Médecins sans frontières (MSF) lance une charge envers la gestion de l'épidémie d'Ebola par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), accusée d'avoir ignoré ses appels à l'aide et trop tardé à réagir, dans un rapport publié lundi 23 mars.
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En première ligne dans la lutte contre Ebola, avec le déploiement de plus de 1 300 volontaires internationaux et plus de 4 000 employés locaux, MSF a tiré très tôt la sonnette d'alarme, jugeant dès mars 2014 que l'épidémie était « sans précédent ».
Peu de partage d'informations
Pourtant ce n'est que le 8 août que l'OMS a décrété une « urgence de santé publique mondiale » et demandé une « réponse internationale coordonnée ». « A ce moment-là, plus d'un millier de personnes étaient déjà mortes. Qu'est-ce qui a finalement déclenché ce passage à un mode de réponse d'urgence ? », s'interroge l'organisation non gouvernementale dans ce rapport publié un an après la notification officielle de l'épidémie par l'OMS.
Médecins sans frontières explique que jusqu'à l'été, il y avait peu de partage d'informations entre les pays concernés (Liberia, Guinée et Sierra Leone), les autorités comptant sur l'OMS pour faire la liaison entre eux. Ce n'est qu'en juillet qu'une nouvelle dynamique a été amorcée dans les bureaux locaux de l'OMS et qu'un centre régional d'opérations a été établi à Conakry pour superviser le soutien technique et opérationnel aux pays touchés.
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« Au lieu de limiter son rôle à fournir un soutien consultatif aux autorités nationales pendant des mois, l'OMS aurait dû reconnaître beaucoup plus tôt que cette épidémie nécessitait un déploiement plus adapté », dénonce MSF.
L'institution internationale n'a « pas identifié assez tôt le besoin de davantage de personnel », ni « mobilisé des ressources humaines supplémentaires et investi assez tôt dans la formation » des soignants, dont peu avaient de l'expérience dans le traitement de la fièvre hémorragique Ebola.
Occidentaux touchés, le tournant
Finalement, la donne a vraiment changé lorsque des Occidentaux ont été touchés par Ebola, telle l'aide-soignante espagnole qui a traité un missionnaire mort d'Ebola à Madrid, première personne contaminée connue hors d'Afrique. Elle a été déclarée guérie.
« Quand Ebola est devenue une menace pour la sécurité internationale et plus une crise humanitaire touchant une poignée de pays pauvres en Afrique de l'Ouest, finalement le monde a commencé à se réveiller », résume Mme Joanne Liu, présidente internationale de MSF.
« L'OMS aurait dû combattre le virus, pas MSF », tacle Christopher Stokes, directeur général de l'ONG. L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, partie du sud de la Guinée, a été la plus grave de l'histoire, causant plus de 10 000 décès selon l'OMS.
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