• En deuil, le Liban rattrapé par la guerre en Syrie

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    En deuil, le Liban rattrapé par la guerre en Syrie

    LE MONDE | <time datetime="2015-11-13T10:26:26+01:00" itemprop="datePublished">13.11.2015 à 10h26</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-11-13T11:16:20+01:00" itemprop="dateModified">13.11.2015 à 11h16</time> | Par

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    Sur le lieu d'un des deux attentats-suicides, à Beyrouth, le 12 novembre.

    Vendredi 13 novembre, au lendemain d’un double attentat-suicide qui a causé la mort de 43 personnes, dans la banlieue sud de Beyrouth, la totalité des écoles et des universités du Liban devaient rester fermées en signe de deuil.

    Cette mesure, jamais prise jusque-là en dépit des nombreuses attaques qui ont secoué le pays depuis le début de la crise syrienne, en 2011, témoigne de l’émotion suscitée par l’attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI).

    Il s’agit non seulement de l’action terroriste la plus meurtrière qu’ait connue Beyrouth depuis la fin de la guerre civile, en 1990, mais aussi de la fin d’une accalmie d’un peu moins de deux ans, durant laquelle la capitale libanaise s’était maintenue à l’écart du chaos régional. La dernière attaque d’envergure l’ayant frappée remonte au 19 février 2014, date d’un attentat à la voiture piégée devant le centre culturel iranien, qui avait fait 11 morts. « Je crains que nous revenions à la période des explosions », s’est exclamé le ministre de la santé, Waël Abou Faour, à l’unisson du pessimisme noir qui envahit de nouveau la population beyrouthine.

    « Bastion des hérétiques »

    C’est dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj El-Barajneh que le premier kamikaze, circulant sur un deux-roues, a déclenché sa charge explosive. Comme la totalité ou presque de la Dahyé, la banlieue sud de Beyrouth, l’endroit est un fief du Hezbollah, le mouvement chiite libanais. C’est là que réside une partie de sa base sociale et de ses cadres, militaires ou politiques. Quelques minutes après la première détonation, survenue devant un centre communautaire chiite, un second assaillant s’est fait exploser un peu plus loin, au milieu de la foule qui accourrait. Outre les 43 morts, les secouristes ont comptabilisé plus de 240 blessés. Le bilan aurait pu être encore plus lourd car un troisième kamikaze a péri dans une des deux attaques avant de pouvoir actionner sa propre charge.

    « C’est une stratégie de provocation. L’objectif est de semer la zizanie entre chiites et sunnites au Liban », estime le chercheur libanais Walid Charara

    Dans son communiqué de revendication, l’EI s’est félicité que les « soldats du califat » aient frappé le « bastion des hérétiques », une référence aux chiites, que les djihadistes considèrent comme des apostats. La haine des extrémistes sunnites à l’encontre du Hezbollah a été avivée par la participation de ses miliciens, à partir de 2012, à la répression du soulèvement anti-Assad en Syrie, qui est à dominante sunnite. Durant l’année suivante et jusqu’au début de l’année 2014, une demi-douzaine d’attentats ont ensanglanté en représailles des secteurs chiites de Beyrouth, l’un d’eux visant même l’ambassade d’Iran, le parrain régional du Hezbollah. Des actions revendiquées par diverses formations djihadistes, telles que les Brigades Abdallah Azzam, un groupuscule pro-Al-Qaida, ou le Front Al-Nosra, la franchise syrienne de l’organisation fondée par Oussama Ben Laden et par l’Etat islamique en Irak et au Levant, l’ancienne appellation de l’EI.

    Le carnage de Bourj El-Barajneh, dénoncé comme un « acte abject » par le président François Hollande, survient alors que la multinationale terroriste dirigée par Abou Bakr Al-Baghdadi, l’autoproclamé « calife » et « prince des croyants », rencontre des difficultés croissantes. Mardi 10 novembre, avec l’aide de l’aviation russe, l’armée syrienne a réussi à briser le siège de l’aéroport de Koueires, dans le gouvernorat d’Alep, qui était encerclé par l’EI depuis deux ans. Deux jours plus tard, les troupes gouvernementales se sont emparées de la ville de Hader, dans la même région, une importante base du Front Al-Nosra. Quelques centaines de kilomètres plus à l’est, la ville irakienne de Sinjar, sur laquelle flotte le drapeau noir des djihadistes depuis l’été 2014, fait face à une offensive simultanée des peshmergas kurdes et de la coalition anti-EI conduite par les Etats-Unis.

    L’EI sous pression

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    Dans les rues de Beyrouth, le 13 novembre. </figure>

    « Après l’intervention de Moscou, l’Etat islamique est soumis à une très forte pression, décrypte Mario Abou Zeid, analyste au centre Carnegie de Beyrouth. Les bombardements russes ont redonné une capacité offensive au régime syrien, qui commence à grignoter le territoire de l’EI. » Dans ses objectifs, même si le mode opératoire diffère, l’attaque des secteurs chiites de Beyrouth s’apparente à la destruction en vol, le 31 octobre, du charter russe reliant Charm El-Cheikh à Saint-Pétersbourg, qui a été revendiquée par la filiale égyptienne de l’EI. Même si les enquêtes n’ont pas encore conclu catégoriquement à un attentat, les indices recueillis jusque-là, et notamment les enregistrements des boîtes noires, incitent à penser que l’avion a été victime d’une bombe placée en son sein.

    Affaibli dans son pré-carré syro-irakien, l’EI riposte sur un autre terrain, en se vengeant sur les alliés du régime syrien, la Russie comme le Hezbollah. Il fait la démonstration que sa capacité de représailles reste intacte et agite le spectre d’un nouveau cycle d’attentats, pour peu que l’offensive anti-EI continue à progresser. « C’est une stratégie de provocation, estime le chercheur libanais Walid Charara. L’objectif est de semer la zizanie entre chiites et sunnites au Liban. »

    Pour l’instant, le tissu social libanais a étonnamment résisté à ces coups de boutoir, en dépit de quelques flambées de violence ici et là. Ce petit miracle est notamment dû aux consignes que les deux grandes coalitions politiques du pays – « le 14 mars », à dominante sunnite, et le « 8 mars », à dominante chiite – ont données aux différents services de sécurité, qui sont souvent proches de l’un ou de l’autre camp, pour lutter en commun contre la menace terroriste. Cette coordination a permis d’éviter de nombreux bains de sang. Mais face à un ennemi aussi déterminé que l’EI, le sans-faute est impossible.

    Regarder l’infographie interactive : Syrie : les ennemis de mes ennemis..

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