François Hollande dîne jeudi 18 juillet, hors micros et caméras, avec près d'une centaine de journalistes qui le suivent au jour le jour, ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait fait jusque-là, contrairement aux présidents américains, qui ont fait de ce rendez-vous un moment très médiatisé.
"C'est un évènement inédit, ça ne s'est jamais fait" sous les précédentes présidences, souligne le président de l'Association de la presse présidentielle (APP), Alain Barluet, journaliste au service diplomatique du "Figaro".
Le dîner, à l'invitation de l'association et auquel participeront près d'une centaine de journalistes, est organisé à la maison des Polytechniciens, un hôtel particulier du VIIe arrondissement de Paris, situé à quelques encablures du siège du PS, de l'Assemblée nationale et du quai d'Orsay.
"Resserrer les liens" avec la presse
Nicolas Sarkozy, qui entretenait des relations souvent tendues avec la presse, n'a jamais participé à un tel événement. Sous son quinquennat, les rares repas à l'Elysée avec des journalistes se déroulaient avec ses conseillers. Jacques Chirac avait reçu une invitation du même ordre mais l'avait finalement déclinée, préférant convier les membres du bureau de l'APP à un déjeuner organisé à l'Elysée.
Cette invitation hors les murs du palais présidentiel avait été faite à François Hollande, il y a un an. Le président nouvellement élu avait aussitôt accepté le principe "d'une rencontre informelle et cordiale" avec la presse avant la trêve estivale. Une façon, selon son entourage, de "resserrer les liens" entre l'Elysée et la presse présidentielle.
La rencontre, à laquelle sont également conviés quelques proches conseillers du président, notamment ceux chargés de la communication, sera décontractée mais néanmoins organisée.
Echanges "off"
Ni robe longue, ni smoking, mais "tenue élégante" de rigueur, stipule l'invitation de l'APP. Les journalistes seront répartis sur dix tables, avec au menu après chaque plat, une séquence de trois questions adressées au chef de l'Etat.
Les échanges sont censés rester "off" puisque, précise-t-on de part et d'autre, "il ne s'agit pas d'une conférence de presse", mais d'"une rencontre informelle, sans micros ni caméras ou appareils photo".
L'expérience prouve toutefois que ce genre d'exercice, en présence de nombreux journalistes, demeure rarement totalement confidentiel, et encore moins à l'heure du réseau social Twitter.
Encore loin des shows à l'américaine
Rien à voir toutefois avec les dîners de presse ultra-médiatisés des présidents américains qui, chaque année, rassemblent quelque 3.000 convives. Ces grands shows, où se côtoient journalistes accrédités à la Maison Blanche et stars du spectacle, permettent également de lever des fonds de plusieurs dizaines de milliers de dollars en faveur d'œuvres diverses.
François Hollande, qui à la fin de sa campagne présidentielle avait fait ses adieux aux "Hollande tour" en saluant les "liens de respect" établis avec les journalistes, continue depuis son élection à cultiver avec la presse des relations plutôt confiantes et cordiales, maniant volontiers l'humour à l'occasion.
Et à la différence de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, prompt à dénoncer "l'intolérance et le parti-pris" des médias à son égard, les Unes parfois virulentes de la presse hebdomadaire pour ternir son image présidentielle le laissent en apparence de marbre.