• Hosni Moubarak condamné à une peine de prison à vie

    Hosni Moubarak condamné à une peine de prison à vie

    Créé le 02-06-2012 à 10h45 - Mis à jour à 17h30

    Portrait de Hosni Moubarak brandi par un manifestant devant le tribunal du Caire où était jugé l'ancien président égyptien. Hosni Moubarak a été condamné samedi à la prison à vie. /Photo prise le 2 juin 2012/REUTERS/Suhaib Salem
(c) Reuters

    Portrait de Hosni Moubarak brandi par un manifestant devant le tribunal du Caire où était jugé l'ancien président égyptien. Hosni Moubarak a été condamné samedi à la prison à vie. /Photo prise le 2 juin 2012/REUTERS/Suhaib Salem (c) Reuters

    par Edmund Blair et Dina Zayed

    LE CAIRE (Reuters) - L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, renversé l'an dernier après 30 années de pouvoir, a été condamné samedi à la réclusion à perpétuité pour avoir donné l'ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants pendant la "révolution du Nil" au début de l'année 2011.

    Le 5 janvier dernier, le ministère public avait requis la peine de mort à l'encontre de l'ex-raïs.

    Dès le verdict prononcé, samedi, Hosni Moubarak, qui est âgé de 84 ans, a été transféré à la prison de Tora au Caire. Victime d'un malaise à son arrivée, il a été admis dans l'aile médicalisée de la prison.

    Mais ce verdict, qui sonne comme un précédent pour les régimes autoritaires de la région, n'a apparemment pas été suffisant aux yeux de milliers d'Egyptiens qui ont ensuite envahi les rues en signe de protestation.

    Certains voulaient une condamnation à mort de l'ancien raïs, d'autres craignaient qu'il ne puisse faire appel pour des raisons de procédure.

    Des manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir au Caire, lieu central du soulèvement qui a conduit à l'éviction de Moubarak le 11 février 2011. A Alexandrie, deuxième ville du Pays, certains scandaient : "assez de discussions, nous voulons une exécution !"

    Ce verdict intervient à un moment difficile pour l'Egypte, deux semaines avant le second tour de l'élection présidentielle, qui verra s'affronter Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans, et Ahmed Chafik, le dernier Premier ministre d'Hosni Moubarak.

    Habib al Adli, ancien ministre de l'Intérieur d'Hosni Moubarak, a également été condamné à la perpétuité. Mais six autres hauts responsables de la sécurité ont été acquittés, de même que les deux fils de l'ancien "raïs", Alaa et Gama, les faits de corruption qui pesaient contre eux étant considérés comme prescrits.

    Des échauffourées ont éclaté au tribunal du Caire après l'énoncé du verdict. L'ancien chef d'Etat égyptien était présent sur une civière au tribunal et portait des lunettes de soleil. Il a écouté le verdict en restant de marbre. Il a été acquitté des chefs de corruption.

    "Le peuple veut que le pouvoir judiciaire soit nettoyé", ont scandé des gens à l'intérieur de l'enceinte de l'école de police dans la périphérie du Caire, où était prononcé le jugement.

    FEU VERT À DE FUTURS ABUS

    A l'extérieur du bâtiment, des opposants à l'ancien raïs criaient : "Dieu est grand". Soha Said, femme d'une victime de la "Révolution du Nil" en janvier 2011, criait : "je suis si heureuse, je suis si heureuse".

    Plutôt que l'apaisement que recherchaient de nombreux Egyptiens, beaucoup voient en ce procès et l'acquittement de haut responsables de la sécurité, la preuve que l'ordre ancien est encore en place pour une grande part.

    Pour les Frères musulmans, l'ancien président doit être rejugé.

    "Le ministère public ne s'est pas totalement acquitté de son devoir dans la collecte des preuves adéquates pour condamner l'accusé pour avoir tué des manifestants", a déclaré Yasser Ali, porte-parole officiel de Mohamed Morsi.

    Celui-ci a promis que s'il était élu, il ferait en sorte que son prédécesseur reste en prison. "Il n'est pas possible de libérer Moubarak", a-t-il déclaré à Reuters jeudi.

    Environ 850 personnes ont trouvé la mort lors des violences qui ont accompagné la révolte de 18 jours qui a conduit au renversement d'Hosni Moubarak.

    Ahmed Chafik a pour sa part déclaré sur sa page Facebook que la condamnation de Moubarak prouvait que personne n'était au-dessus de la loi. Il a laissé entendre qu'il n'était pas dans son intention de restaurer l'ordre ancien, comme certains l'en soupçonnent.

    Pour l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, la condamnation d'Hosni Moubarak est un "message fort pour les futurs dirigeants égyptiens qu'ils ne sont pas au-dessus de la loi". Mais l'ONG souligne que l'acquittement des assistants du ministre de l'Intérieur sur la base de preuves insuffisantes souligne que l'accusation n'a pas réussi à établir pleinement les responsabilités dans la mort des manifestants en janvier 2011, "ce qui donne le feu vert à de futurs abus de la police."

    Hosni Moubarak et les autres accusés ont été jugés par un tribunal ordinaire tandis que 12.000 civils ont dû faire face à des tribunaux militaires en vertu de l'Etat d'urgence en vigueur depuis 1981 et seulement levé samedi.

    Le procès de l'ancien raïs et des autres accusés a concerné uniquement la période de six jours qui a suivi le début de la révolution le 25 janvier 2011.

    Au cours du procès qui a commencé le 3 août 2011, Hosni Moubarak s'était contenté de confirmer son identité et avait nié les accusations.

    Julien Dury, Benjamin Massot et Danielle Rouquié pour le service français


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