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    Fête du PS : la rentrée des deux «tontons flingueurs»

    Pour la Fête de Frangy, qui marque la rentrée politique du PS, Arnaud Montebourg accueille aujourd’hui Claude Bartolone. Un duo qui, depuis un an, n’a pas épargné le gouvernement.

    Rosalie Lucas et Philippe Martinat | Publié le 18.08.2013, 10h41    lien

    Pour la Fête de Frangy, qui marque la rentrée politique du PS, Arnaud Montebourg accueille aujourd’hui Claude Bartolone. Un duo qui, depuis un an, n’a pas épargné le gouvernement.

    Pour la Fête de Frangy, qui marque la rentrée politique du PS, Arnaud Montebourg accueille aujourd’hui Claude Bartolone. Un duo qui, depuis un an, n’a pas épargné le gouvernement. | LP/MATTIEU DE MARTIGNAC ET PHILIPPE LAVIEILLE

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    Vont-ils sortir les bourre-pifs? Aujourd’hui, et lancent la rentrée politique avec la traditionnelle Fête de la Rose de Frangy (Saône-et-Loire). Les deux « tontons flingueurs » de la première année du quinquennat ne se sont jusqu’alors pas gênés pour critiquer tout haut l’exécutif.

    Le ministre du Redressement productif ne compte plus les recadrages par et Jean-Marc Ayrault, et le président de l’Assemblée nationale a agacé plus d’un ministre.

    Bartolone et Montebourg se sont trouvé un combat commun contre l’austérité et la réduction des déficits.

    « Aujourd’hui, ils vont prendre acte des bons chiffres de l’Insee et de l’appel du Fonds monétaire international (FMI) à ralentir le rythme de réduction des déficits », lâche un proche du ministre. « La bonne surprise de la croissance montre que le débat sur le bon équilibre entre le sérieux budgétaire et le soutien à la croissance est plus que jamais d’actualité », confirme le conseiller régional François Kalfon qui, avec le député Laurent Baumel, représentera la Gauche populaire. A l’Elysée, la réunion des deux francs-tireurs à Frangy à la veille du séminaire de rentrée du gouvernement a quelque peu inquiété. Cependant, l’entourage de Montebourg assure qu’il restera sur ses thèmes de prédilection, le renouveau de la France industrielle.

    « Ses propos seront positifs, et moins dans la critique. Il faut serrer les rangs avant les élections », estime un socialiste. Toutefois, l’un de ses proches prévient : « Arnaud est très en forme. » Bartolone confirme qu’il sera lui aussi dans le rassemblement derrière le président, mais il insiste : « Unité ne veut pas dire mutisme. » Il continuera donc de faire entendre sa petite musique. Sur la croissance, qu’il ne faut pas étouffer avec trop d’impôts et sur les retraites où, avertit l’un de ses proches, il faut mettre des « taquets pour que cette réforme réussisse ».

    Bartolone, l’affranchi

    Ses coups d'éclat :  A peine installé au perchoir de l’Assemblée nationale, Bartolone dénonce le « côté absurde » de la limitation à 3% des déficits publics. A Bercy, où on s’efforce de convaincre les Allemands du « sérieux budgétaire » de la France, on grince des dents. Sûr de son bon droit, l’ancien porte-drapeau du « non » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, récidive en qualifiant en avril 2013 Angela Merkel de « chancelière de l’austérité ». Il appelle aussi de ses vœux un « second souffle du quinquennat », diversement apprécié à l’Elysée. Furieux de ne pas avoir été prévenu par Hollande du projet de loi sur la transparence de la vie publique (à la suite de l’affaire Cahuzac), Barto va ferrailler dur contre ce texte, dénonçant le « voyeurisme » et le « populisme » du projet.

