• Devant la Grande Mosquée de Paris : « Nous sommes tous Hervé Gourdel »

    Devant la Grande Mosquée de Paris :

    « Nous sommes tous Hervé Gourdel »

    Le Monde.fr | <time datetime="2014-09-26T19:49:25+02:00" itemprop="datePublished">26.09.2014 à 19h49</time> • Mis à jour le <time datetime="2014-09-26T19:52:14+02:00" itemprop="dateModified">26.09.2014 à 19h52</time> |Par Elise Barthet

    lien François Akan, assistant commercial, présent devant la Grande mosquée  de Paris, le 26 septembre.
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    « Pires que des animaux », « des psychopathes », « des criminels »... Dans la foule rassemblée devant la Grande Mosquée de Paris, les condamnations pleuvent contre les assassins d'Hervé Gourdel. Le guide de haute montagne, décapité mercredi 24 septembre en Algérie par le groupe djihadiste Jund Al-Khilafa, a été tué par de « mauvais musulmans », répète-t-on. « Des fous haineux, des méchants ».

    « Le bon musulman, il veut aller au paradis. Si tu tues des innocents, tu ne vas pas au paradis, c'est comme ça », assène François Akan, 33 ans, assistant commercial, les paumes tournées vers le ciel comme on clame une évidence. Le jeune homme s'est rendu à la mosquée ce vendredi pour prier. Il y vient chaque semaine, reconnaît et salue des frères dans la petite assemblée.« L'islam, assure-t-il, n'a rien à voir avec cet assassinat horrible. Ce n'est pas parce que les Américains du sud du pays sont protestants que le protestantismeest la religion de l'esclavage ou de la ségrégation raciale. »

    « TOUS HERVÉ GOURDEL »

     

    Mêlés aux fidèles, beaucoup, dans la foule d'hommes et de femmes de toutes origines qui se pressent sur la petite place, sont venus en réponse à l'appel de Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman et recteur de la Grande Mosquée de Paris. Certains brandissent des pancartes « Pas en mon nom », le mot d'ordre lancé après l'assassinat de l'humanitaire britannique David Haines, et repris sur les réseaux sociaux français. D'autres tendent des encarts « Nous sommes tous Hervé Gourdel ».

    Lire la tribune : « #Notinmyname, mais au nom de qui au juste ? »

    <figure>Mhmend Brahmi, 72 ans, est venu d'Epinay pour manifester devant la Grande mosquée, vendredi 26 septembre.</figure>

    Mhmend Brahmi, retraité de 72 ans, est né en Kabylie, la région où a péri l'otage français. Installé dans l'Hexagone depuis cinquante ans, dont près de quarante à travailler pour Alstom, il est spécialement venu d'Epinay pourtémoigner son soutien. « Je manifeste rarement, explique-t-il, mais ce meurtre me rappelle les années noires de la guerre civile en Algérie [après l'annulation des élections qui avaient vu la victoire des islamistes]. Le chaos a duré plus sept ans, on avait peur pour nos familles, ça ne doit pas se reproduire. »

    Cet extrémisme renaissant, Marir M'Barek, travailleur social à Bezons (Val d'Oise), l'observe en militant épuisé de ne pouvoir l'empêcher. L'homme de 48 ans au sourire paisible évoque des « délinquants » embrigadés par de « pseudos imams qui prêchent avec le Coran dans une main et le portefeuille dans l'autre ». Il en veut à certaines municipalités d'avoir « acheté la paix sociale ces vingt dernières années en aidant ces religieux au détriment des associations laïques. La lutte qui commence avec ces types va être terrible », craint-il.

    « DEUX POIDS DEUX MESURES ? »

    Mais ces dénonciations et le principe même du rassemblement ne font pas l'unanimité devant la mosquée. A plusieurs reprises, des hommes prennent à partie les manifestants pour leur reprocher d'oublier « les 2 000 morts de Gaza ». « Est-ce que les Juifs vont devant les synagogues quand Israëlassassine ? » « Il y a deux poids deux mesures, parce que c'est un blanc »,lancent-ils. Rapidement, les esprits s'échauffent, les énervés sont mis à l'écart.

    Mais si certains, comme Moussa Niambele, 62 ans, président de l'AMO (Association des musulmans de l'ouverture), condamnent « des amalgames », d'autres entendent cette colère. Elle résonne avec celle de ces croyants plus ou moins pratiquants, lassés de devoir donner à l'opinion des gages de bonne citoyenneté. « Les musulmans n'ont pas à se justifier pour ce crime atroce qu'ils n'ont pas commis », s'indigne Saïd Aboudi, jeune homme de 35 ans. Une ligne défendue depuis mercredi par le Collectif contre l'islamophobie.

    <figure class="illustration_haut " style="box-sizing: border-box; margin: 0px 0px 15px; position: relative; width: 534px;">Devant la Grande mosquée de Paris, le 26 septembre.</figure>
     

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