Huit jours après le vote de confiance au deuxième gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras, la majorité gouvernementale grecque a adopté dans la nuit de vendredi à samedi de nouvelles mesures de rigueur douloureuses, dictées par les créanciers, pour la poursuite du versement des prêts internationaux.
La loi-balai prévoyant notamment de nouvelles coupes dans les retraites et des hausses d’impôts a été adoptée «sur le principe» par 154 députés sur 300, ceux de la majorité soutenant la coalition gouvernementale alliant le Syriza de Tsipras (145 députés) à la droite souverainiste Anel de Panos Kammenos (10 députés).
Le «oui» communiqué par lettre par une députée Syriza absente n’a pas été comptabilisé, tandis qu’un député Anel a voté contre six articles, portant notamment sur les taxes immobilières. Toute l’opposition des communistes aux néonazis d’Aube Dorée a voté contre la loi dans son ensemble, même si des députés en ont approuvé divers articles en particulier en matière de réforme des retraites.
Lors d’un débat houleux, le rival conservateur d'Alexis Tsipras, Vangélis Meïmarakis, a dénoncé une offensive fiscale fauteuse de récession. «Vous demandez à Mme Merkel qu’elle nous gronde», a-t-il ironisé à l’adresse de Tsipras. Les mesures prévues «ne sont pas nouvelles, vous les connaissiez déjà quand vous avez voté en faveur de l’accord du 13 juillet», conclu in extremis entre la Grèce et les créanciers du pays pour lui éviter d’être poussée en dehors de l’euro, a objecté Tsipras.
Ces mesures «difficiles» sont nécessaires pour maintenir le pays sous perfusion financière, «ne pas perdre le train de la recapitalisation bancaire» et ouvrir avec les créanciers «la nécessaire discussion pour une réduction de la dette», a-t-il plaidé. Ce vote était le premier test pour son gouvernement, qui a obtenu la confiance du Parlement la semaine dernière après les législatives anticipées du 20 septembre au cours desquelles son parti Syriza, l’a emporté pour la deuxième fois en huit mois.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la soirée dans le centre d’Athènes contre l’adoption de cette feuille de route de rigueur et de réformes. La plupart répondait à l’appel du parti communiste, les autres, quelques centaines, à celui du syndicat des fonctionnaires, Adedy. La loi adoptée met en œuvre et élargit les mesures adoptées à la mi-août par le Parlement dans le sillage de l’accord du 13 juillet.
S’assurer le versement des prêts
En échange du prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans alors consenti par ses créanciers, la Grèce doit continuer de réduire les dépenses publiques au détriment de l’État social, une politique appliquée depuis le début de la crise de la dette en 2010.
L’adoption de la loi était une condition pour la poursuite des versements des prêts à la Grèce, dont une tranche de deux milliards d’euros est attendue d’ici fin octobre. Porté au pouvoir pour la première fois lors des élections de janvier 2015, Alexis Tsipras avait été contraint de démissionner à la mi-août après avoir perdu sa majorité parlementaire, à la suite de la scission du Syriza dont une partie s’opposait au nouveau prêt. Cependant Syriza a su survivre après le départ de l’aile eurosceptique du parti et le parti a été reconduit au pouvoir un mois plus tard.
Le principal parti d’opposition, la Nouvelle-Démocratie de Meïmarakis, les socialistes du Pasok et le parti de centre gauche libéral To Potami avaient indiqué qu’ils voteraient contre le nouveau projet de loi, dénonçant la poursuite de la rigueur. Les deux premiers, au pouvoir entre 2010 et 2014, avaient voté pourtant en faveur de mesures de rigueur similaires adoptées alors par le Parlement à la suite de deux premiers prêts accordés au pays, d’un total de 240 milliards d’euros. Et en août, ces trois partis d’opposition ont voté aussi pour le principe du troisième plan de sauvetage financier du pays.