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Edouard Martin, un syndicaliste en politique
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Edouard Martin, un syndicaliste en politique
(Mis à jour : <time datetime="2013-12-18T13:35:07" itemprop="dateModified">18 décembre 2013 à 13:35</time>)<time datetime="2013-12-18T11:52:25" itemprop="datePublished"> 18 décembre 2013 à 11:52 </time><aside class="tool-bar">
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Le syndicaliste CFDT d'ArcelorMittal à Florange (Moselle), Edouard Martin, le 26 septembre à Florange. (Photo Nicolas Bouvy. AFP)
</figcaption></figure>L'annonce par le syndicaliste de Florange de son ralliement au PS
pour les élections européennes a été fraîchement accueili à la CFDT,
qui veut cultiver son indépendance par rapport à la politique.
De syndicaliste dans la sidérurgie à candidat socialiste pour un mandat européen: la décision d'Edouard Martin, l’emblématique militant ouvrirer de Florange (Moselle) et désormais candidat du PS aux élections européennes
de 2014 dans le Grand Est, a fait réagir, notamment à la CFDT. Et pose la question des relations parfois délicates entre monde syndical et monde politique.
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portrait zappé
Edouard Martin, une reconversion en acier trompé
La sortie d'Edouard Martin de la CFDT est en cours: il a remis mercredi son mandat de représentant CFDT du comité d’entreprise européen d’ArcelorMittal. «Fidèlement aux pratiques d’indépendance de la CFDT à l’égard
des partis politiques, Edouard Martin a immédiatement remis dans les mains de notre fédération, le mandat qu’il détenait d’elle, de membre CFDT du Comité européen d’ArcelorMittal», affirme le syndicat dans un communiqué. Edouard Martin n’avait pas de mandat national à la CFDT. Il reste adhérent du syndicat.
Chez les cédétistes, la nouvelle de l'entrée d'Edouard Martin en politique a été accueillie assez fraîchement.
«C’est un choix personnel qui n’engage en rien notre organisation, s’est empressé de réagir Alain Gatti, responsable du syndicat en Lorraine. Edouard Martin a choisi une voie qui n’est pas la nôtre, et ce choix brouille notre image de syndicat autonome du politique». Avant de concéder qu' «il s’agit néanmoins d’une bonne chose que la politique s’ouvre à la société civile, qu’elle fasse appel à des gens issus du monde ouvrier».
D’autres responsables de la CFDT sont plus durs encore: «Tout le monde est un peu furieux, et notamment
Laurent Berger [le secrétaire général de la confédération], qui n’a été prévenu que très tard, avoue un cadre national.
Cette affaire va alimenter encore plus notre image fantasmée de syndicat courroie de transmission du PS.»
Et de lâcher un peu sèchement en direction des socialistes: «Décrocher un symbole fort sur une liste électorale
ne compense pas l’absence de ligne politique.» Il n’y a bien que ses compagnons de militance pour se réjouir: «J’ai reçu plusieurs messages de gens qui ne comprenent pas, qui l’accusent d’être un traître, mais s’il est élu,
il défendra nos valeurs, notamment au niveau européen, où tout se joue pour l’industrie», s’enthousiame Patrick Auzaneau, délégué national CFDT d’ArcelorMittal, qui l’a coaché lors de ses premiers pas de militant syndical. Avant d’admettre, un peu désabusé: «La politique est aussi un monde de rapaces, je ne sais pas trop ce qu’il
va pouvoir faire.»
La fédération des mines et de la métallurgie dit «respecter» le «choix personnel» d'Edouard Martin,
en expliquant qu’il constitue «une autre forme, que celle du syndicalisme, d’engagement au service de la
société». Elle salue également l'«ouverture à la société civile» que représente la candidature d’un «citoyen
issu de l’immigration et d’un milieu populaire, doté d’une expérience syndicale».
Par ailleurs, le syndicaliste explique son choix de s'engager en politique dans un entretien au Monde. Il assure
que le PS «a beaucoup insisté». Il assure n’avoir «jamais pensé faire de la politique. Je porte sur elle un regard très critique. Tant de violence, tant de mauvaise foi...»
«Harlem Désir a voulu me rencontrer. J’ai fini par accepter». «Je lui ai dit que je n’avais pas l’intention
d’adhérer au PS. Il m’a répondu que ce n’était pas un problème» mais qu’il devait rejoindre le groupe socialiste
au Parlement européen. Edouard Martin dit avoir «la garantie d’avoir une entière liberté d’expression et
d’action».
En revanche, il n’a eu «aucun» contact avec l’Elysée depuis la venue de François Hollande à Florange le 26 septembre. «Le Front de gauche ne m’a rien proposé et, même s’ils l’avaient fait, j’aurais refusé», note le sidérurgiste. «Si s’engager en politique, c’est aller là où tout va bien, où on peut tranquillement rester dans l’incantatoire, alors non. Dans la vie, il faut mettre les mains dans le cambouis. Et puis j’ai toujours voté
socialiste».
Relancé sur les accusations de «trahison», portées contre lui, il s’insurge: «Qui est resté vingt-quatre mois sur le piquet de grève, certaines nuits avec - 15 degrés dehors ? J’étais là du début à la fin». «Je n’ai aucune leçon à recevoir. Plus de 600 salariés de Florange ont déjà été reclassés. Il n’en reste plus que treize sans travail. Je me battrai jusqu’au dernier».
Comme on lui rappelle qu’il a traité le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de traître dans son livre Ne lâchons rien, il tranche: «Je ne renie rien de ce que j’ai fait ou dit.» Mais «je regarde vers l’avenir». Et Harlem Désir,
gratifié par lui d’un «plat à en mourir d’ennui»? «C’est ce que j’ai ressenti à l’époque, commente Edouard Martin. Je m’étais aperçu qu’il n’avait même pas lu l’accord signé entre son gouvernement et Mittal.» «Je comprends ceux, y compris parmi mes copains, qui peuvent être tentés par le FN». Mais «à Florange, on importe 100 % de la matière première, on utilise des machines-outils venues d’ailleurs, on exporte 70% de la production. Alors si on ferme les frontières, comme le propose le FN, qu’est-ce qu’on devient? Leur programme serait une catastrophe».
Edouard Martin, 50 ans, a annoncé mardi au journal de 20 heures de France 2 qu’il serait la tête de liste PS aux Européennes dans la circonscription du Grand Est. Il avait été propulsé l’an dernier sur le devant de la scène à l’occasion de la lutte contre la fermeture des hauts fourneaux lorrains. A l’époque, le syndicaliste n’avait pas
mâché ses mots contre le gouvernement, à qui il reprochait d’avoir cédé face à ArcelorMittal sur Florange.
Edouard Martin évoquait en janvier dernier l’idée d’un engagement politique non pas personnel mais
«collectif» :
Tags : syndicats, politique, Edouard Martin- CFDT- syndicaliste - en politique
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