• Edito

    Edito


    Le 11 octobre, le Président Thein Sein ordonnait la libération de 6359 prisonniers.Comme ce fut le cas lors des précédentes libérations en masse, la grande majorité des détenus libérés étaient des prisonniers de droit commun.   Seulement 237 étaient des prisonniers politiques, soit moins de 4% du nombre totalde libérés  .   S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour ces anciens prisonniers, leurs familles et l’ensemble du mouvement pour la démocratie, beaucoup d’entre eux rappellent que la majorité de leurs camarades demeurent incarcérés.   Alors que les membres de la communauté internationale accueillent favorablement cette libération, tous reconnaissent que ce geste est insuffisant et continuent d’appeler à la libération inconditionnelle de tous les prisonniers de conscience.

    Après plusieurs signes porteurs d’espoir, cette déception nous rappelle que le chemin sera encore long avant de pouvoir affirmer qu’un véritable processus de démocratisation est en cours en Birmanie. Lors de la présentation de son dernier rapport à l’Assemblée générale des Nations unies, M. Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, soulignait d’ailleurs que degraves violations des droits de l’homme perdurent dans le pays.
    Cependant, l’attention internationale reste focalisée sur les évolutions politiques en cours à Rangoun et Naypyidaw. Le Parlement a récemment amendé la loi sur l’enregistrement des partis politiques.
    Bien que la Ligue Nationale pour la Démocratie n’ait pas encore annoncé sa décision, cet amendement lui permettrait de briguer des sièges parlementaires lors des prochaines élections de mi-mandat qui devraient avoir lieu fin 2011 ou début 2012.

    Tout comme la décision de suspendre le projet du barrage de Myitsone et l’assouplissement de la censure des médias, ces réformes sont bien sûr les bienvenues.

    Elles ne doivent cependant pas masquer la gravité de la situation dans laquelle se trouvent les populations issues des minorités ethniques et la nécessitéde mettre un terme immédiat aux affrontements armés qui ont lieu dans les régions où elles se trouvent. Durant le mois d’octobre, les combats se sont intensifiés dans l’Etat Kachin et le Nord de l’Etat Shan. Ce sont les civils de ces régions qui continuent à payer le prix
    fort : le nombre de déplacés internes a atteint 112 000 au cours de l’année écoulée, un chiffre qui n’a jamais été aussi important en 10 ans .

    1 Reléguant en seconde position ce problème qu’Aung San Suu Kyi définit elle-même comme étant le plus important

    2 , de nombreux observateurs font preuve d’un optimisme hâtif et dangereux, déclarant que « des encouragements divers (allègementdes sanctions ?), paraissent opportuns, souhaitables. »

    3 Si l’on doit bien évidemment reconnaître et accueillir favorablement les avancées
    qui ont lieu sur le terrain politique,
    dans quelle mesure peut-on récompenser un
    gouvernement qui continue d’enfermer plus de 90% des prisonniers politiques
    de son pays et qui autorise ses soldats à piller, violer et déplacer des populations
    entières en toute impunité ?
    La réponse des diplomaties internationales doit être
    concertée, pondérée et proportionnelle à l’importance des réformes mises en
    place. Ces dernières doivent être avoir lieu non seulement à Rangoun et Naypyidaw,
    mais aussi dans le reste du pays.


    1“Displacement and Poverty in South East Burma/Myanmar”, rapport de l’organisation Thailand Burma Border
    Consortium (TBBC), téléchargeable à cette adresse : http://www.tbbc.org/resources/resources.htm#idps
    2 « Change at last? » Interview d’Aung San Suu Kyi, The Economist on line, 18/10/2011, http://www.economist.
    com/blogs/banyan/2011/10/aung-san-suu-kyi-democracy
    3 « Birmanie, enfin sur la voie de l’ouverture? » Olivier Guillard, Actualités Stratégiques en Asie n°93, 26/10/2011


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