• Jimi HENDRIX : L'ange électrique

      I l y a 40 ans, Jimi Hendrix était retrouvé mort : mais  sa carrière aura duré jusqu'à nos jours et pour longtemps encore. Mathieu - Parismatch.com

    L’anecdote est bien connue des amateurs de rock et de légendes. Le 23 septembre 1966, James Marshall Hendrix débarque à Londres. S’il joue déjà depuis quelques temps, notamment pour les Isley Brothers, il n’est pas encore Jimi, et personne ne le connaît. Mais il a déjà le talent.

    Un génie même, que Chas Chandler, ancien batteur des Animals, a remarqué. Chandler lui propose de l’emmener en Angleterre, pour lancer sa carrière. Jimmy – il n’écrira Jimi qu’à partir de son premier album - accepte à une condition : qu’on lui présente Eric Clapton. Dans la capitale britannique, la mode est au blues, et Clapton en est le patron. Pour ses fans, il est même le «Dieu» du British Blues Boom. La rencontre entre le seigneur des lieux et le nouvel arrivant se fait le premier soir d’octobre 1966, au Polytechnic. Clapton, qui vient de former le légendaire trio de Cream - avec Jack Bruce à la basse et Ginger Baker à la batterie – accepte que le protégé de son copain Chandler monte avec eux sur scène pour un morceau. Ce soir là, Hendrix entame «Killin’ Floor», du bluesman Howlin’ Wolf, aux côtés des stars du moment. Le visage de Clapton se décompose. La technique du type inconnu qui est à ses côtés est foudroyante. Il sort de scène au milieu du morceau et contemple son royaume s’effondrer.

    Hendrix joue avec ses dents, derrière sa tête, son interprétation est folle et parfaite. «Dieu» s’allume une cigarette, sur laquelle il tire frénétiquement. Et souffle à Chas qui est à côté de lui, dans la coulisse : «Tu ne m’as jamais dit qu’il était aussi foutrement bon».  La colère de Clapton ne durera pas longtemps. Il est un guitariste de très grand talent et ne peut que reconnaître le génie d’Hendrix.

    Quatre ans après cet épisode mythique du rock, Clapton pleurera la perte d’un ami.

    Quatre ans après, presque jour pour jour, le 17 septembre 1970, Eric Clapton doit retrouver Jimi Hendrix au concert de Sly & The Stone. Hendrix n’y est pas. Il ne vient pas non plus au club, où avec Clapton, il devait retrouver son batteur Mitch Mitchell et Sly Stone. Si l’on ignore encore la chronologie exacte des évènements, on sait que Jimi Hendrix, fatigué par une nuit de beuverie, et la cadence infernale que lui impose son manager Mike Jeffrey, est allé se coucher après avoir pris des somnifères. Neuf pilules de Vesparax, un médicament puisant qu’il ne connaît pas. La dose est bien trop forte. Dix fois trop forte, précisément. Monika Danneman donnera plusieurs versions contradictoires de cette matinée du 18 septembre 1970. La petite amie allemande du bluesman a dit avoir essayé de le réveiller, sans succès. Elle a dit qu’il était encore vivant lorsqu’il est monté dans l’ambulance. Mais lorsque les secours sont entrés dans l’appartement du Samarkand Hotel, dans le quartier de Nothing Hill, à Londres, Jimi Hendrix était mort. Le «voodoo child» s’est étouffé dans son propre vomi, provoqué par le cocktail fatal des médicaments et du vin rouge.              

    Jimi Hendrix avait 27 ans...

     Hendrix, l’ange électrique



    L’HYMNE AMÉRICAIN ÉLECTROCUTÉ EST UN SYMBOLE. MAIS IL Y A BIEN PLUS QUE CE GESTE SUPERBE

     Entre ces deux moments, magique et tragique, il se sera passé, quatre ans, quatre albums, et une gloire éternelle pour Jimi Hendrix. Le lieu commun veut qu'il ait 27 ans pour toujours, mais sa musique est éternelle. Son génie musical aura transformé le visage de la musique populaire, en lui ouvrant des univers que l’on n’osait pas imaginer. Le gaucher qui avait inversé les six cordes de sa guitare pour droitier, en a renversé le rock, même s’il n’appartient pas vraiment à cette musique. Il serait beaucoup trop réducteur d’étiqueter ainsi la Le gaucher qui avait inversé les six cordes de sa guitare pour droitier, en a renversé le rock, même s’il n’appartient pas vraiment à cette musique. Il serait beaucoup trop réducteur d’étiqueter ainsi la versatilité et la flamboyance du style d’Hendrix.  Le gaucher qui avait inversé les six cordes de sa guitare pour droitier, en a renversé le rock, même s’il n’appartient pas vraiment à cette musique. Il serait beaucoup trop réducteur d’étiqueter ainsi la versatilité et la flamboyance du style d’Hendrix. 

    Soutenu par la rythmique énergique et jazz de Mitch Mitchell, Jimi Hendrix aura été l’un des plus grands bluesmen, selon un mot de son bassiste Billy Cox. Bluesman est un qualificatif qui sied mieux à Hendrix que tout autre. Non seulement parce que le rock n’est rien d’autre que du blues énervé et électrique, mais aussi parce que le blues est sa musique. Celle que lui a transmis son père, noir. Celle des chants de coton, des gens cantonnés à l’arrière du bus, lui qui fut exclu de son collège à 17 ans, pour avoir tenu la main d’une jeune fille blanche dans la rue. Son histoire est celle de l’Amérique. Ce fils d’une indienne Cherokee en aura donné sa version, hallucinée, en jouant Star Spangled Banner à Woodstock ; l’hymne américain électrocuté, lardé de coup de riffs, une errance sur le fil, dans lequel on devine le bruit des bombes au Viêt-Nam et la société fissurée, gâtée par les envies nouvelles de liberté.

    Woodstock ne fut pas - et de loin - le meilleur concert d’Hendrix, mais il devint un symbole. Une signature en quelque sorte. Mais il y a évidemment plus que ce geste superbe. Sa riche discographie, ne comprenant certes que quatre albums, mais de nombreux concerts et des «raretés» - qui a coup de rééditions quasi annuelles nourrissent aujourd’hui grassement ses ayants-droits ; quatre millions de dollars en 2009 – est composé de moments de finesse, d’expériences, et parfois de tradition, de classiques, de folk, de jazz, de rock, de blues, de blues et encore de blues. «Axis : Bold as Love» et «Electric Ladyland» en sont des exemples prodigieux. Les témoignages magnifiques de cet esprit de feu, partant à l’assaut de rêves qu’il inventait, conquérant des châteaux de sables qu’il bâtissait. Et il a construit un rêve : lorsqu’il serait grand , il serait un chef indien, guerrier sans peur ! De nombreuses lunes ont passé et  le rêve devint de plus en plus fort...Demain, il allait chanter sa première chanson de guerre et combattre son premier combat , mais quelque chose s'est mal passé, une attaque surprise l’a tué dans son sommeil cette nuit-là !

    Et ainsi les châteaux de sable se fondent dans la mer, finalement.


     

     

     

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