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Etienne Daho : Au commencement
<article><header>Etienne Daho : Au commencement
Le chanteur se dévoile dans un film touchant diffusé sur Arte.
Retour sur la carrière d’un artiste en perpétuelle recherche musicale.
</header>Etienne Daho © Walter Films<aside class="top-outils"></aside><aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"><section class="social-buttons js-share-tools"></section></aside></article><article>
<aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"><section class="obs-block inner-info-prog"><header class="chaine">ARTE22h19
</header><footer>Soirée Daho</footer></section></aside>Il aura fallu une tempête de neige, ce 20 décembre 1978, pour qu’Etienne Daho devienne chanteur. A l’époque, le jeune rocker rennais a 22 ans. Il organise dans sa ville un concert de son groupe préféré, les "Stinky Toys". Elli Medeiros y chante et Jacno est à la guitare. Journalistes et producteurs se déplacent dans la capitale bretonne. A la sortie du concert, la neige a bloqué les trains, impossible de rentrer à Paris. Etienne Daho invite tout le monde chez lui. Le lendemain matin, au petit déjeuner, il évoque sans trop y croire son désir de chanter. Les professionnels l’encouragent. Il décide de se lancer.
Doute et certitude
Le film d’Antoine Carlier est beaucoup plus que l’évocation, album après album, d’une carrière. C’est la trajectoire d’un artiste avec ses parts d’ombre et ses succès. Car c’est toujours avec incertitude qu’Etienne Daho avance. Sa première chanson, il la confie à Elli Medeiros car il ne se sent pas capable de l'interpréter lui-même. Et après l’échec de son premier album « Mythomane », quand Patrick Zelnik, patron de Virgin, le convoque, il est persuadé que c’est pour lui rendre son contrat. C’est le contraire qui se produit. “A quand le deuxième album ?” l’interroge le producteur.
Peu à peu, malgré les doutes qui l’habitent toujours, le chanteur impose son style, subtil, entre rock et chansons à texte et remet sa carrière en question à chaque album. Pour lui, la musique est essentielle. "Autrement je serai devenu psychopathe!" affirme celui qui se méfie du succès et court les plateaux télé comme un ado qui ne croit pas à ce qu’il vit. Quand il flaire un nouveau triomphe, il interpelle son producteur :
Si ça marche trop bien, est-ce que tu peux te débrouiller pour que mon album ne devienne pas numéro 1 ?
"J’avais dans l’idée que ça ne durerait pas très longtemps. Je devais ne faire qu’un album et là j’en suis au quatrième." Il enchaîne pourtant les disques d’or, et poursuit sa carrière avec toujours la même exigence artistique. Il s’enferme pour composer, s’entoure des meilleurs, enregistre à Londres ou à New York. Il a l’art de créer des duos surprenants; Jacques Dutronc, Alain Bashung, Françoise Hardy, Jane Birkin, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Marianne Faithfull ont chanté avec lui. Il sait aussi dénicher de vieux standards pour en faire des succès (Gainsbourg ou Piaf).
"Point final à l’introspection"
L’homme à la voix fragile et profonde tisse une œuvre singulière sans s’en rendre compte. Mais des comptes, c’est avec lui-même qu’il en règle… Le jeune homme s’interroge continuellement sur son existence. Son enfance à Oran : un père militaire, absent, qui quitte la famille alors qu’Etienne n’a que 4 ans. Entouré de femmes, sa mère et ses deux sœurs, il devient l’homme de la maison en ces temps troubles de la guerre d’Algérie. En 1964, il arrive à Reims, chez une tante, avant de rejoindre sa famille à Rennes. Le dernier soir d’une série de concerts à l’Olympia, son père se présente à l’entrée des artistes.
Daho, déstabilisé, lui interdit l’accès à sa loge. Plus tard, le chanteur découvrira une lettre de son père, mort en 1990, qui lui demande pardon. En 2007, il s’enferme pour en écrire une chanson. Il est à Ibiza. Dehors, le soleil est de plomb. Quand le texte de "Boulevard des Capucine" est achevé, le chanteur sort sous une pluie diluvienne. "J’étais libéré. Cette chanson a mis un point final à l’introspection, à parler de soi." déclare-t-il en ajoutant subrepticement : "pour l’instant…" comme s’il avait la volonté de ne rien figer, de toujours vouloir découvrir autre chose de sa musique et de lui-même. L’homme sait rebondir. Quand on annonce sa mort, il fait un album, "Reserection" (1995), de cette odieuse rumeur.
Un vrai témoignage sur la création
Le film nous dévoile aussi sa générosité et sa curiosité. Car son expérience, il la met au service d'orfèvres et de jeunes talents qui le lui rendent bien. En 2006, Benjamin Biolay, Daniel Darc, et Sébastien Tellier sortent un album en son honneur en reprenant ses chansons : "Tombés pour Daho". Il produit aussi de jeunes artistes comme Lou Doillon. Avec de beaux extraits de concerts et d’enregistrements, Antoine Carlier revisite le parcours du chanteur en s’intéressant aux motivations et aux différents cheminements de l'inspiration. L'artiste n'est pas sûr de lui. Il pose plus de question qu'il n'apporte de réponse et, par ses réflexions, livre un vrai témoignage sur la création.
Samedi 21 novembre à 22h20 sur Arte. Documentaire d'Antoine Carlier : "Etienne Daho, un itinéraire pop moderne", 53 min. (Disponible en replay)
Sur le web : Etienne Daho à propos de son actualit
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