• L’accord de Bamako (texte, suite, détails, interrogations…)

    07 avril 2012

    L’accord de Bamako (texte, suite, détails, interrogations…)

    Après une nuit d'euphorie, dans la foulée de la signature de l' Accord cadre de Bamako, qui précise le retour à l'ordre constitutionnel, et l'abandon du pouvoir par la junte du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'état (CNRDRE), une série de questions se posent pour la suite. Les hommes du capitaine Sanogo vont rendre le pouvoir aux civils, mais quand et comment ?

    Pour commencer, il faut quelqu'un à la tête de l'état pour gérer cette période intermédiaire, en l'occurrence, le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, arrivé du Burkina Faso dans l'après-midi de samedi. Pour qu'il devienne président dans le cadre d'une vacance du pouvoir, il faut qu'ATT commence par démissionner.

    Il faut aussi trouver l'actuel premier ministre, Cissé Mariam Kaidama Sidibé. Elle est supposée être aux arrêts à Kati, mais ne se trouvait pas dans le groupe des prisonniers politiques de la junte qui ont pu rencontrer les délégations présentes pour les négociations ces jours derniers. Or, il revient au premier ministre de saisir la cour constitutionnelle, en même temps que le président de l'Assemblée nationale, pour que la vacance du pouvoir soit constatée et permettre à ce dernier d'être désigné à la tête de l'état. Pourvu qu'on trouve rapidement Cissé Mariam Kaidama Sidibé !

    A première vue, tout ceci peut sembler compliqué, mais voilà la rançon du retour à l'ordre constitutionnel. C'est dans ce genre de débats que le chef de la junte pourrait essayer d'entraîner les discussions, afin de paralyser le processus qui le dépouille du pouvoir en plusieurs étapes, par effeuillage successif.

    La constitution prévoit que des élections doivent se tenir dans les quarante jours après la nomination d'un président par intérim, délai qui semble impossible à tenir. Il faudrait plutôt parler de trois ou quatre mois, sans même tenir compte de la situation dans le Nord (environ 15% de l'électorat tout de même), mais en se basant sur des délais pour nommer un premier ministre, puis un Gouvernement d'union nationale dans lequel il faut s'attendre à voir apparaître quelques militaires, avant de se livrer au nettoyage des listes électorales, quitte à se résoudre à utiliser le RAS, le vieux fichier qui présente de graves défauts. "Chaque année,  le nombre d'électeur augmente plus vite que la population du Mali", précise une source bénéficiant d'un accès direct à ces chiffres. Au total, il y aurait 8,15 millions d'électeurs sur ce fichier, c'est plus d'un million et demi en trop.

    Mais le Mali n'en est pas là. Pour l'heure, il s'agit d'installer le nouveau pouvoir, puis de faire face aux deux urgences que constitue le règlement de la crise au Nord, cette partie du pays dont les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont annoncé la sécession il y a trois jours. A Bamako, dans la rue comme dans la classe politique, "l'intégrité du territoire" n'est pas prise à la légère. Le Mali vit comme un traumatisme le fait de se voir coupé en deux, avec d'énormes incertitudes sur le sort des populations qui vivent dans cette moitié nord.

    Ce sentiment est exprimé par Ibrahim Boubacar Keita, ex-premier ministre et candidat à l'élection présidentielle, qui vient de rendre public un communiqué abordant cette question : "L’une des missions essentielles du gouvernement d’union nationale de transition que j’appelle de tous mes vœux sera de reconquérir le territoire national avant d’entamer les négociations avec la rébellion. Cette reconquête devra se faire par notre armée nationale, réarmée moralement et rééquipée, avec l’appui logistique, matériel et en renseignements des pays amis qui souhaitent nous aider. Dans ce sens, j’apprécie l’annonce d’une loi de programmation et d’orientation militaire, comme je l’ai toujours proposé."


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