La présidentielle égyptienne, fixée au 23 et 24 mai, aura-t-elle lieu ? Pour l'instant, il n'est pas encore question de reporter le scrutin, qui aurait dû être organisé il y a déjà plusieurs mois si le calendrier établi après la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 avait été respecté. Toujours est-il que la journée de mercredi ne présage rien de bon pour les trois semaines qui viennent.
Selon un bilan qui pourrait encore s'alourdir, une vingtaine de personnes ont en effet été tuées au Caire lors d'affrontements entre des manifestants hostiles au pouvoir militaire et des groupes non identifiés. Les deux camps ont échangé pendant des heures coups de feu, jets de pierres et cocktails molotov, tandis que des personnes, le corps en sang, étaient battues à coups de barre de fer dans des scènes de lynchage en pleine rue.
L'armée prête à s'effacer
Parmi les manifestants figuraient de nombreux partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl. Ils campaient dans le secteur du ministère de la Défense depuis samedi après l'exclusion par la commission électorale de leur candidat à la présidentielle -Hazem Abou Ismaïl fait partie des dix candidats (sur 23) à avoir été éliminés en raison d'irrégularités dans leurs dossiers.
Ces affrontements ont amené deux des principaux candidats -Mohamed Morsi pour les Frères musulmans et l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh- à suspendre leurs activités, seulement deux jours après le début officiel de la campagne.
En réaction, l'armée égyptienne a affirmé être prête à quitter le pouvoir dès le 24 mai en cas de victoire de l'un des candidats à la présidentielle dès le premier tour. Le Conseil suprême des forces armées, à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir, avait déjà promis de s'effacer au plus tard fin juin, à l'issue d'un éventuel second tour.