• Ecoutes de Sarkozy : comment le gouvernement a raté sa communication

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    Ecoutes de Sarkozy : comment le gouvernement

    a raté sa communication

    En refusant d'avoir une stratégie claire, il a transformé une opportunité politique en désastre.

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    </hgroup> </header> <figure id="image_623729"> Les ministres Marie-Arlette Carlotti, Geneviève Fioraso, Christiane Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem entourent le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l'Elysée, le 5 février 2014. <figcaption>Les ministres Marie-Arlette Carlotti, Geneviève Fioraso, Christiane Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem entourent le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l'Elysée, le 5 février 2014. (LCHAM / SIPA)</figcaption> </figure> <section class="byline clearfix"> Par

    Mis à jour le <time datetime="2014-03-13T19:24:32+01:00" itemprop="dateModified">13/03/2014 | 19:24</time> , publié le <time datetime="2014-03-13T19:24:20+01:00" itemprop="datePublished">13/03/2014 | 19:24</time>

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    "On est le seul gouvernement capable de transformer de l'or en plomb." L'affaire des écoutes visant Nicolas Sarkozy provoque des regrets, voire des hurlements, chez de nombreux responsables de gauche, comme le relaie Le Monde du 13 mars. Alors qu'une information judiciaire pour "trafic d'influence" a été ouverte en raison du contenu des écoutes de l'ancien président de droite, c'est le gouvernement de gauche qui se retrouve obligé de se défendre face aux accusations de manipulation. La faute à une communication ratée sur laquelle francetv info s'est penché.

    Une communication chaotique

    Face à la révélation d'écoutes compromettantes pour Nicolas Sarkozy, le gouvernement a réagi de façon erratique, suivant une stratégie sans ligne claire.

    Le gouvernement se tait. Dans un premier temps, le gouvernement a préféré garder le silence, laissant à Harlem Désir, patron du PS, le soin d'évoquer "une affaire d'Etat". L'UMP, de son côté, vient soutenir Nicolas Sarkozy, dénonçant un harcèlement politicomédiatique et un complot piloté par le pouvoir en place, notamment Christiane Taubira.

    Taubira contre-attaque. Il faut attendre le lundi 10 mars au soir pour voir la garde des Sceaux nier ces accusations en direct sur TF1, affirmant qu'elle "n'avait pas l'information avant" que la presse révèle ces écoutes.

    Ayrault intervient. Le lendemain, l'UMP accélère et demande des clarifications au Premier ministre, accusant le gouvernement d'avoir placé l'opposition sur écoute. Sur le plateau de France 2, Jean-Marc Ayrault affirme que, comme le prévoit la loi, il a eu connaissance de la procédure dès le 26 février, tout comme Christiane Taubira, mettant à mal la version de la ministre de la Justice.

     

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    Mais il précise dans la foulée que celle-ci n'a pas pour autant menti, la veille, sur TF1 : "On lui pose la question : 'Qui était écouté, d'après vous ?' Elle a répondu : 'Je ne le sais pas.' Et ça, nous ne le savions pas."

    Taubira rectifie. Mercredi 12 mars, les critiques fusent sur les contradictions du gouvernement. Face au tollé, la ministre de la Justice soutient, lors d'un point presse, n'avoir aucune information "concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires", et brandit, pour appuyer son propos, deux documents.

    Sauf que Le Monde parvient à retranscrire le contenu de ces feuilles datées du 26 février. Ces documents montrent que la garde des Sceaux a bien eu des informations sur le contenu des écoutes, contrairement à ce qu'elle venait d'affirmer plus tôt. L'opposition exige la démission de la ministre.

    Taubira re-rectifie. Jeudi 13 mars, la ministre de la Justice se défend à nouveau dans Le Monde, et écarte toute idée de démission, que des rumeurs lui prêtent. Elle explique que les lettres qui lui valent d'être vilipendée ne contiennent pas la retranscription des écoutes.

