• Dans les jardins, la poule composteuse gagne du terrain

    Dans les jardins, la poule composteuse gagne du terrain

    Créé le 24/02/2013 à 12h19 -- Mis à jour le 24/02/2013 à 23h42
    Un habitant de Barsac prend livraison d'une poule le 23 février 2013 dans le cadre d'un projet de réduction des déchets
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    Un habitant de Barsac prend livraison d'une poule le 23 février 2013 dans le cadre d'un projet de réduction des déchets Patrick Bernard AFP

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    Une poule en son jardin, dernier must écolo? Barsac, en Gironde, a rejoint la liste croissante des communes distribuant des poules à leurs habitants, une garantie de réduction drastique des déchets, d'oeufs frais quotidiens, et d'un certain goût d'enfance.

    Impatientes, quelque 150 familles, et des bambins aux yeux brillants, ont pris livraison samedi d'une paire de gallinacés lors d'une «cérémonie d'adoption» festive sur la place du village, moyennant 2 euros, charte d'adoption dûment signée, et quelques conseils de base aux «parents poule», rurbains pour beaucoup.

    Pour le maire (centriste) Philippe Meynard, l'arithmétique est simple: une poule, charognard avéré, consomme près de 150 kilos de déchets alimentaires par an. Mille poules, comme cette communauté de communes (CDC) de Podensac va en offrir cette année, ce sont 150 tonnes de déchets en moins, quelque 15.000 euros économisés sur l'incinération.

    Très en pointe sur la réduction des déchets (ils ont été réduits de moitié à la CDC en un an, à 140 kg par habitant), M. Meynard avait annoncé lors de ses voeux fin janvier son «plan poules» comme une idée pour les mois à venir. Le surlendemain, des dizaines d'habitants appelaient pour savoir comment avoir «leur» poule. «Je me suis dit: +Hou la, va falloir s'y mettre+ !»

    «On a été pris par l'impatience et l'engouement des familles, moi j'avais imaginé mettre cela en place avant l'été...»

    Une poule comme «composteur sur pattes», l'idée gagne du terrain. Ces derniers mois Pincé (Sarthe), Mandres-les-Roses (Val-de-Marne), l'agglomération de Besançon (Doubs), entre autres, ont lancé des expériences similaires. Aucune toutefois à l'échelle de la communauté de communes de Podensac.

    «Cela reste marginal, mais ce n'est pas du tout farfelu, c'est un excellent moyen de réduction des déchets, au côté d'actions de masse comme le compostage individuel», diagnostique Jean-Louis Bergey, directeur de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'énergie) en Aquitaine. «Ce peut aussi être un formidable outil pédagogique».

    Il y a plus. Pour Agnès Hémon, avicultrice qui fournit des poules plein air à Barsac - «des rousses hybrides, bonnes pondeuses et assez sociables», l'adhésion populaire n'est pas une surprise.

    «Les gens saisissent une chance de retrouver quelque chose de leur enfance, des choses simples, des méthodes qui existent depuis longtemps: les poules mangent des déchets, nos déchets, recyclent, en produisant des oeufs. Et des fientes, très bon engrais».

    «On s'est dit: pourquoi pas ?» explique Christophe Kontowicz, adoptant de 34 ans qui s'en va avec ses deux poules sous le bras, vers le poulailler bricolé dans son jardin. «Quand j'étais petit, chez mes parents il y avait toujours des poules, des lapins, etc. C'est bien qu'eux aussi puissent connaître cela» dit-il, en désignant son garçonnet Teddy.

    «On avait déjà un composteur, mais comme on ne jardine pas vraiment, il ne me sert à rien sauf à éliminer les déchets. Avec les poules, en plus j'ai des oeufs !», se réjouit Sylvie Lavergne, Barsacaise de 48 ans placée sur «liste d'attente».

    Bientôt une poule en chaque jardin ? Pour ceux vivant en appartement, Barsac a déjà la parade: un «poulailler communal», où les habitants viendront apporter leurs déchets, et récupérer des oeufs. Pour le reste, M. Meynard est convaincu de la contagion.

    «Les mentalités évoluent. Ca peut paraître rigolo notre histoire de poules, mais sur le long terme, ça va influencer les consciences, notamment via les enfants. Et puis c'est un moyen sympa d'aborder un sujet, le traitement des poubelles, qui n'est pas des plus sexy».

    L'aviculture, elle, peut-elle s'inquiéter de voir éclore des «éleveurs» partout? Pas forcément si l'on considère tous ces mini-cheptels à renouveler, sans compter d'éventuels alliés objectifs. «Le renard aura tendance à se servir là où il y aura des poules», glisse Agnès Hémon.


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