emparé jeudi de la province pétrolière de Ninive et de Mossoul, une ville de deux millions d’habitants en Irak. Il contrôle depuis près de six mois la grande ville de Falloudja (320 000 habitants), certains quartiers et l’université de Ramadi, le chef-lieu de la province d’Al-Anbar, où l’insurrection sunnite a commencé. Il marche désormais sur Bagdad.


    «L’Etat islamique en Irak et au Levant», qu’est-ce que c’est? 

    C'est une organisation jihadiste sunnite que l’on désigne surtout par ses acronymes anglais (ISIS), arabe (Daech) ou français (EIIL). En Irak, où elle regrouperait 5000 combattants, elle est le fer de lance d’une coalition qui affronte le gouvernement à dominance chiite. En Syrie, où elle se bat à la fois contre le régime de Bachar al-Assad et les autres composantes de la rébellion, elle compterait de 6000 à 12 000 hommes.  

    Qui dirige l’EIIL?

    L'Irakien Abou Bakr al-Baghdadi est le nom de guerre du chef de l’organisation. On ne connaît de lui que deux photos – mais est-ce bien lui? – l’une du FBI, l’autre du ministère irakien de l’Intérieur. Né en 1971, à Samaraï, il a étudié à l’Université islamique de Bagdad où il a obtenu un doctorat en sciences islamiques. Avant la chute de Saddam Hussein, c’était un shebab très pieux, que l’on voyait souvent à la mosquée. On ne sait quasiment rien de lui, mais c’est ce chef irakien que veulent désormais suivre les jihadistes du monde entier, y compris des centaines de jeunes musulmans des banlieues françaises. Abou Bakr al-Baghdadi avait été arrêté le 4 juin 2004 et détenu pendant quelques mois par les forces américaines.

    Abu Bakr al-Baghdadi, commander of the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL), is shown in a U.S. State Department wanted poster handout image. Abu Bakr al-Baghdadi, the leader of radical Sunni fighters who have made rapid military advances in Iraq is the rising star of global jihad, driven, Islamist fighters say, by an unbending determination to fight for and establish a hardline Islamic state. REUTERS/Rewards For Justice/Handout via Reuters  (UNITED STATES - Tags: CRIME LAW POLITICS) ATTENTION EDITOR

    La photo diffusée par le FBI. (Reuters)La photo diffusée par le FBI. (Reuters)

     

    QUAND EST NÉ LE MOUVEMENT ? 

    L'EIIL a un peu plus de dix ans. En 2003, lors de l’invasion américaine en Irak, s’est fondé «l’Etat islamique en Irak» (ISI), qui multiplie les attentats à la fois contre l’US Army et les quartiers chiites de Bagdad, faisant des milliers de victimes dans une campagne de terreur sanglante. Ses deux premiers chefs ayant été éliminés par les Américains, Abou Bakr al-Baghdadi, alors un parfait inconnu, prend la tête du mouvement en 2010. L’étudiant pieux se révèle un chef de guerre redoutable.

    Constatant que la rébellion en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad prend de l’ampleur, il y envoie des proches fonder le Front al-Nusra, en janvier 2013. Puis, en avril, annonce que l’ISI et Al-Nusra vont fusionner pour devenir l’Etat islamique en Irak et au Levant. Al-Nusra refuse d’adhérer à cette nouvelle entité et les deux groupes finissent par se livrer une guerre farouche.

    Les deux groupes professent la même idéologie et veulent installer un Etat islamique dans une région située entre la Syrie et l’Irak. Mais l’EIIL a un agenda beaucoup plus internationaliste que le Front al-Nusra, et attire la grande majorité des jeunes Européens venus faire le jihad. Dès lors, il entre en concurrence avec Al-Qaeda Central, dont il n’a jamais reconnu le leadership. Finalement, c'est le Front al-Nusra qui a été reconnu comme la branche officielle d’Al-Qaeda en Syrie.

    Members of jihadist group Al-Nusra Front take part in a parade calling for the establishment of an Islamic state in Syria, at the Bustan al-Qasr neighbourhood of Aleppo, on October 25, 2013. The conflict in Syria, which erupted after President Bashar al-Assad launched a bloody crackdown on Arab Spring-inspired democracy protests, is believed to have killed more than 115,000 people. AFP PHOTO / KARAM AL-MASRI

    Des membres du front Al-Nusra à Alep, en Syrie, le 25 octobre 2013. (Photo AFP)

    Comment le groupe a-t-il pris une telle ampleur ? 

    Au départ, l’EIIL a été bien accueilli par la plupart des rebelles syriens, qui se réjouissaient d’avoir le soutien d’un groupe bien formé et équipé face à la machine de guerre du régime. C’est sa volonté hégémonique et les atrocités qu’il a commises, notamment l’enlèvement et l’exécution de civils et de rebelles de mouvements rivaux, qui ont poussé l’ensemble des coalitions rebelles à retourner leurs armes contre lui. D’emblée, il avait montré sa vraie nature en faisant fouetter devant ses parents, puis exécuter un petit vendeur des rues de 15 ans qui avait mentionné le nom de Mahomet d’une manière inconvenante. En avril, le groupe a revendiqué la crucifixion de deux opposants. Il est accusé de détenir des centaines de personnes simplement pour avoir fumé une cigarette ou ouvert une page Facebook.

    De quoi vit l’EIIL? 

    L’EIIL ne semble pas bénéficier de l’aide ouverte d’un Etat et dépend de donateurs individuels, la plupart dans le Golfe, notamment au Koweït. En Irak, le groupe est soutenu aussi par de riches personnalités tribales. C’est lui qui détient la plupart des otages occidentaux, journalistes ou humanitaires, ainsi que le prêtre jésuite Paolo Dall’Oglio.

     
    Jean-Pierre PERRIN

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