Manuel Valls devrait réunir une large majorité, même si de fortes divergences s’expriment au sein des écologistes et parmi Les Républicains.
Le premier ministre n’a pas vraiment de souci à se faire pour le vote organisé mercredi 15 juillet à l’Assemblée. Sa déclaration relative à l’accord passé entre Athènes et ses créanciers européens devrait sans problème réunir une large majorité, associant la quasi-totalité des députés PS et la majorité des élus de droite.
Le PS globalement uni
Au PS, même les frondeurs semblent pour une fois enclin à afficher une certaine satisfaction. Si quelques députés envisageaient de s’abstenir, le gros des troupes socialistes devrait approuver la ligne du gouvernement.
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Une façon aussi pour eux de manifester leur approbation sur la façon dont François Hollande a conduit la négociation ayant permis, in extremis, d’aboutir à un accord permettant le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Des écologistes divisés
En revanche, le reste de la gauche est nettement moins allant. Comme souvent, les députés écologistes campent sur des positions divergentes.
Une partie d’entre eux, emmenée par Denis Baupin et François de Rugy, annoncent qu’ils voteront oui tandis que d’autres, à commencer par Cécile Duflot, refusent de soutenir le texte. « Nos parlementaires vont voter soit oui, soit ne pas participer au vote mais avec une même ligne politique : soutenir Tsipras et en même temps dénoncer cet accord », a tenté d’expliquer Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts.
Le Front de gauche opposé
La situation s’est clarifiée mercredi matin au Front de gauche, qui réunit le PCF et le Parti de gauche. Les amis de Jean-Luc Mélenchon dénonçaient le « revolver mis sur la tempe » d’Alexis Tsipras et appelaient à rejeter « un coup d’État » réalisé « avec la complicité de François Hollande » – mais le Parti de gauche ne compte plus aucun député. Quant au PCF, il oscillait entre soutien à Alexis Tsipras et critique de la rigueur qui lui est imposée.
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À l’issue de leur réunion de groupe, mercredi matin, les députés communistes « ont pris la décision à l’unanimité de voter contre » l’accord. « C’est un mauvais accord, désastreux pour l’avenir de la Grèce », a déclaré leur chef de file André Chassaigne, qui n’excluait pourtant pas auparavant de voter le texte.
Les Républicains enclins à voter
À droite, les positions des poids lourds du parti ont beaucoup fluctué au fil de la crise. À commencer par celles de Nicolas Sarkozy lui-même. L’ancien président avait ainsi d’abord jugé qu’il fallait « protéger la zone euro du désastre grec », avant d’opérer un revirement remarqué en estimant que « tout doit être fait pour trouver un compromis ».
Les députés des Républicains devraient pour leur part majoritairement soutenir l’accord, même s’ils ne vont pas jusqu’à saluer l’engagement de la France ou le rôle de François Hollande, accusé par Bruno Le Maire de « tirer la couverture à lui ». Pour le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée, Christian Jacob, le plan d’aide à la Grèce va ainsi « dans le bon sens ».
Des élus décidés à faire entendre leur différence
Cet avis ne fait toutefois pas l’unanimité. Thierry Mariani, tête d’affiche du courant La Droite populaire, a ainsi annoncé qu’il se prononcerait avec d’autres députés LR « contre un accord coûteux qui ne règle rien ». Une position partagée par Henri Guaino, qui a fait part de son « dégoût » et sa « honte » face à ce « tribunal terrifiant » qui a « humilié, piétiné » la Grèce.
Même son de cloche du côté du député souverainiste et non-inscrit Nicolas Dupont-Aignan qui parle d’« un accord désastreux », tout comme d’ailleurs le FN.
MATHIEU CASTAGNET