    Une communication mal préparée

    Une concertation très tardive. C'est avant tout dans la préparation de sa communication que le gouvernement semble avoir pêché. Le staff sarkozyste a commencé à peaufiner des éléments de langage et des réponses aux journalistes dès le jour où l'affaire a éclaté, soit le vendredi 7 mars au matin, comme l'affirme VSD. L'exécutif actuel, lui, n'a pas décidé d'accorder ses violons avant de communiquer. "Nous n'en serions pas là si nous avions calé quelque chose, reconnaît ainsi Christiane Taubira, évoquant son interview sur TF1 du lundi 10 mars. Certains récitent des éléments de langage. Pour ma part, je réponds aux questions, à mon détriment d'ailleurs" explique-t-elle dans Le Monde.

    Le quotidien précise également que ce n'est que le mardi 11 mars au soir que des éléments de langage ont été transmis entre l'Elysée et Matignon. Il a donc fallu quatre jours pour unifier le discours. Une "éternité pour la société médiatique actuelle qui veut de l'immédiateté", explique Anne-Claire Ruel, spécialiste en communication politique et auteure du blog Fais pas com' papa. Ce qui fait hurler un ministre anonyme : "C'est insupportable de nullité".

    Une méthode dépassée. Le mercredi 12 mars au matin, François Hollande a fini par réunir Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira pour trouver une porte de sortie : c'est là qu'il est décidé que la garde des Sceaux va s'expliquer à la fin du Conseil des ministres, quasiment à l'improviste, armée de ces documents.

     

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    "Elle a voulu utiliser le concept de 'triangulation', explique Anne-Claire Ruel. Elle introduit un troisième interlocuteur, représenté par le document brandi. C'est un truc de com' dépassé pour ne pas se retrouver seul face à des accusations." Cette mise en scène, qui n'a marché ni pour Gilbert Collard, ni pour DSK, rappelle Slate, rendait cet accident communicationnel prévisible.

    Une communication méprisée

    La peste ou le choléra ? Nombre de responsables de la majorité très en colère contre le Premier ministre et la garde des Sceaux ne comprennent pas leur choix de ne pas admettre d'emblée qu'ils étaient au courant de l'affaire. "Il suffisait de dire simplement ce qu'ils savaient, à savoir très peu de choses en réalité, soupire un ministre dans Le Monde. Heureusement que je n'ai pas une corde sous la main pour me pendre."

    Dire qu'ils ne savaient rien, c'était donc, pour Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira, s'exposer au risque d'être accusés de mensonge. Mais admettre qu'ils savaient, c'était laisser penser que les écoutes avaient un but politique. "C'est vrai que c'est un peu la peste ou le choléra, concède Anne-Claire Ruel. Mais il faut toujours mieux assumer. Là, ils sont tombés dans le piège, pourtant très gros, tendu par l'opposition."

    La gauche n'aime pas la communication. Déjà détectée lors du conflit Valls-Duflot, une sorte de "maladie héréditaire" semble empêcher toute communication unie et claire au gouvernement. Dans son livre L'homme sans com', Denis Pingaud estime que la mauvaise communication du pouvoir actuel est liée à la culture politique de la gauche, "habituée à la diversité des points de vue plutôt qu’à la discipline de l’argument".

    Le coup de boomerang. De façon générale, le gouvernement semble avoir un certain mépris pour la communication. Christiane Taubira s'était déjà distinguée en dénigrant un exercice proposé lors de l'émission des "Des paroles et des actes", en septembre 2013, sur France 2.



    "Pour le gouvernement, la communication est souvent synonyme de manipulation, de mensonge, explique Anne-Claire Ruel. Ils pensent qu'on peut toujours rattraper une erreur, rectifier. Ils n'ont pas compris que la communication est indispensable pour gouverner, pour faire passer des messages, et qu'elle a des conséquences politiques. A dix jours des municipales, c'est grave, d'autant qu'on voit dans les enquêtes d'opinion que les gens ont une défiance de plus en plus grande vis-à-vis du politique."

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