    Ses réseaux : Depuis son arrivée à l’hôtel de Lassay, Claude Bartolone a décidé d’élargir ses réseaux traditionnels. « Il ne s’agit plus pour lui de préparer un congrès du PS mais de peser depuis l’Assemblée dans le débat politique », explique un de ses proches. Syndicalistes, chefs d’entreprise, intellectuels défilent à la table du quatrième personnage de l’Etat. Et même les patrons du Medef : Bartolone, qui avait reçu Laurence Parisot, recevra bientôt son successeur Pierre Gattaz. « Il a aussi une cote d’enfer auprès des députés PS qui voient en lui un point d’appui par rapport à la majorité verrouillée par Bruno Le Roux », indique un député. Barto entretient aussi d’excellentes relations avec écologistes et radicaux de gauche, et même l’UMP. Mais Barto soigne ses amis : à la mi-juillet il a organisé à Lassay un dîner avec Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadélis, François Lamy et Jean-Marc Germain.

    Ses ambitions : Après s’être positionné pour succéder à Ayrault à Matignon, Bartolone, douché par l’affaire Cahuzac, fait mine d’avoir oublié cet objectif. « Il a tiré la conclusion qu’il ne fallait rien attendre de Hollande et a changé son fusil d’épaule », analyse un député PS. Bartolone espère profiter de sa position pour prendre du poids politique. Il s’autorise une parole très libre vis-à-vis de l’exécutif, tout en se posant en rassembleur. Et reste ainsi un postulant crédible pour Matignon.

    Montebourg, le brutal

    Ses coups d'éclat : Deux mois à peine après avoir intégré le gouvernement, Montebourg affirme lors d’une interview que « le nucléaire est une filière d’avenir ». Une sortie remarquée puisque François Hollande a promis de réduire la part de cette énergie dans la production d’électricité française. Le ministre du Redressement productif est aussitôt recadré par Ayrault, une habitude que va prendre le Premier ministre lors des mois suivants. La tension entre Montebourg et Ayrault est à son comble lors de l’épisode Florange à la fin 2012. Le ministre continue de plaider pour la nationalisation des hauts-fourneaux alors que Matignon conclut un accord avec Mittal. Montebourg est furieux et le fait savoir. Il s’en prend ensuite à la politique d’austérité. « Le sérieux budgétaire, s’il tue la croissance, n’est plus sérieux », lâche-t-il. Cette fois, il est recadré par Hollande.

    Ses réseaux : Après la primaire de 2011, Montebourg avait négligé (et même laissé tomber) ses partisans. Se sentant isolé lors de ses passes d’armes avec Ayrault, le ministre tente, depuis quelques mois, de réorganiser ses proches. Arnaud Leroy, jeune député des Français de l’étranger, est chargé de mobiliser les soutiens à l’Assemblée et organise avec eux tous les mois, le mercredi matin, une réunion à laquelle participe le plus souvent Montebourg. Patrice Prat, député du Gard, structure, lui, les autres élus et les militants. Au sein du gouvernement, le ministre du Redressement productif a aussi trouvé des alliés contre l’austérité : Cécile Duflot, Benoît Hamon et Christiane Taubira ont déjà partagé deux dîners avec lui. Des dîners de « détente » qui sont aussi très politiques.

    Ses ambitions : Montebourg ne s’en cache pas : il s’est présenté une fois à la primaire socialiste, il sera de nouveau candidat. Dans sa ligne de mire, la présidentielle de… 2022. En attendant, le bouillant ministre veut faire avancer ses idées. Le 11 septembre, il sortira son livre « le Retour de l’Etat », pour lequel il a déjà prévu des déplacements en France et à l’étranger. « Il ira expliquer toutes les bonnes raisons qu’il y a à s’installer ou se réinstaller en France », confie Patrice Prat. Montebourg songe aussi à faire élire ses soutiens au prochain scrutin européen de mai 2014. « C’est nécessaire d’entrer dans cette place forte qu’est le Parlement européen pour faire entendre des voix différentes », explique un proche.

    Le Parisien


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