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Grèce : le vote qui menace l'euro
Le Point.fr - Publié le 07/05/2012 à 07:57 - Modifié le 07/05/2012 à 14:37
Les deux grands partis favorables à l'austérité s'effondrent et laissent la place aux extrêmes.
Alexis Tsipras, leader du parti de la gauche radicale Syriza, a obtenu 17 % des suffrages aux législatives de dimanche. © Louise Gouliamaki / AFP
"Outé Vénizélos, outé Samaras" : "ni Vénizélos, ni Samaras", voilà ce que scandent les électeurs d'Alexis Tsipras, le Jean-Luc Mélenchon grec, et leader du Syriza, devant l'université d'Athènes. Ils sont plusieurs centaines, le sourire aux lèvres, une expression devenue rare en Grèce depuis le début de la crise économique. Plus que l'espoir d'un changement en Europe, ces Grecs sont contents de voir que leur vote sanction a été entendu. De surcroît, le Syriza a axé l'intégralité de sa campagne sur la lutte contre le système, contre la rigueur, appelant les électeurs à mettre un terme au bipartisme dont la gestion des comptes publics a mené le pays au bord de la faillite.
Dans son premier discours, Alexis Tsipras s'est adressé avant tout à l'Allemagne. "Les Grecs sont dignes, ils n'ont pas à être humiliés par la rigueur, ils ne veulent plus de l'austérité", a-t-il lancé devant la foule enthousiaste saluant les 17 % de votes obtenus par son parti. Il se place ainsi en deuxième position, derrière la Nouvelle Démocratie, parti conservateur dirigé par Antonis Samaras qui recueille 20,4 % des voix. Une claque pour cet ancien ministre des Affaires étrangères dans les années 90 qui guignait le poste de Premier ministre. Le Pasok, parti socialiste d'Évangélos Vénizélos, est aussi en chute libre. Il tombe au score historique de 15 % et se place en troisième position. Les deux partis sont accusés de tous les maux de la société et en particulier d'avoir mis le pays sous tutelle de l'UE et du FMI.
Salut hitlérien
Ainsi la scène politique se redessine pour la troisième fois depuis un siècle. La première étant après la guerre civile en 1950, puis à la chute des colonels en 1974. Aujourd'hui, en plus de la fin du bipartisme, la Grèce voit entrer un parti d'extrême droite violent au Parlement. Le parti Chryssi Avgi, "L'aube dorée", compte bien garder son salut hitlérien et "rendre la Grèce aux Grecs".
Puisque aucun parti n'est arrivé à obtenir de majorité pour gouverner, la Constitution hellénique impose la formation d'un gouvernement d'ici le 17 mai prochain. En cas d'échec, il faudra opter pour de nouvelles élections générales ou avoir recours à un gouvernement de transition, peut-être formé par des technocrates pour assurer les affaires courantes du pays.
De surcroît, les échéances économiques sont de taille. La Grèce ne s'est pas débarrassée du spectre de la faillite. Antonis Samaras et Évangélos Vénizélos demandent un gouvernement de salut national pro-européen mais les autres partis entrant au Parlement ne l'entendent pas de cette oreille et comptent bien se dresser contre l'Europe. L'instabilité et l'incertitude pourraient donc largement marquer le début de cette semaine.
Tags : Grèce, élections, partis extrêmes, Europe, Euro
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