Le ministre de l'Intérieur a présenté mardi 10 janvier le bilan de l'année 2011 en matière d'immigration avec satisfaction. Pour Claude Guéant, tous les objectifs ont été remplis, voire dépassés. C'est le cas notamment des reconduites à la frontière. Initialement fixées à 28.000 pour 2011 par Brice Hortefeux, elles s'élèvent finalement à près de 33.000 (hors DOM-TOM, mais en comptant les ressortissants roumains et bulgares qui peuvent revenir dans l'Hexagone, en vertu de la libre circulation en Europe, une fois reconduits dans leur pays). « Ce résultat est lié à l'efficacité de la loi relative à l'immigration, adoptée par le Parlement le 16 juin 2011 [...]. Entre juillet et décembre 2011, plus de 3.000 éloignements ont été réalisés chaque mois, contre 2.265 l'année dernière pendant la même période », s'est félicité le ministre. Pour 2012, l'objectif a été porté à 35.000.

Le bilan dressé mardi, qui précède de « quelques jours », selon Claude Guéant, le rapport qui sera transmis par le gouvernement au Parlement avec l'ensemble des chiffres sur l'immigration, était aussi l'occasion pour le ministre de répondre à Marine Le Pen. La présidente du Front national avait affirmé, le week-end dernier, que l'immigration légale avait augmenté de 78 % entre 2000 et 2010. Depuis 2003, le nombre de premiers titres de séjour délivrés tourne autour de 190.000, avec une baisse plus marquée en 2007 à 170.000. Selon les données communiquées mardi, ce chiffre était de 182.595 en 2011 (-3,6 % par rapport à 2010).

Parmi les différents types d'immigration, c'est celle liée au travail qui a le plus baissé (-26 % passant de 12.404 à 9.154 titres de séjour délivrés). C'est sur ce type d'immigration que les marges de manoeuvre du gouvernement sont les plus fortes (l'immigration familiale, de loin la plus importante en volume, étant plus contrainte) et c'est une résultante de la conjoncture économique qui se retrouve dans les autres pays européens.

Pour 2012, le gouvernement veut rester sur la même logique d'une baisse de l'immigration légale, et notamment professionnelle : « Avec 110.000 personnes supplémentaires dans la population active chaque année, et 2 millions de chômeurs, la France n'a pas un besoin vital d'immigration professionnelle », a insisté Claude Guéant. Reste que certains secteurs, même en phase de ralentissement du fait de la crise, sont étroitement dépendants de la main-d'oeuvre immigrée. C'est le cas du bâtiment, où 16 % des effectifs déclarés selon l'Insee sont des étrangers. Tous motifs confondus, le ministre souhaite ramener à 150.000 le nombre d'entrées sur le territoire chaque année, « c'est-à-dire revenir au niveau constaté au milieu des années 1990, avant la perte de contrôle de la politique migratoire ». Pour ce faire, le ministre compte restreindre encore l'accès au marché de l'emploi pour les immigrés et imposer des conditions de ressources et de logement pour tous les regroupements familiaux.

« Aucun chiffre n'est caché », a précisé Claude Guéant. Pourtant, aucune donnée n'a été communiquée sur le nombre de régularisations effectuées par les préfectures en 2011. Un chiffre qui aurait probablement affaibli le discours de fermeté tenu par Claude Guéant en vue de l'échéance électorale du mois de mai.