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Fragments d'une femme perdue: PPDA lourdement condamné
Fragments d'une femme perdue: PPDA lourdement condamné
Par Jérôme Dupuis (L'Express), publié le 07/09/2011 à 15:25
Patrick Poivre d'Arvor et Agathe Borne à Cannes en 2008. Elle était alors qualifiée "d'invitée inconnue" de PPDA.
REUTERS
Le TGI de Paris a considéré que son roman "ne pouvait être qualifié d'oeuvre fictionnelle" et a condamné PPDA à verser 33 000 euros à son ex-compagne.
C'est une condamnation très lourde que la XVIIe chambre civile du Tribunal de grande instance de Paris vient d'infliger à Patrick Poivre d'Arvor: 33 000 euros pour avoir, dans son roman Fragments d'une femme perdue, porté atteinte à la vie vie privée et aux droits d'auteur de son ancienne compagne, Agathe Borne. En théorie, cette somme devrait être acquittée conjointement par son éditeur, Grasset. Mais compte-tenu du fait que PPDA s'est livré à des "contrefaçons" répétées dans ce roman, la maison d'édition pourrait demander que l'ancien présentateur du 20 heures se "porte en garantie" et paye seul les 33 000 euros. Patrick Poivre d'Arvor a la possibilité de faire appel de ce jugement.
On se souvient qu'Agathe Borne, qui vécut une idylle avec PPDA au milieu des années 2000 avant de se brouiller avec lui, avait retrouvé bon nombre de ses lettres d'amour reproduites telles quelles dans Fragments d'une femme perdue, sans que l'ex-star de TF1 ne lui en demande l'autorisation, comme la loi l'exige. Le tribunal a ainsi confirmé que huit chapitres du livre étaient bien, pour tout ou partie, non de la main de PPDA, mais de celle d'Agathe Borne, l'ex-présentateur du 20 heures s'étant contenté de les insérer dans son roman.
Au passage, cet élément met évidemment à mal la défense du journaliste, qui prétendait que ce roman était une pure fiction. Le tribunal l'affirme d'ailleurs sans détours : "Les procédés littéraires utilisés ne permettent pas au lecteur de différencier les personnages de la réalité, de sorte que l'oeuvre ne peut être qualifiée de fictionnelle."
En effet, nombre de détails ayant trait à l'héroïne du roman - séjour en Polynésie, mort d'une soeur cadette en bas âge, montée des marches du Festival de Cannes en compagnie de son amant, hospitalisation pour une infection tropicale... - sont directement inspirés de la vie d'Agathe Borne. D'autres passages, nettement plus intimes - avortements, habitudes sexuelles, pratiques aux limites de la prostitution... -, vrais ou faux, portent, eux, clairement atteinte à la vie privée de la jeune femme. Et, comme le rappelle le tribunal, le fait qu'elle ait posé avec PPDA sur les marches du Festival de Cannes (la photo a fait la une de Paris-Match) n'interdit en rien à Agathe Borne de demander réparation. Le tribunal insiste d'ailleurs dans son jugement sur la "gravité des atteintes à la vie privée, portant sur des aspects particulièrement intimes ou douloureux."
Décision plutôt rare, les juges ont décidé d'interdire toute "réimpression, réédition et exploitation dérivée de l'ouvrage, notamment en format poche" de Fragments d'une femme perdue.
Dans une ultime tentative devant le tribunal, les défenseurs de Patrick Poivre d'Arvor avaient invoqué une jurisprudence relative aux "autobiographies de personnes de très grande renommée", censée mettre à l'abri de certaines poursuites. Le nom de Picasso avait même été évoqué à l'appui de la démonstration. Las !, fait perfidemment remarquer le tribunal, "aucune des parties ne jouit en l'espèce d'une notoriété" comparable à celle du génie andalou ...
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