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Des Victoires de la Musique enfin au diapason
Des Victoires de la Musique enfin au diapason
Mots clés : Victoires de la musique
Par Olivier Nuc Publié <time datetime="09-02-2013T12:08:00+02:00;" pubdate="">le 09/02/2013 à 12:08</time> Réactions (9)CHRONIQUE - Le palmarès des 28es Victoires de la musique est le reflet pertinent de la scène française, dans sa diversité et son dynamisme
La polémique n'a pas pris. En s'effarouchant que les plus gros vendeurs de disques de l'année (M Pokora, Patrick Bruel ou Johnny Hallyday) ne figurent pas dans la sélection des Victoires de la musique, la mauvaise foi et la démagogie pensaient s'inviter à une cérémonie qui ne doit pas, par essence, être une prime aux vainqueurs mais bien affirmer des choix. À ce titre, le palmarès 2013 est l'un des plus satisfaisants de l'histoire de la récompense.
Voir Dominique A salué par la profession comme l'interprète masculin de l'année est une nouvelle réjouissante, qui signe la reconnaissance pour un auteur-compositeur-interprète d'exception, auquel il n'aura manqué que des apparitions télévisées pour accéder à un public plus large. Après vingt ans d'une carrière impeccable, le quadragénaire est enfin convié au banquet, dans la foulée d'un album salué comme l'un de ses meilleurs. En 1996, le jeune homme bousculait la cérémonie compassée, ancrée dans les vieilles manies du showbiz français.
Ce palmarès 2013 marque l'accession d'une génération entièrement renouvelée aux avant-postes. La Grande Sophie, C2C, Skip the Use ou Shaka Ponk incarnent, chacun à leur manière, l'émergence de propositions nouvelles, populaires et pertinentes dans un paysage musical profondément renouvelé, ce que les Victoires de la musique prennent enfin en compte. Le bonheur de Lou Doillon était agréable à voir, même si elle aurait sans doute du repartir avec le prix pour le meilleur album de l'année plutôt qu'avec la distinction de meilleure artiste féminine. Sa prestation en direct fut l'une des plus fortes de la soirée, confirmant le caractère singulier de sa voix et sa belle musicalité. Quinze ans après ses débuts dans les bars de Marseille, la Grande Sophie a, elle, reçu le prix du meilleur album de chansons, construisant patiemment et soigneusement un parcours solide, à l'opposé des étoiles filantes de la télé-réalité.
En écartant délibérément les vétérans de la scène française, comme les vedettes préfabriquées d'aujourd'hui, les Victoires de la musique représentent une troisième voie, plus conforme à la réalité des musiciens d'aujourd'hui: des artistes voués à leur art, écumant les scènes, et non des feux de paille médiatiques. L'exemple de Shaka Ponk, qui a séduit de plus en plus de spectateurs jusqu'à remplir Bercy le mois dernier, en est l'illustration. Tout comme celui de C2C, collectif de platinistes nantais répertorié depuis longtemps, qui a posé des jalons dans les cercles spécialisés avant de séduire le grand public. En repartant avec quatre trophées, ils ont été les véritables vainqueurs de la soirée. Dommage qu'on ne leur ait pas demandé d'animer le dîner qui suivait la commémoration. L'apparition incongrue d'un groupe de reprises des Who, Rolling Stones ou Police entre le filet de bœuf et le dessert à la framboise fut accueillie avec consternation. Les invités - notamment les lauréats - quittèrent le banquet à toutes jambes, leur statuette sous le bras, sous les yeux incrédules des organisateurs, qui espéraient lancer une jam-session nourrie. Et si les Victoires de la musique avaient évolué plus vite que ceux qui président à leurs destinées?
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Tags : Victoires- Musique
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