• FRANCE : Le long chemin de la réduction du déficit

    Le long chemin de la réduction du déficit

    Le Point.fr - Publié le 31/03/2011 à 17:13

    Le gouvernement se félicite d'un déficit à 7 % du PIB en 2010, un chiffre meilleur que prévu. Mais le plus gros des efforts reste à fournir.

    Le long chemin de la réduction du déficit

    Le ministre du Budget François Baroin et Christine Lagarde, ministre de l'Économie, tiennent une bonne nouvelle : la réduction du déficit à 6 % du PIB devrait être atteignable. © Charles Platiau / Reuters

     
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    Par Marc Vignaud

    Enfin une bonne nouvelle pour Nicolas Sarkozy et le gouvernement. En pleine polémique à propos du débat sur la laïcité, Christine Lagarde et François Baroin vont pouvoir communiquer de concert sur le bilan économique du gouvernement. L'Insee a annoncé que le déficit public avait atteint 7 % du PIB en 2010, très en dessous de l'hypothèse de 8,5 % du PIB retenue dans la loi de finances. "Non seulement (la France) tient ses engagements en matière de déficit, mais elle va au-delà", s'est déjà félicitée la ministre de l'Économie sur Radio Classique. Dans un communiqué commun avec le ministre du Budget, elle estime : "Ces résultats de finances publiques confortent la stratégie d'assainissement de nos comptes publics engagée par le gouvernement après la crise de 2008-2009, fondée sur la combinaison de réformes porteuses de croissance et d'une maîtrise stricte et durable des dépenses publiques." Du coup, le gouvernement s'est empressé de réitérer sa promesse de ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013, comme il s'y est engagé auprès de Bruxelles et comme l'exige le pacte de stabilité et de croissance.

    "Je comprends ce satisfecit du gouvernement, mais le déficit 2010 n'est en rien une prouesse", prévient Marc Touati, directeur de la recherche économique d'Assya Compagnie financière. Alors que la croissance a atteint 1,5 % l'année dernière, le déficit, lui, ne baisse que de 0,5 point, remarque-t-il. Conclusion : "Il n'y a pas eu d'effort sur le déficit structurel." Ce sont surtout les recettes, plus dynamiques que prévu, qui ont permis de limiter les dégâts. Si les dépenses, elles, "décélèrent nettement" par rapport à 2009, souligne l'Insee (en hausse de 2,1 %), c'est surtout grâce à l'extinction du plan de relance. "Les dépenses de fonctionnement continuent d'augmenter de 10 milliards d'euros, soit 2,7 % en valeur, alors qu'on nous annonce depuis 10 ans une croissance zéro des dépenses de fonctionnement", insiste Marc Touati, alors que les ministres mettent en avant "la progression maîtrisée de la dépense publique en 2010 à + 0,6 % en euros constants", c'est-à-dire en éliminant les effets de l'inflation.

    La dette augmente de plus de 3 points

    Les niveaux des taux d'intérêt exigés pour financer la dette ont aussi facilité la tâche du ministre du Budget. Ils sont restés bas en 2010, bien inférieurs, en tout cas, aux prévisions initiales du gouvernement, selon Marc Touati. La France a bénéficié d'un engouement des investisseurs pour sa dette souveraine dans un contexte d'incertitude économique et de crise de la dette des pays périphériques de la zone euro, ce qui ne sera sans doute pas le cas en 2011.

    L'année dernière, la dette a d'ailleurs continué de se creuser fortement. Elle a atteint 81,7 % du PIB en 2010, contre 78,3 % un an plus tôt, soit une hausse de 3,4 points de PIB, à 1 591,2 milliards d'euros. À lui seul, l'État a creusé le trou de 77,2 milliards d'euros, un chiffre qui aurait pu être beaucoup plus important sans le remboursement d'une partie des prêts accordés au secteur automobile (2,2 milliards d'euros).

    Si, en 2011, l'objectif de réduire le déficit d'un point de PIB (de 7 % à 6 %) paraît atteignable, 2012, année électorale, pourrait être beaucoup plus délicate. "Beaucoup de mesures temporaires ne joueront plus (par exemple la taxation dans le secteur de l'assurance), et la croissance devrait ralentir, relèvent les analystes d'Exane BNP Paribas, cités par l'Agence France-Presse. Beaucoup d'économistes estiment qu'il va falloir tailler réellement dans les dépenses et augmenter les impôts, ce que s'est toujours refusé à faire Nicolas Sarkozy. Pour le moment.


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