• Egypte : L'armée siffle la fin de la contestation,les heurts débutent...

    03/02/11 | 07:00 | Yves Bourdillon   EGYPTE

    Egypte : l'armée siffle la fin de la contestation, les heurts débutent

    L'armée a appelé hier les manifestants à interrompre leur action au lendemain de l'annonce par Hosni Moubarak de son départ en septembre. L'opposition maintient la mobilisation. Les Occidentaux haussent le ton.

    Ecrit par
    Yves BOURDILLON
    Yves BOURDILLON
    Journaliste

    La plus grande incertitude régnait hier au Caire, au lendemain de la mobilisation de plus de 1 million de personnes réclamant le départ immédiat du président égyptien. L'armée, puis hier soir le vice-président Omar Souleimane ont appelé les manifestants à rentrer chez eux dès lors que leurs « revendications ont été entendues », en allusion à l'engagement, mardi soir, d'Hosni Moubarak à ne pas se représenter à l'élection présidentielle de septembre. Mais les opposants ne se disaient pas dupes hier et continuent de manifester. Un délai de sept mois jusqu'à une élection briserait en effet leur dynamique et donnerait largement le temps au régime militaire d'organiser un scrutin à sa main, fort d'un savoir-faire rodé en matière de fraudes et d'intimidations. L'opposition maintenait donc son appel à une manifestation géante vendredi, jour de prière.

    Même si les organisateurs ne semblaient pas envisager de franchir la ligne jaune vendredi en tentant de s'emparer de bâtiments officiels, les risques d'incidents ont nettement augmenté après l'assaut lancé hier contre les manifestants sur la place Tahrir, haut lieu de la contestation au Caire. Des centaines de militants pro-Moubarak et, selon l'opposition, des policiers en civil ont chargé les manifestants à coups de bâton et de couteau, ou à cheval et à dos de dromadaire. Les combats ont fait, selon le ministre de la Santé, trois morts et 640 blessés. Deux cocktails Molotov ont atterri dans la cour du musée du Caire, qui contient des richesses archéologiques inestimables. L'armée est restée passive dans un premier temps, avant de s'interposer au prix de tirs de semonce, selon certains témoignages, contredits toutefois officiellement. Les sièges de plusieurs journaux indépendants ont aussi été attaqués par des voyous.

    Internet partiellement rétabli

    Mohamed ElBaradei, le fédérateur de l'opposition, a souhaité que l'armée sorte de sa neutralité et a dit s'attendre à ce qu'elle intervienne « dans la journée » pour « protéger les Egyptiens ». Ces attaques, qui révèlent, selon les opposants, la nature criminelle du régime, poussaient certains analystes, qui croyaient le matin même qu'Hosni Moubarak pourrait réussir son gambit et tenir jusqu'en septembre, à estimer que le raïs avait « surjoué ses cartes » et que l'armée serait obligée de le lâcher. « Aucun de mes contacts dans le pays ou des investisseurs ne croit désormais qu'il sera encore au pouvoir dans quelques mois », résume Angus Blair, de la banque d'investissement Beltone Financial.

    Le ministère égyptien des Affaires étrangères a pourtant refusé les appels à une « transition immédiate » du pouvoir, demandée la veille par le président américain, Barack Obama. Paris a appelé hier à ce que la transition débute « sans tarder ». Londres attend une transition « rapide et immédiate », tandis que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, estimait que l'annonce d'un départ d'Hosni Moubarak dans sept mois ne correspondait pas aux attentes du peuple.

    Hier soir, le sénateur John McCain a pour sa part appelé le président égyptien à démissionner et « à lâcher les rênes du pouvoir ». Une affirmation révélée peu après que l'élu républicain ait rencontré le président Barack Obama à la Maison Blanche.

    YVES BOURDILLON, Les Echos

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