-
Eau du robinet : Pas si potable que ça !
Eau du robinet : Pas si potable que ça !
Alimentation et santé
Une étude de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, publiée ce mardi, passe au peigne fin le réseau d'eau potable en France. Et les résultats sont inquiétants : près de deux millions de personnes reçoivent une eau non conforme aux réglementations car trop polluée. L'association pointe du doigt l'agriculture comme principale origine des pollutions.
Alerte ! L'eau du robinet ne serait pas si potable qu'elle ne le parait. C'est en tout cas ce qu'affirme une étude de l'UFC-Que Choisir publiée ce mardi. L'association de consommateurs indique en effet que près de deux millions de personnes en France recoivent une eau non conforme aux réglementations car trop polluée. Et première cible de la colère de l'UFC, l'agriculture qui serait « à l'origine de près de 70% des pollutions ». « Il y a près de deux millions de consommateurs qui paient pour de l'eau significativement polluée », a affirmé lors d'une conférence de presse Sylvie Pradelle, administratrice nationale de l'association. Des résultats troublants dans un pays comme la France, même si pour 97,5% de la population « globalement, l'eau est de bonne qualité grâce à la réglementation ».
La pollution ne frappe pas de manière égalitaire l'Hexagone. Ainsi, quasiment aucune grande ville ou ville de taille moyenne n'est atteinte. A l'inverse, 2.750 petites communes reçoivent de l'eau non conforme en France métropolitaine, essentiellement dans des zones d'agriculture intensive, indique l'UFC. L'association s'appuie sur une enquête menée depuis deux ans à partir des résultats d'analyses du ministère de la Santé, commune par commune. Un travail de fourmis pour des résultats chocs. Elle a passé ses résultats au crible de six critères « traduisant les principales contaminations ».
Des mesures à prendre
Des conclusions dont voici le détail. Les pesticides sont responsables de l'essentiel des pollutions d'origine agricole (60%) et leur utilisation dans l'agriculture « n'a pas diminué en 10 ans », dénonce l'association. Elle rappelle que si aucun des risques suspectés n'a pu être démontré, une exposition sur le long terme et les interactions entre les différents pesticides pourraient causer cancers et troubles de la reproduction. Les zones les plus touchées sont le Bassin parisien, le Nord, la Vallée du Rhône et le Sud-Ouest, et les communes les plus peuplées recevant de l'eau polluée sont Sens (Yonne) et Lisieux (Calvados).
Deuxième source de pollution agricole et principale cause de fermeture des captages (points d'extraction d'eau), les nitrates contaminent l'eau principalement dans le nord du pays, souligne l'association. La France fait d'ailleurs actuellement l'objet de poursuites de la part de Bruxelles pour son incapacité à lutter contre cette pollution, objet pourtant d'une directive européenne. L'UFC-Que choisir réclame donc « une protection efficace de tous les captages », « une application du principe pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles » et que « les aides de la politique agricole commune (PAC) soient réservées aux modes de production s'inspirant des agricultures intégrées et biologiques ». «On ne stigmatise pas les agriculteurs mais la politique agricole», précise Alain Bazot, pour qui « une façon de sauver la PAC est d'y ajouter une logique environnementale ».
En dehors de l'agriculture, les autres sources de contamination de l'eau sont liées « au défaut de traitement (qualité bactériologique, aluminium) et aux contaminations naturelles (radioactivité) » et touchent « 1.500 communes et 500.000 consommateurs ». « Pour nous, il y a urgence à agir » car « l'avenir ne peut pas être l'eau en bouteille », qui coûte 133 fois plus cher que l'eau du robinet, estime Alain Bazot, son président.
Tags : Ecologie, qualité de l\'eau, pollution, nitrates, pesticides
-
Commentaires