• Défaillances de sûreté des 19 centrales nucléaires françaises pointées par Bruxelles

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    Les défaillances de sûreté des 19 centrales nucléaires françaises pointées par Bruxelles

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-10-01T20:43:05+02:00" itemprop="datePublished">01.10.2012 à 20h43</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-10-02T18:38:24+02:00" itemprop="dateModified">02.10.2012 à 18h38</time>

     
    <figure class="illustration_haut"> Ces carences avaient déjà été pointées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française dans son rapport publié en juin et imposant des milliers de prescriptions aux exploitants. </figure>

    Les tests de résistance nucléaires menés par l'Union européenne ont révélé des défaillances de sûreté, d'incidence variable, dans l'ensemble des centrales nucléaires françaises. Ce sont les principales conclusions d'un rapport du commissaire européen à l'énergie Günther Oettinger qui doit être présenté à la Commission mercredi 3 octobre, avant d'être dévoilé au public, jeudi, à Bruxelles.

    Ce document de travail, qu'a pu consulter une partie de la presse, recense les "stress tests" menés depuis un an sur les 134 réacteurs du parc européen, répartis sur 68 sites dans 14 pays, pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima en mars 2011. "Nos contrôles de sécurité ont été stricts, sérieux et menés en toute transparence. Ils ont permis de révéler ce qui allait bien et là où il fallait apporter des améliorations, a déclaré Günther Oettinger. En général, la situation est satisfaisante, mais nous ne devons avoir aucune complaisance."

    Aucune fermeture de réacteur ne serait demandée, mais les investissements nécessaires à la sûreté des centrales européennes atteindraient entre 10 milliards et 25 milliards d'euros. Soit entre 30 millions et 200 millions d'euros par réacteur. Cette évaluation des coûts n'est pas une surprise. Philippe Jamet, représentant français du Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG), qui a mené les tests, avait chiffré en juin entre 100 et 200 millions d'euros par réacteur le coûts des investissements pour la France.

    LA FRANCE CIBLÉE

    Avec 19 centrales et 58 réacteurs, l'Hexagone est particulièrement ciblée par les critiques. Sur les 11 points identifiés comme des défaillances ou des manques, la totalité des centrales sont en défaut sur cinq à sept points.

    De manière générale, il est rappelé que les équipements de secours, comme les groupes électrogènes, ne sont pas assez protégés contre les séismes ou les inondations, contrairement aux réacteurs britanniques, allemands ou belges. Les centrales de l'Hexagone manquent par ailleurs d'instruments de mesure sismique adaptés aux exigences post-Fukushima. Ces carences avaient déjà été pointées par l'Autorité de sûreté nucléaire française dans son long rapport publié en juin et imposant des milliers de prescriptions aux exploitants.

    Lire : Nucléaire : les injonctions de l'ASN pour améliorer la sûreté du parc français

    Néanmoins, la centrale de Fessenheim, que François Hollande s'est engagé à fermer en 2016, "présente moins de mauvais points dans le tableau récapitulatif du document européen. Un exemple : les procédures prévues en cas d'accident grave sont jugées insuffisantes à Chooz et Cattenom, mais adéquates [dans la centrale alsacienne]". Toutes les centrales françaises sont toutefois équipées de recombineurs d'hydrogène, un équipement qui permet de prévenir des explosions d'hydrogène et qui fait défaut dans les 10 centrales du Royaume-Uni et cinq des six centrales espagnoles.

    TENSIONS ENTRE PARIS ET BRUXELLES

    Ces recommandations doivent être soumises aux dirigeants de l'UE lors du sommet des 18 et 19 octobre à Bruxelles. Avec l'ambition que les travaux de renforcement de la sûreté des sites européens soient effectués, au plus tard, d'ici à 2015.

    "D'ores et déjà, le ton monte entre Paris et Bruxelles. Le commissaire en charge de l'énergie et Delphine Batho, la ministre de l'écologie et de l'énergie, ont eu un entretien houleux sur le sujet, lundi 1er octobre, à Paris. M. Oettinger s'est aussi entretenu avec Henri Proglio, le PDG d'EDF, le principal exploitant de centrales en France, livre Philippe Ricard, correspondant à Bruxelles, dans un article du Monde daté de mercredi 3 octobre. Les autorités françaises ont cherché, ces derniers jours, à atténuer la portée des conclusions préparées par les services de M. Oettinger. A Paris, on se méfie de toute tentative de centralisation par l'Europe de la régulation du secteur nucléaire."

     

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    Les travaux des centrales françaises sont déjà programmés

    LE MONDE | <time datetime="2012-10-02T12:07:21+02:00" itemprop="datePublished">02.10.2012 à 12h07</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-10-02T14:12:04+02:00" itemprop="dateModified">02.10.2012 à 14h12</time>

     

    Au ministère français de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, pas question de surréagir aux conclusions des stress-tests européens concernant le parc nucléaire de l'Hexagone.

    La ministre, Delphine Batho, renvoie, dans un communiqué envoyé au milieu de la nuit, au travail déjà réalisé entre l'ASN, l'agence de sûreté nucléaire française et la Commission pour l'élaboration de ce processus d'audit lancé dès mars 2011, juste après la catastrophe de Fukushima.

    En clair, il n'y aurait rien de nouveau sous le soleil : en juin, un millier de prescriptions ont été faites à EDF, opérateur des 58 réacteurs français, à Areva et au CEA, afin de lancer les travaux d'un "noyau dur" préservant en toutes circonstances les fonctions vitales des installations : mise en place de moyens électriques bunkérisés et de groupes électrogènes de secours d'ici à 2018 ; création d'une force d'action rapide nucléaire pouvant intervenir en moins de vingt-quatre heures sur toute centrale accidentée, protection des eaux souterraines, etc.

    Au total, tous ces aménagements ont été évalués par EDF à 10 milliards d'euros environ, un chiffre que l'ASN a jugé "raisonnable".

    CRÉER DE L'OPACITÉ

    EDF et l'ASN – qui pour le moment et ils le regrettent n'ont pas eu accès au rapport que Günther Oettinger, le commissaire européen en charge de l'énergie, doit dévoiler publiquement le 4 octobre – se montrent surpris de la méthode retenue.

    "L'ASN a participé à ces travaux. Nous tiendrons évidemment compte des remarques de la Commission. Notamment des demandes pour établir des instruments de contrôle sismique encore plus adaptés... Mais pour le reste, nous ne voyons aucune révélation majeure...", explique-t-on à l'autorité de sûreté.

    A EDF, c'est l'étonnement qui domine. "Il y aurait un tableau qui circule toujours sous le manteau, qui ferait une sorte de comparaison des 147 réacteurs européens. Plusieurs versions existent, plusieurs fois amendées. Mais clairement, on compare des choux et des carottes", explique-t-on chez l'électricien. Et de préciser que, dans ce tableau, pour tous les réacteurs européens, des croix montrent les progrès qu'il leur reste à faire en matière de sûreté.

    A l'ASN, on finit donc par s'irriter de la méthode utilisée par la Commission, qui vise à créer de l'opacité dans un processus qui jusqu'à maintenant avait été joué de façon plutôt transparente puisque les recommandations sont disponibles en ligne.

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