• Emmanuelle Cosse, d'Act Up aux micmacs écolos

    Emmanuelle Cosse, d'Act Up aux micmacs écolos

    LE MONDE | <time datetime="2013-11-28T12:28:41+01:00" itemprop="datePublished">28.11.2013 à 12h28</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-30T19:53:02+01:00" itemprop="dateModified">30.11.2013 à 19h53</time> | Par

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    <figure class="illustration_haut"> Emmanuelle Cosse, vice-présidente de la région Ile-de-France, ici le 29 octobre à Arcueil (Val-de-Marne), devrait succéder à l’actuel secrétaire national d’EELV, Pascal Durand. </figure>

    Elue samedi 30 novembre secrétaire nationale d' Europe Ecologie-Les Verts (EELV) avec 55,35% des voix lors du congrès de Caen (Calvados), Emmanuelle Cosse a du pain sur la planche. Certes, la motion qu'elle dirige est arrivée en tête mais son score (38,29 %) ne lui permet pas de fanfaronner. Près de la moitié des militants ne sont pas allés voter. « Quoi qu'il arrive, il faut que le 30 novembre on soit rassemblés, unis et en ordre de marche pour les municipales et les européennes », explique-t-elle.

    Lire aussi : Congrès EELV : la motion soutenue par Cécile Duflot en tête

    Face aux divergences qui semblent profondes au sein du parti, elle consulte, reçoit les uns, appelle les autres. « Pendant ce temps, je garde les enfants », glisse son compagnon Denis Baupin, député EELV de Paris. Depuis que Pascal Durand a été poussé vers la sortie fin septembre, Mme Cosse apprend à s'installer dans ses fonctions de secrétaire national.

    Son nom avait un double avantage : un parcours ancré à gauche et une arrivée récente à EELV. « C'est un affichage qui permet de dire que ce ne sont pas les Verts qui tiennent le parti, juge le député de Gironde Noël Mamère, qui vient de quitter EELV. C'est plutôt astucieux mais ça ne trompe personne. » Sauf surprise de dernière minute, elle devrait être élue avec la lourde tâche de remettre sur les rails un parti affaibli, divisé et inaudible.

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    Issue du mouvement social, cette mère de 39 ans a un CV militant bien rempli. A peine majeure, elle rejoint Act Up-Paris, dont elle deviendra en 1999 la première présidente séronégative et hétérosexuelle. L'étudiante en droit sera de cette opération mémorable qui avait consisté, avec l'aide de Benetton, à recouvrir l'Obélisque de la Concorde d'un préservatif géant rose le 1er décembre 1993.

    Elle se dirigera ensuite vers le journalisme : à Têtu puis à Regards où elle croise Clémentine Autain, aujourd'hui au Front de gauche.

    En 2007, elle est approchée par les Verts pour les municipales mais son parachutage dans le 3e arrondissement de Paris échoue face aux réticences de Martine Billard, alors députée de la circonscription. Trois ans plus tard, elle est candidate aux régionales en Ile-de-France avant de décrocher la vice-présidence au logement. Un sujet sur lequel elle apprend vite, elle que l'on décrit comme « une grosse bosseuse ». Elle épaulera la ministre Cécile Duflot lors de la préparation de sa loi sur le logement. Les deux femmes se sont « découvertes » en 2009 avant de faire la campagne des régionales. Dans le bureau de Mme Cosse, une photo avec l'ex-patronne des Verts trône en bonne place. « Elle est très costaud au sens technique et politique », confie Mme Duflot.

    « ON EST LÀ POUR OBTENIR DES VICTOIRES »

    Son engagement à EELV, Mme Cosse le conçoit comme une continuité. « C'est la même logique qu'à Act Up, affirme-t-elle. On est là pour obtenir des victoires. » Elle reconnaît cependant que la forme d'un parti est « moins évidente » : « On a moins de liberté et il faut accepter la logique majoritaire. »

    C'est bien ce que ne comprend pas Didier Lestrade : le cofondateur de l'association de lutte contre le sida l'accuse d'avoir « renié » son parcours dans un parti « qui ne s'intéresse qu'aux magouilles internes pour prendre le pouvoir ». « C'est une honte !, s'emporte-t-il. C'est l'archétype de l'échec de la formation qu'on a pu lui donner. Elle mérite de subir les actions coup de poing qu'elle faisait quand elle était à Act Up. »

    On dit pourtant Mme Cosse taillée pour le poste. « Son analyse politique, son caractère, sa capacité à faire travailler les gens : elle fait l'affaire », estime Jean-Vincent Placé, le patron des sénateurs écologistes. Son parcours lui a également permis de tisser de solides réseaux à gauche. « C'est quelqu'un qui a de la poigne et qui est suffisamment proche de Duflot pour garantir le fait que le parti soit tenu », estime Mme Billard, devenue coprésidente du Parti de gauche.

    L'ancienne activiste saura-t-elle s'émanciper pour redonner à EELV la dynamique qui lui fait aujourd'hui cruellement défaut ? La gauche du parti en doute. « Elle fera illusion mais on verra très vite à qui on a affaire : elle est totalement intégrée au système et fera tout ce qu'on lui demande », juge le député des Français de l'étranger Sergio Coronado. « C'est difficile pour moi de voir quelqu'un comme Emma apporter sa légitimité à la caution de la participation gouvernementale », regrette Mme Autain. Emmanuelle Cosse, elle, assure qu'elle n'est pas venue à Europe Ecologie « pour faire carrière ». Quatre ans après son arrivée dans le parti, elle n'a pourtant pas trop mal réussi.

    Raphaëlle Besse Desmoulières 
    Journaliste au Monde


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