par George Georgiopoulos et Harry Papachristou
ATHENES (Reuters) - Les trois partis de la coalition au pouvoir en Grèce ont conclu jeudi un accord sur les mesures d'austérité à mettre en oeuvre en échange d'un deuxième plan d'aide financière, quelques heures avant la réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles.
L'Union européenne et le Fonds monétaire international doivent au total débloquer 130 milliards d'euros et éviter en premier lieu une cessation de paiement le 20 mars, date à laquelle Athènes doit régler un fort volume de dettes obligataires.
L'accord tripartite a été confirmé par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), puis par le Premier ministre grec Lucas Papadémos.
"Il y a quelques minutes, j'ai reçu un appel du Premier ministre grec disant qu'un accord avait été conclu et approuvé par les grands partis", a dit Mario Draghi à Francfort.
Peu après, Papadémos a publié un communiqué confirmant la nouvelle.
"Les consultations à ce sujet entre le gouvernement et la troïka, qui restaient en suspens dans l'attente de nouvelles discussions, ont été conclues avec succès ce matin. Les dirigeants politiques se sont mis d'accord sur l'issue du dialogue", ont annoncé les services de Papadémos.
"Il existe un consensus large sur le contenu du nouveau programme en vue de la réunion de l'Eurogroupe d'aujourd'hui."
Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, s'était rendu à Bruxelles pour la réunion de l'Eurogroupe (18h) sans disposer d'un accord complet.
Les chefs de file des trois partis grecs - Antonis Samaras de Nouvelle Démocratie (droite), George Papandréou du Pasok (socialiste) et George Karatzaferis du LAOS (extrême droite) ont cependant conclu peu après une entente globale, y compris sur la question de la réforme des retraites qui restait le dernier point de contentieux.
Prié de dire comment ce point précis avait été résolu, un responsable du gouvernement grec a indiqué à Reuters: "D'autres dépenses publiques seront réduites, nous verrons comment minimiser le recul des retraites."
GRÈVE DE 48 HEURES
Alors que les négociations piétinaient encore, les deux principaux syndicats du pays, GSEE (privé) et Adedy (public), ont lancé un appel à une grève de 48 heures à partir de vendredi pour dénoncer la cure d'austérité exigée par les bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne) contre l'octroi de 130 milliards d'euros.
"Les réformes douloureuses qui créent de la misère pour les jeunes, les chômeurs et les retraités ne nous laissent pas beaucoup de marge. Nous ne les accepterons pas. Nous allons vers un soulèvement social", a dit à Reuters le secrétaire général d'Adedy, Ilias Iliopoulous.
Le ministre grec des Finances doit rencontrer à Bruxelles ses homologues de la zone euro, qui attendent de lui un engagement sur des mesures d'économie de l'ordre de 3,3 milliards d'euros cette année.
Plusieurs sources participant à la préparation de cette réunion ont toutefois indiqué qu'aucune décision ne serait annoncée jeudi soir.
De nombreux détails doivent encore être réglés qui portent sur la participation des créanciers privés à la restructuration de la dette grecque, le montant des financements publics fournis par les 16 autres pays de la zone monétaire unique et le coup de pouce qui pourrait être fourni par la BCE.
PIB EN BAISSE DE 4-5% EN 2012
L'UE souhaitait que la nouvelle cure d'austérité soit acceptée par la coalition gouvernementale grecque et approuvée par la troïka avant le 15 février, le temps de régler ensuite les procédures techniques complexes impliquées par un accord entre Athènes et ses créanciers privés sur un échange de dette.
L'Europe espère éviter un défaut de paiement "désordonné" de la Grèce, qui doit rembourser en mars 14,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance.
L'économie grecque devrait se contracter de 4% à 5% cette année, a-t-on dit mercredi de source gouvernementale, citant des chiffres figurant dans un projet d'accord envoyé au FMI et relatif au nouveau plan d'aide du pays.
Le recul du produit intérieur brut (PIB) serait donc bien plus important que la baisse de 2,8% retenue dans le budget 2012 présenté en novembre. Les économistes interrogés fin janvier par Reuters voient le PIB de la Grèce baisser de 3,7% en 2012.
Selon d'autres sources, il figure dans le projet d'accord transmis au FMI l'engagement de prendre des mesures fiscales représentant 13 milliards d'euros d'ici 2015.
Le niveau d'endettement de la Grèce ne sera pas tenable si la décote sur sa dette est limitée à 70%, a prévenu de son côté l'agence de notation Standard & Poor's.
S&P, qui note actuellement la dette grecque "CC" avec perspective négative, a indiqué qu'elle prévoyait d'abaisser cette note à défaut sélectif pour une durée temporaire, le temps que le gouvernement parachève l'accord sur l'échange de dette.
Benjamin Massot, Marine Pennetier et Gregory Schwartz pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse