• Danielle Mitterrand, une vie de militantisme

    Dernière modification : 23/11/2011 

    Danielle Mitterrand, une vie de militantisme

     

    La veuve de l'ex-président socialiste François Mitterrand est décédée dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 87 ans. Retour sur le parcours d'une femme dont la vie fut marquée par la politique et le militantisme.

    Par Clovis CASALI (vidéo)
    FRANCE 24 (texte)
     

    La veuve de l’ancien président français François Mitterrand s’est éteinte mardi à Paris, à l’âge de 87 ans, 15 ans après le décès de son époux. Militante dans l’âme, l’ex-première dame de France, qui s’est toujours sentie à l’étroit dans cette fonction, s’est illustrée par ses engagements politiques et humanitaires, en créant notamment la Fondation France-Libertés.

    Réaction de Jean Glavany, ancien chef de cabinet de François Mitterrand
     

     

     

    Danielle Mitterrand, décédée à 2 heures du matin à l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, était hospitalisée depuis le vendredi 18 novembre pour une anémie jugée sérieuse avant d’être placée, deux jours plus tard, sous coma artificiel.

    "À 87 ans, Danielle Mitterrand était révoltée comme à 17", résume à FRANCE 24 Jean Glavany, ancien chef de cabinet de François Mitterrand (président de 1981 à 1995) et proche de la famille. Femme de conviction, Danielle, née Gouze le 29 octobre 1924 à Verdun (Meuse), a été baignée depuis sa plus tendre enfance dans le militantisme.

    En 1940, son père Antoine Gouze, militant au sein de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et principal de collège où étudie sa fille, est renvoyé par le gouvernement de Vichy pour avoir refusé de recenser les élèves et professeurs juifs de son établissement. La famille s'installe alors à Cluny (Saône-et-Loire) où le père dispense des cours particuliers. Durant les deux années qui suivent, les Gouze accueillent des résistants dans la clandestinité. Danielle, âgée de 17 ans, s'engage alors dans le mouvement de la Résistance avec sa sœur aînée Madeleine.

    Amoureuse éperdue

    Au début de l'année 1944, sa sœur lui présente "François Morland", qui n’est autre que le nom de code d’un certain François Mitterrand. Deux mois plus tard, recherché par la Gestapo, il est contraint de quitter Paris et Danielle va l’aider à rejoindre la Bourgogne. Dans le train qui les conduit vers le centre de la France, elle se retrouve à jouer l'amoureuse éperdue pour détourner l’attention de la police. Un rôle de composition qui prendra le pas sur la réalité… François et Danielle se marient après la Libération, le 28 octobre 1944, à Paris. Ils auront trois enfants : Pascal, mort en 1945 deux mois après sa naissance, Jean-Christophe, né en 1946, et Gilbert, en 1949.

    François Mitterrand, homme de gauche, s’engage en politique et Danielle y participe activement. En 1946, enceinte de son deuxième enfant, elle n’hésite pas à s’impliquer dans la campagne pour soutenir son mari qui devient député de la Nièvre, puis conseiller général. L’année suivante, elle le suit à Paris, où il occupe le poste de ministre des Anciens Combattants dans le gouvernement socialiste de Paul Ramadier. Au sein du cabinet, elle gèrera la commission pour la répartition des subventions aux orphelins.

    La femme de gauche est présente et soutient, coûte que coûte, son mari dans son ascension politique. Elle participe activement aux campagnes présidentielles, notamment celle de 1981 durant laquelle elle pose pour "Paris Match" afin de mettre en avant sa simplicité et afficher son opposition radicale au style bourgeois de l'épouse du président en exercice, Anne-Aymone Giscard d'Estaing.

    "Je ne suis pas une potiche"

     
     

     

     

    "Je ne suis pas une potiche", déclare-t-elle quand François Mitterrand fait son entrée à l’Élysée. Si elle remplit ses obligations de première dame, elle ne manque pas pour autant d’imposer son propre style. Elle dispose notamment d’un bureau personnel au palais présidentiel, mais habite toujours au 22, rue de Bièvre, dans le Ve arrondissement de Paris. La première dame crée également, en 1986, la fondation France-Libertés, qui vise à défendre les droits de l’Homme et l’autodétermination des minorités ethniques, et fait de l’accès à l’eau une cause prioritaire.

    L’épouse du premier président socialiste de la Ve République multiplie les prises de positions marquées à gauche, comme son soutien aux zapatistes mexicains. Ses interventions pour la cause kurde ou tibétaine et ses visites au dirigeant cubain Fidel Castro finissent par agacer le Quai d'Orsay et mettre mal à l’aise François Mitterrand, mais ce sont les députés de la majorité, dont Pierre Mazeaud, qui réagissent en publiant une tribune intitulée "Qui veut faire taire Danielle ?".

    "Conscience de gauche"

    En dépit des multiples aventures extra-conjugales du président, les époux Mitterrand resteront compagnons de route toute leur vie. Jusqu’au 8 janvier 1996, elle reste aux côtés du président qui la considère comme sa "conscience de gauche". Avec délicatesse, elle laisse Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand pendant 20 ans, assister aux obsèques de l’ancien président à Jarnac, en la plaçant entre ses deux fils.

    Après la vie présidentielle, elle continue ses activités au sein de France-Libertés, tout en continuant son engagement politique. Lors du référendum sur le projet de texte constitutionnel européen, en 2005, elle s'oppose à une partie de sa famille en prenant position pour le "non". Elle prend parti pour Ségolène Royal à l'élection présidentielle de 2007. Auteur de plusieurs ouvrages, elle publie, en novembre 2007, une autobiographie intitulée "Le Livre de ma mémoire".

    Danielle Mitterrand doit être enterrée le samedi 26 novembre à Cluny, en Saône-et-Loire, où se trouve sa maison familiale, et non à Jarnac, où repose son époux.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :