Jouer en militant, telle est la position du personnel du Festival d'Avignon, à trois jours de l'ouverture de la manifestation, vendredi 4 juillet. Selon les résultats du vote, organisé lundi 30 juin, au Théâtre Benoît-XII, à Avignon, 80 % des salariés – permanents, intermittents, vacataires… – se sont exprimés en faveur du maintien du festival, assorti d'actions, de prises de paroles.
« On essaie d'être intelligents. On a mis dans la balance tous les éléments. On vajouer en provoquant des tribunes », a expliqué Denis Rateau, l'un des porte-parole du collectif du « in » et régisseur-son. Un autre membre du collectif a ajouté :
« On veut utiliser le festival pour aller plus loin, et faire des propositions (...) On veut bien travailler avec le triumvirat nommé par le gouvernement pour mener la concertation, mais à condition qu'elle aboutisse. »
Ce trio est constitué d'Hortense Archambault, ancienne codirectrice du Festival d'Avignon, de Jean-Patrick Gille, député socialiste, et de Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du travail.
Une autre motion a été soumise au vote : pour ou contre la grève reconductible qui conduirait à l'annulation ? Elle n'a recueilli que 13 % de votes favorables. La participation au vote a été forte puisque 309 personnes sur 350 votants potentiels se sont exprimés.
Ces premiers résultats ont été dévoilés à la FabricA, à Montclar, nouveau lieu de fabrique qui accueille des spectacles du « in », dans la banlieue toute proche d'Avignon. Et c'est via un tweet que Collectif A, le collectif des salariés, a précisé que les 80 % de votes « pour » avaient été prononcés en faveur d'un « festival militant ».
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UN VOTE ORGANISÉ PAR LE COLLECTIF
Détail important, le vote a été organisé par un collectif, et non par la direction du Festival. Né à la mi-juin, ce collectif comprend tous les personnels, « quels que soient leurs contrats » : artistes, techniciens, personnel de la billetterie, salariés permanents, membres de la direction.
Reste à savoir si cette ligne sera respectée, ou sera mise à mal par des actions émanant de syndicats, venus de l'extérieur. Comment les décisions seront-elles prises chaque jour ? « Les décisions du collectif seront souveraines et devront s'appliquer », a précisé une porte-parole de ce collectif.
Une nouvelle AG est prévue, jeudi soir, 3 juillet, pour décider des actions à menerle lendemain. De son côté, la CGT-Spectacle a appelé à « une grève massive »vendredi 4 juillet, jour d'ouverture. « Avignon n'aura pas lieu tranquillement », a confirmé son secrétaire général, Denis Gravouil, dimanche 29 juin sur Europe 1.
Face aux tensions qui ne manqueront pas de s'exprimer, le Collectif d'Avignon appelle chacun à « s'écouter et se respecter ». Et précise, surtout, que la lutte ne concerne pas que les artistes et les techniciens du spectacle, mais toutes les professions précaires. Ici, la « colère » contre le gouvernement qui a agréé l'accord du 22 mars sur l'assurance-chômage est intacte.
L'APPEL DE FILIPPETTI
Les coordinations d'intermittents protestent contre la nouvelle convention d'assurance-chômage qu'elles jugent discriminatoire, notamment au regard des congés maternité ou maladie.
Dans une tribune au Monde, lundi, la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a appelé les intermittents mobilisés à cesser leur mouvement, soulignant qu'un dialogue avait été engagé pour un nouveau système d'indemnisation.
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